Par Front Populaire, La Rédaction.
Commentaire – Nous n’ajouterons pas de commentaire à notre titre qui dit que nous partageons l’analyse donnée dans cet article signé de la Rédaction de Front Populaire et paru avant-hier 21 août. De Gaulle aussi, en son temps, avait tenté de conduire l’Europe et l’Allemagne en particulier, à l’indépendance vis à vis des États-Unis et donc à une forme de souveraineté européenne partagée entre les nations alors « libres » du Vieux Continent. C’était tout l’objet du traité de l’Élysée, très vite annulé par le vote du Bundestag allemand confirmant la primauté de l’alliance étatsunienne pour la RFA de ce temps-là. À une altitude, si l’on peut dire, plus modeste, c’est une même mésentente qui oppose les protagonistes d’aujourd’hui et fait s’évanouir le rêve de souveraineté européenne d’Emmanuel Macron. Quant à l’atlantisme allemand, polonais et autres, il se déploie et s’active dans un contexte différent d’autrefois : celui où l’hégémonie mondiale étatsunienne est battue en brèche, connaît des revers, et se trouve contrebattue par une bonne partie du monde dont deux ou trois très grandes puissances et une kyrielle d’États émergents ou autres. Nous voulons dire qu’il n’est plus sûr du tout, qu’en se voulant vassaux des États-Unis d’Amérique, ces Européens là aient choisi le bon cheval. Ou la bonne stratégie. C’est notamment à ce titre que la comparaison entre les deux époques a son intérêt.
ARTICLE. L’Allemagne vient d’obtenir l’aval des États-Unis pour importer d’Israël le système antimissile Arrow 3. Une acquisition qui parachève le projet de « bouclier du ciel européen » cher à Olaf Scholz et qui inflige un nouveau camouflet au rêve européen d’Emmanuel Macron.
« C’est l’Europe qui protège l’Europe », se félicitait Emmanuel Macron en juin dernier, au moment d’annoncer la livraison du système antimissile franco-italien SAMP/T MAMBA en Ukraine. Le chancelier allemand Olaf Scholz pourrait peut-être bientôt lui rétorquer que ce sont les États-Unis qui protègent désormais l’Europe des missiles ennemis. Ce 17 août, les États-Unis ont donné leur accord à la vente par Israël à l’Allemagne de ses Arrow 3, un système antimissile développé par Israël Aerospace Industries et Boeing.
Israël peut se frotter les mains : avec ce contrat, l’État hébreu empoche 3,5 milliards de dollars, dont un premier versement immédiat de 550 millions de dollars. Quant à l’Allemagne, elle devrait disposer du matériel à la fin de l’année 2025. Il apportera alors la troisième et dernière pierre de son bouclier antimissile baptisé « bouclier du ciel européen » (« European Sky Shield Initiative »), projet lancé en octobre 2022, visant à protéger l’espace du Vieux Continent, et auquel adhèrent 17 pays, dont le Royaume-Uni.
Force est de reconnaître que ce projet ambitieux, qui vise à créer une bulle de défense aérienne antimissile, a tout pour plaire à Paris et au locataire de l’Élysée sur le papier. N’est-ce pas là la défense européenne tant désirée par Emmanuel Macron et dont on soupçonnait l’impossibilité ? Las. Trois systèmes vont être déployés : l’IRIS-T, un système allemand de courte portée, le Patriot PAC-3, un système américain de moyenne portée et donc le Arrow 3 pour la longue portée, de nationalité israélo-américaine.
La France mise de côté
La France ne fait pas partie des 17 pays membres de cette alliance. Tout comme l’Italie. Et si Paris grince des dents, voyant Berlin succomber aux charmes américains plutôt qu’européens, c’est qu’il prône une solution « souveraine » au niveau du continent européen. Et digère sans doute mal que n’ait pas été sélectionnée la proposition franco-italienne développée par Thales et MBDA, le système SAMP/T Mamba, celui-là même livré à l’Ukraine et qui équipe déjà certains pays comme la Roumanie.
Preuve du désamour délibéré vis-à-vis de l’Union européen, les 17 alliés n’ont pas eu recours à l’EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act), l’instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense au moyen d’acquisitions conjointes à hauteur de 500 millions. Lors de la conférence sur la défense aérienne et antimissile en Europe du 19 juin 2023, le général français Jean-Marc Vigilant avait tenté de minimiser la portée du désaccord en interne de l’UE : « L’enjeu de la conférence était de susciter une dynamique européenne », avait-il expliqué, se félicitant de la signature d’une lettre d’intention conjointe entre la France, la Belgique, Chypre, la Hongrie et l’Estonie pour l’acquisition groupée de 700 de missiles Mistral.
L’affaire du bouclier européen piloté par Berlin n’est que le dernier exemple de l’échec de la coopération européenne en matière de défense, sitôt que l’Allemagne est impliquée. Les déboires actuels du SCAF (« Système de combat aérien du futur »), l’avion de défense franco-allemand en est l’un des exemples les plus récents. Lors de la Mission flash sur la défense sol-air en France et en Europe, les députés Natalia Pouzyreff (Renaissance) et Jean-Louis Thiériot s’inquiétaient de « la place inexistante des solutions européennes » et estimaient la « promotion de produits américains et israéliens (…) déplorable ». L’Europe de la défense existe bel et bien. Elle est juste sous bannière américaine. ■
Source
Que vaut la protection de l’IRIS-T, du Patriot PAC-3 et de l’Arrow 3 face à une attaque de missiles hypersoniques russes ? Réponse : elle ne vaut rien.
Par contre, si les européens retournaient cette protection contre les USA, ceux-ci seraient pris à leur propre piège.