Par Benoît Rayski.
Commentaire – Ce billet, bref comme souvent ceux de Benoît Rayski, est paru dans Atlantico avant-hier 28 juillet. Benoît Rayski se moque, affirme, énumère une série de coûteuses inutilités. Et le plus affligeant, si l’on n’était de longue date blasés de tels motifs d’affliction, est qu’il a très certainement raison. Alain Peyrefitte nous raconte comment De Gaulle dans un de ses moments de colère aurait voulu que fût donné un grand coup de balai dans la fourmilière de ces inutilités bruxelloises. Il n’y est pas parvenu et, appelé à d’autres urgences, s’est résigné à leur subsistance – qui s’est d’ailleurs prolongée jusqu’à nous. Qu’est-ce que cela prouve ? Qu’aucune nuit du 4 août n’abolit jamais les privilèges. Ceux que la tradition avait légitimés, qui pouvaient être utiles, sont alors, à bref délai, demplacés par d’autres. Les révolutions en produisent plus qu’à leur tour. L’univers bolchevique avait – ô combien – les siens. L’Europe en a créé pléthore. L’expérience nous montre que l’univers des privilégiés s’effondre principalement de l’intérieur ou sous la pression d’événements historiques de vaste ampleur. Pap Ndiaye a rejoint le camp des privilégiés du moment. Ce monde finira par imploser d’autant qu’en effet il ne sert à rien. Mais il ne faut pas présumer du temps qui lui reste à vivre. Il ne faut pas donner de date !
C‘est pour le moins humiliant.
La République a des hochets et des fromages. Certains sont utiles et prestigieux. Par exemple le Conseil économique et social. On y case ceux qu’on veut récompenser.
Pap Ndiaye n’y a pas eu droit. Il a été nommé par le président de la République ambassadeur de France auprès du Conseil de l’Europe. Vous ne savez pas ce que c’est ? Pour vous informer, nous avons procédé à de fatiguantes et fastidieuses recherches.
Et voici le résultat de nos travaux. Le Conseil de l’Europe est un machin, un truc, un bidule qui ne sert strictement à rien. Pap Ndiaye a donc été désigné comme ambassadeur de France auprès de cet organisme. C’est-à-dire auprès de rien. Le Conseil de l’Europe réunit 47 pays européens (ils étaient 48 mais la Russie vient d’en être exclue). Cet organisme a un conseil des ministres composé des 47 ministres des Affaires étrangères des pays européens.
Et pour couronner le tout, il a auprès de lui 47 ambassadeurs. Il s’offre le luxe d’avoir une Assemblée parlementaire et ses députés ne sont pas élus mais désignés par les 47.
Tout cela ne sert à rien : le Conseil de l’Europe compte des milliers de fonctionnaires tous grassement payés. C’est auprès de cette entité inutile que Pap Ndiaye vient d’être nommé ambassadeur. Dans le genre de hochets mais en plus comique, il y a eu Ségolène Royal désignée comme ambassadrice auprès des pingouins.
Le Conseil de l’Europe ne sert à rien. Etre ambassadeur auprès de lui ne sert également à rien. C’est le cas de Pap Ndiaye. Et en tant que ministre de l’Education nationale, il servait à quelque chose ?
PS : Si Pap Ndiaye avait eu le sens du mot dignité, il aurait refusé cette aumône. S’il avait eu du panache, il aurait choisi de devenir prof. Mais le mot panache ne fait pas partie de son vocabulaire. ■
Historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books. Il est également l’auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L’affiche rouge (Denoël), ou encore de L’homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l’ « anti-sarkozysme primaire » ambiant. Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L’Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Magnifique Post-scriptum qui pourrait être érigé en « maxime universelle »