Nous poursuivons ici notre survol barrésien des dimanches de cette année 2023, avec, pour le mois de juillet, l’annonce de la réédition du deuxième tome trilogie « Le roman de l’Énergie nationale », L’appel au soldat.
Cet ouvrage fut publié en 1900 par la maison d’édition Félix Juven. Son thème est la crise boulangiste, qui se déroula à l’été 1889, alors que la IIIe République était un régime encore fragile ; étant plutôt jeune il n’était pas encore véritablement enraciné dans le pays.
C’est ainsi qu’Émile Zola commenta cette fièvre boulangiste, dans les colonnes du Figaro le 29 mars 1888 :
« Boulanger ! C’est un pieu surmonté d’un chapeau, un chapeau galonné et empanaché ! Pas autre chose. Et le pire, c’est que ce pieu répond à un besoin mal dissimulé de la nation, au besoin d’une domination quelconque : royauté, empire, dictatoriat, gambettisme, ou boulangisme.
Quoi que nous en disions, nous n’empêcherons pas que durant dix-huit siècles la France n’ait été un pays résolument monarchique. L’échine de tout Français porte le pli de cette longue sujétion. Les globules de notre sang sont monarchistes. Et nos aspirations vers la République, notre beau rêve d’une nation qui se gouverne elle-même, sont en perpétuel conflit avec ces puissants vestiges d’atavisme.
Je n’en veux pas chercher d’autre preuve que dans le spectacle d’erreurs, de bêtises et d’impuissances que nous ont offert ces dix-huit dernières années et qui est bien fait pour désespérer un observateur, même indifférent et patient, bien fait surtout pour désespérer la foule – cette inconsciente : la foule qui, sans le raisonner et le discuter, se ressent du malaise qui pèse sur nous tous et qui, vaguement, cherche à s’en évader, fût-ce pour se jeter dans les bras d’un dictateur. »
Et c’est ainsi qu’est commenté le roman de Barrès par Jean Touchard (Encyclopédie Universalis, 1981) :
« Barrès a décrit l’épisode boulangiste en 1900 dans L’Appel au soldat, mais on peut se demander si le boulangisme de L’Appel au soldat n’est pas quelque peu reconstruit et dramatisé à la lumière de l’affaire Dreyfus. Le boulangisme de Barrès en 1889 est plus juvénile et plus impulsif que le boulangisme décrit dans L’Appel au soldat. ‟Je ne vais pas raconter le boulangisme, écrira-t-il vers la fin de sa vie. Comme je me suis amusé ! Il y avait bien de la fantaisie, de l’allégresse, de la jeunesse, l’idée d’embêter le pion, le philistin, les grandes personnes”. » ■
Nombre de pages : 404.
Prix (frais de port inclus) : 32 €.
Commander ou se renseigner à l’adresse ci-après : B2M – Belle-de-Mai Éditions : commande.b2m_edition@laposte.net