Dans cet édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l’actualité politique du jour : il s’intéresse aux ambitions des Macronistes qui tentent de séduire la classe moyenne.
Notre commentaire – Le fossé qui sépare les deux pays – le « légal » et le « réel » – ne cesse de se creuser jusqu’au dégoût du « politique » d’une large partie des Français. Rejet du Système et non pas, d’ailleurs, indifférence aux problèmes eux-mêmes, pour nombre d’entre eux existentiels, qui, au contraire, comme tous les sondages le montrent, angoissent le pays profond. Simplement, ce dernier sent les strates supérieures de la caste dirigeante – c’en est une, en effet – indifférentes à ses attentes muées en lourdes inquiétudes.
Une certaine forme de résignation s’ensuit ; tel est, en fin de compte, l’effet qu’a produit la démocratie formelle, de plus en plus formelle, en quoi s’est installé le régime politique français.
Aux dernières nouvelles, voici qu’après six ans de présidence Macron, effectuée en quasi permanence, dans une atmosphère pesante et dangereusement chaotique, de profond rejet – parfois actif ! – de l’opinion française, les principaux ministres d’Emmanuel Macron ont entamé une compétition pour l’instant interne à l’équipe qui entoure Emmanuel Macron, pour l’élection présidentielle d’avril 2027 ! Elle ne passionne qu’eux-mêmes.
Dans cet éditorial de Vincent Trémolet de Villers prononcé sur Europe 1 le 28 du mois, ces choses sont dites avec assez de vigueur.
« Pour revenir au peuple, y est-il dit, il faudrait que les prétendants pour 2027 osent rompre avec le président, mais pour le moment G. Darmanin, B. Le Maire et G. Attal font tout le contraire ». Rompre avec le président ? Mais au profit de qui ou de quoi ? L’illusion Sarkozy est en train de faire l’objet d’une tentative de restauration par certains bons esprits conservateurs ou droitiers*. Mais, outre ce qu’on sait de son passé présidentiel, il n’est pas sûr du tout que lui-même entende « rompre avec le président ». Pas plus que les autres prétendants. À ce propos, son soutien à Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy cite Raymond Aron : « en politique, il faut choisir entre le préférable et le détestable« . Sage propos qui ignore pourtant qu’il peut arriver un point tel qu’à force de reniements, de demi-mesures, de choix éternel du moindre-mal, le préférable et le détestable finissnt par se confondre.
Les maux systémiques du régime politique français sont bien au-delà du cas particulier d’Emmanuel Macron. Leurs racines sont anciennes, profondes, sans doute en soi-même incurables. On connaît notre point de vue à cet égard. Et la gravité de plus en plus aigüe de notre situation, les dangers intérieurs et extérieurs de plus en plus menaçants qui pèsent sur la France, nous semblent devoir démontrer son incapacité à y faire face. Et, en fin de compte, aboutir à une crise de régime majeure qui obligera selon le mot de Louis Pauwels** en son temps, d' »inventer autre chose ».
Ce n’était pas du pouvoir de Vincent Trémolet de Villers de dire cela dans sa chronique. G.P.
* Mathieu Bock-Côté, par exemple, semble avoir cédé à ce tropisme…
** Louis Pauwels (1920-1997), journaliste et écrivain.
Source vidéo : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-eco