PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
COMMENTAIRE – Cet article est paru dans Le Figaro de ce matin. Mathieu Bock-Côté y analyse les diverses formes de subversion associées – anthropologique, culturelle et démographique – qui frappent avec une virulence exacerbée les structures profondes matérielles et immatérielles du continent européen. D’autres formes de subversion s’exercent aussi sur nous tous, qu’il ne faut pas oublier : celles qui nous viennent d’outre-Atlantique, celles qui sont inhérentes aux sociétés consuméristes, financiarisées et globalisées, etc. Mathieu Bock-Côté traite ici du sujet que dicte l’actualité immédiate et qui, en effet, fait craindre le pire, à tout à fait juste raison, pour la France et l’Europe toute entière. La référence qui y est faite au Camp des Saints et à Jean Raspail nous touche, ce dernier ayant été notre ami ainsi qu’un orateur de nos rassemblements des Baux de Provence. Les discours qu’il y a prononcés font partie du patrimoine désormais historique de notre école de pensée.
CHRONIQUE – L’Europe de 2023 a rejoué la scène de la querelle du sexe des anges au temps de Constantinople assiégée. Pour débattre, cette fois, de la question trans en pleine invasion migratoire.
« La technostructure européenne a un préjugé favorable envers ce que la novlangue nomme la transition démographique »
Il arrive que l’actualité fasse un clin d’œil à l’histoire, comme si cette dernière était condamnée à se reproduire. C’était cette fois la querelle du sexe des anges au temps de Constantinople assiégée. Les savants docteurs de l’empire byzantin étaient occupés à cette querelle théologique un peu spécieuse alors que les Ottomans s’apprêtaient à faire tomber la ville. L’Europe de 2023 a rejoué la scène.
En début de semaine, la société française plongeait dans un débat improbable portant sur le droit, ou non, d’une femme trans n’ayant pas encore transitionné, c’est-à-dire d’un homme biologique avec les organes génitaux qui le caractérisent, de consulter un gynécologue. De la querelle du sexe des anges, on passait à celle du sexe des trans.
Quelques jours plus tard à Lampedusa, on assistait à une scène digne du Camp des saints, de Jean Raspail. Ce dernier a écrit son célèbre roman à partir d’une vision quasi prophétique qui lui est venue à travers une formule : ils arrivent.
Cette invasion que l’on ne saurait voir
Il était facile de la reprendre en voyant les péniches de débarquement conduire sur les rives de Lampedusa près de 7000 migrants, dans une opération de grande ampleur, qui nous rappelle que l’immigration massive peut aussi être utilisée comme une technique de déstabilisation consciente des pays occidentaux. Il suffit d’ailleurs de se souvenir de l’épisode de 2021 mettant en scène la Biélorussie et la Pologne, ou encore du chantage à la migration de la Turquie contre l’Europe, pour s’en convaincre.
La scène, diffusée par des canaux non-officiels, fait comprendre que ces migrations à répétition se présentent à bien des égards comme une invasion, même si le terme peut choquer. Car comment présenter autrement la prise d’assaut d’une île qui devrait être la première forteresse de l’Europe, et qui n’est plus que sa première passoire, son ventre mou, sa porte d’entrée la moins risquée, où il suffit de poser les pieds pour avoir droit à court terme à une relocalisation sur le continent, à des droits sociaux, et un peu plus tard, à une naturalisation, permettant formellement de devenir juridiquement un Européen comme les autres.
De jeunes hommes s’imposent, confrontent les policiers, et n’hésitent pas à s’installer sur ce territoire où ils sont rentrés de force comme s’ils étaient désormais chez eux, et qu’on leur devait tout. Il ne faudra pas se surprendre si demain, des événements comme ceux de Cologne se reproduisent – à plus petite échelle, ils se sont d’ailleurs reproduits souvent, en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et ailleurs. Car le choc des civilisations, terriblement concret, est d’abord un choc du rapport au corps, dont les femmes sont les premières victimes.
Un récit officiel de la migration
Les images illustrant ce débarquement en règle choquent dans la mesure où elles sont rares. Elles font passer à des images semblables, assez récentes elles aussi, des enclaves de Ceuta et Melilla, en Espagne, où de jeunes hommes, encore une fois, forçaient la frontière, armés quelquefois de bâtons et de gourdins, quitte à agresser ceux qui voudraient leur barrer le chemin. Il arrive évidemment que cela tourne au drame pour les forceurs, et on ne peut évidemment que pleurer leur mauvais sort, surtout lorsqu’il est fatal.
Je le disais, de telles images sont rares et proviennent surtout des réseaux sociaux – le régime diversitaire fait tout ce qu’il peut pour qu’elles ne circulent pas et voudrait bien les bannir. Elles seraient apparemment obscènes. Le récit officiel de la migration est tout autre, et prend plutôt, on s’en souvient, le visage du petit Aylan qui, avait bouleversé l’Europe et poussé Angela Merkel à ouvrir les portes du continent aux colonnes de migrants voulant s’y installer, l’humanitarisme congédiant alors la prudence politique.
Plusieurs le rappellent: les grandes migrations commencent à peine. Elles déstructurent pourtant profondément déjà les pays qui les subissent – quant à ceux qui n’ont pas encore été frappés, ils se demandent s’ils peuvent les éviter, et constatent que la technostructure européenne a un préjugé favorable envers ce que la novlangue nomme la transition démographique, qui transforme le substrat démographique du continent. Le régime diversitaire utilise moins son pouvoir de coercition pour défendre les frontières que pour combattre ceux qui voudraient le faire.
On en revient alors aux événements de la semaine: l’Europe semble prise dans une hallucination collective qui l’amène à prendre au sérieux ceux qui expliquent que les sexes n’existent pas tout en traitant comme des parias et des conspirationnistes racistes fous furieux ceux qui lui rappellent qu’un pays qui change de population change d’identité. Pour une civilisation, le déni de réalité est une manière plus subtile qu’une autre de s’anéantir en croyant se grandir. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Celles qui doivent avoir peur seront toutes celles qui ont eu depuis 40 ans un brin de pouvoir politique et ne l’ont pas utilisé pour défendre « sa race ». Pauvres socialistes, pauvres gooches, pauvre horizons, pauvres modem, pauvres ripoublicaines. Vous serez toutes découpées et écartelées comme des moutons, dans les baignoires des citées que vos pères ont construits pour recevoir la « misère du monde ». Tout cela pour des euros-dollars qui ne vaudront plus rien en sur le continent européen.