Quelle est donc cette raison, énoncée autour de l’année 1900, applicable à une France en République, qui avait raté après l’effondrement du Second Empire le rétablissement de la monarchie, pourtant voulu par une majorité de Français, et qui, de plus, était alors la seule grande puissance européenne à n’être pas une monarchie ? À être une République, héritière de la Révolution ?
Cette raison la voici :
« Un changement heureux et durable ne se produit qu’au moyen de quelque appui qui lui-même ne change point.
D’ingénieux mécaniciens purent tenter de corriger tel élément défectueux ; mais aussitôt qu’ils y touchaient, les autres éléments du système se déplaçaient et s’altéraient également ; la réforme tentée n’avait donc d’autre résultat que d’étendre un désordre auquel on voulait mettre fin.
La Monarchie, c’est un centre fixe.
Je ne saurais mieux la comparer qu’à un de ces pivots qui, sans être immobiles, demeurent à la même place cependant que le reste de leur appareil évolue.
Ce pivot rétabli, l’ancienne évolution régulière et heureuse pourra recommencer. »
Eugène de Lur-Saluces.
Bref point d’histoire sur les origines de ce raisonnement et son rapport avec la naissance de l’Action Française.
Les lointains lecteurs de L’Enquête sur la monarchie savent encore qui fut, en la circonstance, Eugène de Lur-Saluces (1852-1922) et même son homologue André Buffet (1857-1909), deux personnalités que Wikipédia définit comme militants monarchistes français.
Tous deux, soupçonnés de participation à la tentative de coup d’État de Paul Déroulède (1899), ont été condamnés l’année suivante, à des peines de bannissement par la Haute Cour pour complot contre l’État. Tous deux encore doivent s’exiler et résident alors à Bruxelles où vit, entre autres lieux de résidence, le Duc d’Orléans, Philippe VIII, prétendant au trône de France, frappé quant à lui par la Loi d’exil du 22 juin 1886. Eugène de Lur-Saluces et André Buffet sont les deux principaux membres du bureau politique du duc d’Orléans.
« Chez nos exilés »
C’est le titre d’un des chapitres d’ouverture de L’enquête sur la Monarchie. Et le fait est d’importance.
Maurras et ses amis ralliés à l’idée royale dont ils ont défini les contours n’envisagent pas de lancer leur projet politique sans s’assurer qu’il y ait accord entre eux et le Prince, ni sans son assentiment, lui-même se trouvant hors de France. Leur entreprise n’est pas qu’un projet idéologique ou intellectuel. Il vise une réalisation à court ou moyen terme qui n’a rien d’irréaliste dans la France et dans l’Europe de l’année 1900. Pour Maurras ce projet devrait se réaliser avant que ne se reforment les conditions d’un nouveau grand conflit franco-allemand dont il pressent l’imminence et, si possible, pour l’empêcher, par l’action d’un Pouvoir politique rétabli dans son unité et dans sa force.
Ainsi eut lieu le voyage de Maurras à Bruxelles, ses entretiens avec Lur-Saluces et Buffet. Puis avec le Prince lui-même.
La monarchie n’était pas pour Maurras et ses amis, une idée en l’air, pouvant se passer de s’incarner dans la personne même du roi à venir. Au terme de ces entretiens, d’ailleurs relatés dans l’Enquête, le plein accord des participants fut constaté. Entre Maurras et le duc d’Orléans il ne se démentit jamais.
Ainsi s’est ouverte l’aventure de l’Action Française, fut menée l’Enquête sur la monarchie, fut écrit Dictateur et Roi et fut défini ce qu’on nommera plus tard « le quadrilatère maurrassien« . Il ne s’agissait de définitions en soi, intangibles et, pour le dire ainsi, idéologiques. Mais pour les conditions particulières d’alors, de telle sorte qu’elles leur correspondent, et soient capables de réalisation.
Une aventure intellectuelle et politique qui se poursuit aujourd’hui dans des conditions en grande partie différentes. Où, on le voit bien, l’urgence et la nécessité demeurent.
La citation d’Eugène de Lur-Saluces et l’illustration en en-tête sont reprises de la page Facebook de…
L’observation d’Eugène de Lur-Saluces est la plus immédiatement pertinente qui se puisse imaginer quant à ce qu’il convient de savoir observer dans les divers systèmes républicano-démocratiques…
Cependant, à force de ces «ingénieux mécaniciens», dont les recours ne savent que «déplacer et altérer», cela n’a produit qu’un système d’«ingénierie», seulement apte à «générer» des déclarations de nouvel ordre, afin que le désordre inéluctable pût passer pour la gouvernance-maître, constituée en «institutionnalités» et/ou «États-nationalités».
Si l’on peut supposer que certains de ces «ingénieux mécaniciens» furent, quelquefois, guidés par de bons sentiments, cependant, ils s’inscrivaient toujours dans cette économie dixhuitièmesiéclo-philosophique voulant s’affranchir de toute référence à un «centre fixe» — déclinaison politique de la métaphysique conception du «moteur immobile» d’Aristote, correspondant au «ce qui est en bas [doit être] comme ce qui est en haut», principe même de tout Souverain, intermédiaire entre la Terre et le Ciel.
La révolution politique majeure remuée par le modernisme tient à ce que l’on veut instituer la prétention d’un néo-intermédiaire, constitutif d’un pacte entre la «chose» et le «public», ladite «chose» voulant simultanément être représentative de ce dont la doctrine entend démontrer qu’elle se distingue… Dans de pareilles dispositions idéologisées, une seule solution réfléchie est digne de s’imposer à une saine intelligence, celle que Bakounine et le prince Kropotkine ont élaborée : l’anarchie. Or, celle-ci, pour reprendre le propos de Lur-Saluces, ne peut avoir «d’autre résultat que d’étendre un désordre auquel on voulait mettre fin» — au passage, rappelons-nous le sophisme qui sut faire florès dans les années 70-90 : «le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir».
Je me rappelle une relativement lointaine époque — à échelle individuelle — où l’on pouvait s’en aller disant des royalistes qu’ils étaient les «anarchistes de la droite», et ce, pour la raison que, en apparence, anarchistes et royalistes auraient nourri le même «idéal de liberté»… Moi, qui suis passé par l’anarchisme, autour de mes 14-15 ans, je peux certifier que cet «anar idéal» est susceptible de faire bonne figure de temps en temps, mais que son «idéal» peut survivre seulement s’il y renonce, en y substituant «l’esprit» de ce qui, quelquefois, chez certains d’entre ses semblables, apparaît comme le pressentiment d’une plus haute aspiration qu’à soi-même…
La République en France est née à cause de la faiblesse du Roi Louis 16. Ce funeste régime risque bien de tomber, grâce à l’oeuvre de destruction du sinistre Macron. La France à terre, il ne restera que la Monarchie pour sauver et redresser la nation.
L’erreur Macron peut être notre chance !
Le Prince est là
Soyons prêt @