La reine Mary en diverses époques et circonstances de sa vie…
PÉRONCEL-HUGOZ SUSPEND QUELQUE TEMPS SES « COUPS de POING » POUR NOUS ENTRAÎNER SUR DES SENTIERS PLUS REPOSANTS.
Après son projecteur braqué, la semaine passée, sur une fausse grande dame, la chanteuse dracénoise Lily Pons, notre chroniqueur Péroncel-Hugoz, se penche sur une grande dame bien réelle, Mary de Teck et Wurtemberg (1867-1953), reine d’Angleterre et impératrice des Indes de 1910 à 1936. Épouse du roi Georges V (1), mère des rois Edouard VIII et Georges VI, aïeule de la reine Elisabeth II.
(1) j’écris les prénoms de monarques anglais à la française, comme ce fut longtemps l’usage et aussi parce que les anglophones, avec leur morgue native, écrivent toujours à leur manière les prénoms de nos souverains, par exemple Napoleon sans accent sur le e. Et toc !
Visite d’une usine textile
En mon époque estudiantine, je connus jadis à Paris un condisciple britannique dont la famille avait été au service de feu la reine Mary et dont il me dit un jour avec admiration : « elle fut froide et dure, quelle reine exemplaire ! ». Et le jeune homme me conta diverses anecdotes relatives à la grand-mère d’Elisabeth II, alors régnante. Dont celle-ci : un jour la reine Mary avait à son programme la visite d’une manufacture de tissus où ne travaillaient alors que des femmes. La souveraine se préparait donc, comme à chacune de ses sorties officielles, avec ses dames d’honneur et ses chambrières.
La reine portait déjà plusieurs bijoux, du diadème aux bracelets de diamants plus des bagues, un sautoir, des décorations, que sais-je encore lorsque une des femmes présentes dit tout à coup à la reine : « vous ne trouvez pas, Madame, que c’est un peu trop pour aller voir de simples ouvrières qui ne sont pas habituées à de telles parures ? ». (Illustration : usine textile et ouvrières autour de 1930).
Mary fusilla la parleuse du regard et lui lança à voix forte, elle qui s’exprimait toujours en sourdine : « sotte que vous êtes, ces ouvrières d’usine attendent la visite d’une reine, une vraie, parée en reine et elles seraient certainement déçues de me voir arriver vêtue en petite bourgeoise. Je leur dois de leur rendre visite en souveraine du royaume de Grande-Bretagne et de l’empire britannique, mettez-vous bien ça en tête ! »
De Copenhague à Bangkok
Très jolie leçon de majesté et aussi de politique dynastique, non ?
Rigueur et grandeur vont souvent de pair et réjouissons-nous donc que la leçon involontaire de Mary serve encore parmi les reines du XXIe siècle, du Danemark à la Thaïlande, d’Espagne à la Jordanie, en Belgique et jusqu’au mini-royaume himalayen du Bhoutan ! ■
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
Retrouvez les publications sous ce titre…
Le refus des responsables du monde moderne d’apparaître dans leur « majesté » (par exemple le Pape qui renonce à porter le triple tiare) n’est pas un signe de modestie. C’est au contraire un signe de mépris pour le peuple et un manque d’humilité : « je ne suis pas asservi à ma fonction », « ma personne ne se réduit pas à mon statut ».
Les vrais serviteurs du peuple ne refusent pas d’en porter la livrée. Les autorités illégitimes se cachent et font semblant qu’il n’y a pas d’autorité. Ils voudraient que chaque individu soit transcendant. Mais seul Dieu est transcendant.
Ce commentaire de Michel Michel qui prolonge l’article de Péroncel-Hugoz va très loin et me parait tout à fait remarquable.
Je craignais qu’il se trouve quelqu’un pour dire que cet article est de type « paillettes » et compagnie ….
Merci à Péroncel-Hugoz et à Michel Michel.