Mémoire et Histoire de l’Action Française.
Textes et images réunis par Michel Franceschetti.
Pierre Marie Emmanuel Abeille. Né le 1er février 1888 au 54B rue Paradis. Descendant direct de Jean Abeille qui fut l’un des chefs du soulèvement fédéraliste de 1793. Membre de l’AF, il était sergent au 27e bataillon de chasseurs alpins au début de la Grande Guerre. Il décéda le 15 septembre 1914 à l’hôpital auxiliaire de Vittel (Vosges) des suites de ses blessures. Il est enterré à Vittel. Son nom figure sur le monument aux morts de La Penne-sur-Huveaune.
Victor Albrand. Né le 15 mai 1890, Victor fut camelot du roi et étudiant en droit. Il fut élu en novembre 1910 président des conférences de la faculté de droit, ce qui montrait les progrès de l’AF en milieu universitaire. Il accomplit son service militaire de 1911 à 1913. En 1914, devenu avocat, il était secrétaire de la section d’AF de Marseille et avait accepté de diriger les réunions du groupe des étudiants.
Il fut rappelé sous les drapeaux par la mobilisation générale du 1er août 1914. Incorporé dans le 17e RI, il devint sous-lieutenant en septembre 1915. Gravement blessé par deux éclats d’obus le 26 septembre 1915, il reçut la croix de la Légion d’honneur sur son lit d’agonie le 29 septembre et mourut le 4 octobre à Houdain (Pas-de-Calais). « Officier d’une énergie rare et d’une moralité très élevée, (…) s’est remarquablement conduit le 26 septembre 1915 jour où il a été blessé grièvement refusant de se faire soigner immédiatement afin de ne distraire personne de l’attaque qui allait se déclencher » (Journal Officiel, 7/2/1916). Ses deux frères, également membres de la section d’AF marseillaise, furent mobilisés et revinrent vivants.
Émile Arné. Né le 24 mars 1890. Employé de bureau à la société PLM, il était poète, membre du félibrige et camelot du roi. Il « prononça à plusieurs reprises des discours royalistes en provençal » (AF, 3/12/1919) et collabora comme chroniqueur au journal languedocien Le Midi royaliste. Il commença son service militaire en octobre 1912 pour deux ans et fut maintenu sous les drapeaux par la mobilisation générale du 1er août 1914. Sergent-major au 163e RI, il fut tué à l’ennemi de deux balles au front le 7 avril 1915 à Flirey (Meurthe-et-Moselle). Il avait écrit à ses parents : « si vous deviez me pleurer, que ce soit au moins avec la consolation que je suis tombé pour la meilleure des causes (…) que je suis resté jusqu’à la fin un camelot digne de l’Action Française et que j’aurai été fier de servir mon pays jusqu’à me donner tout entier pour la victoire.
Emmanuel Court-Payen. Membre d’une famille très attachée au royalisme. Né le 25 décembre 1871, tombé au combat à l’âge de 42 ans. Voici le texte de l’annonce publiée dans L’Action Française du 26 octobre 1914 : « Le lieutenant Emmanuel Court-Payen, du 64e chasseurs alpins, est tombé mortellement frappé, le 28 août, à Péronne au moment où il entraînait sa compagnie au feu.
Neveu de M. J-B Court de Payen, à Marseille, Emmanuel Court-Payen, officier de réserve, n’avait jamais voulu donner sa démission et, quoique père de cinq enfants, il partit plein d’enthousiasme défendre sa patrie. Il a donné sa vie pour elle ».
Guy Boyer de Fonscolombe né le 18 août 1889 à la bastide de Guillermy, quartier des Aygalades (Photo). Son père, le baron Fernand, fut doyen du service d’honneur du comte de Paris, puis du duc d’Orléans. Pendant la première guerre mondiale, il devint agent de liaison au 303e RI. Il mourut au combat le 4 septembre 1916 devant Vermandovillers (Somme). Dans sa lettre d’adieu datée de la veille, il avait écrit : « je serai mort en plein combat après avoir reconquis un peu de notre sol de France, on ne peut envier une plus belle mort, »
Louis Fournillier, né le 21 juin 1892. Avec Pierre Manin, il créa un groupe d’AF parmi les jeunes de l’œuvre Timon-David. Employé de commerce, camelot du roi, propagandiste très actif (« il avait eu la joie de ramener à la monarchie un grand nombre de ses frères d’armes », écrit l’AF du 21 avril 1916), il s’engagea dans l’armée le 11 mars 1913. Devenu sergent-fourrier au 141e RI, il fut tué le 9 mars 1916 à Béthincourt près de Verdun. Il fut inhumé « côte à côte avec Lionel des Rieux, dont il avait été l’ami et le disciple » (AF 21 avril 1916). Lionel des Rieux (1870-1915), poète de l’école romane, s’était rallié à Maurras au moment de « L’enquête sur la monarchie ».
Louis Jean Pierre Guilland, né le 27 août 1892, lieutenant observateur aviateur dans la division marocaine, mourut le 20 août 1917 à Chattancourt, près de Verdun, dans un combat aérien avec trois avions ennemis.
« Comme son frère Jacques (…) et comme leur admirable mère, Madame Michel Guilland, ce héros (…) n’a cessé de donner dans sa vie, si brève, si droite et si noble, la preuve d’un dévouement illimité aux idées, aux œuvres de l’Action Française ; comme tous les êtres d’élite, il avait su faire dans sa vie la juste part de l’étude personnelle et d’une propagande de tous les instants, qu’il s’agit de la vie du groupe de Marseille ou de la diffusion du journal » (Action Française, 7 septembre 1917)
Une stèle a été édifiée à l’endroit de son décès.
Jacques Guilland, son frère, « véritable enfant des idées de l’Action Française » (Action Française, 22 octobre 1918), sous-lieutenant au 1er bataillon de chasseurs, fut touché d’une balle en plein cœur le 28 septembre 1918 devant Aure (Ardennes). Chevalier de la Légion d’honneur.
Les deux frères habitaient 2 place Félix Baret, dans l’immeuble de leur oncle, le bibliophile royaliste Auguste Rondel.
Edouard des Isnards, né en 1896, fut Camelot du Roi. Il s’engagea dans l’armée à l’âge de 19 ans mais décéda le 5 février 1915 à l’hôpital de Draguignan d’une méningite cérébro-spinale.
Son père, le comte René des Isnards, était, d’après l’AF, « l’un des plus anciens et des meilleurs militants de Provence ».
Pierre Manin, né le 3 juin 1891, employé de bureau. Incorporé en octobre 1912, il fut affecté en 1914 au 38e régiment d’artillerie. Maréchal des logis le 30 mars 1916, il mourut le 13 septembre à Cappy (Somme).
Cité à l’ordre de la division du 1er octobre : « Excellent sous-officier, très courageux et très dévoué ; très grièvement blessé le 12 septembre en assurant sous le bombardement ennemi le service de sa pièce. Mort des suites de ses blessures, ambulance 2/70 du 13-9-16. »
Camelot du roi, « il était parmi les plus anciens de la section d’AF de Marseille. Propagateur infatigable, il avait su grouper parmi les membres de l’œuvre de jeunesse Timon-David, dont il faisait parti [sic] ainsi que notre ami Fournillier, comme lui tombé au champ d’honneur, un certain nombre de camarades dévoués qui avaient formé une sous-section du groupe marseillais », écrivit J. Challamel dans L’Action Française du 22 septembre 1916.
Benoit Antoine Marie Marnas. Né le 12 décembre 1864, il s’engagea dans l’armée en octobre 1885 et devint capitaine en juillet 1899 au 96e RI de Béziers. Nommé chevalier de la Légion d’honneur le 12 juillet 1911, il passa au 141e RI de Marseille en décembre 1911. Mort pour la France à Moncourt (Moselle), il fut cité à l’ordre de la IIIe Armée :
« Officier d’élite, aimé et admiré de tous par ses belles qualités militaires, son calme souriant et sa haute conception du devoir.
Tué lé 14 août 1914, alors que debout sous la rafale, il désignait à son bataillon les positions à enlever d’assaut ».
Malgré deux balles qui lui avaient traversé la poitrine, il avait continué l’assaut jusqu’à ce qu’une troisième, au front, lui fut fatale.
Son fils Charles fut un des fondateurs et vice-président du premier groupe des lycéens et étudiants d’AF de Marseille.
Alfred Eudoxe Joachim Gustave de Surian, né au 28 cours Pierre Puget le 7 décembre 1883 (et non pas le 17 comme l’indique par erreur la plaque placée à l’entrée du jardin de la colline Puget), capitaine de chasseurs. En poste en Algérie en 1914, il rentra en France et participa aux campagnes d’Yser et d’Argonne, puis à la bataille de Verdun. Il fut le vainqueur du Mort-Homme le 10 avril 1916. Après avoir défendu victorieusement la butte du Piémont, il fut tué par un obus le 16 juillet 1918 au bois des Châtaigniers près de Festigny dans la Marne.
« Homme intègre et d’une rare valeur morale, il était d’une exactitude minutieuse dans l’accomplissement du devoir. Il incarnait dans sa personne, toutes les plus belles qualités du chef et du soldat. (…). Son nom est de ceux autour desquels se formera une légende » (Historique du 159e régiment d’infanterie).
Il est enterré au Cimetière National Militaire de Dormans (Marne).
Il était descendant d’Alfred de Surian (1804-1863), avocat, député légitimiste de Marseille de 1839 à 1846, ami de l’avocat Berryer. Son nom a été donné en 1955 à une traverse de Marseille, entre le cours Pierre Puget et le boulevard de la Corderie. Sa fille épousa Olivier d’Ormesson qui fut député FN au Parlement européen.
Jacques Berlier de Vauplane, né le 14 octobre 1885, lieutenant de cavalerie, fut tué le 16 octobre 1914 à Ypres.
Son frère, Robert Berlier de Vauplane, né le 5 août 1896, maréchal des logis dans l’artillerie, mourut le 15 avril 1917, victime d’un torpillage en Méditerranée alors qu’il revenait de Salonique.
Leur père, Henri Berlier de Vauplane, avocat, professeur à la faculté libre de droit, était membre de la section marseillaise de l’AF.
UN CAS PARTICULIER
Marquise de Clapiers :
Marie-Thérèse Charlotte, née le 8 janvier 1857 au château des Tours, à Marseille (15e arrondissement), était la fille de Marie-Maxence de Foresta, qui fut le représentant du comte de Chambord en Provence. Elle se maria en 1881 avec le marquis Gaston de Clapiers-Collongues, né en 1851 et décédé en 1902.
Elle fut la fondatrice du groupe des Dames et Jeunes Filles royalistes de Marseille et animatrice de nombreuses œuvres. Présidente du comité des Dames de la société de secours aux blessés militaires, dépendant de la Croix-Rouge, elle fut pendant la première guerre mondiale infirmière-major sur des navires-hôpitaux. Elle participa à l’expédition des Dardanelles et fut envoyée en Roumanie. Elle accomplit plus de vingt fois la traversée entre Toulon et Salonique pour secourir les blessés. Son dévouement altéra sa santé et elle fut atteinte de paralysie.
Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 4 février 1921. Titulaire de la croix de guerre et de la médaille des épidémies.
Elle décéda le 14 juin 1927 dans le château d’Aiguines (Var) qu’elle avait acheté en 1912.
« C’est une femme de bien et une grande Française qui disparaît ainsi, dont le dévouement et l’abnégation furent admirables en tous temps, mais plus encore durant la grande tourmente » (Le Petit Marseillais, 16 juin 1927). ■
Publié le 11.11.2023 – Actualisé le 11.11.2024.
Merci à Michel Franceschetti d’avoir pieusement recueilli et détaillé ces destins dramatiques et magnifiques.
~ Je rends un grand hommage à ces vaillants combattants ou vaillantes combattantes Royalistes,
ainsi plusieurs membres de ma famille très Royalistes morts pour cette France républicaine malsaine ;
§ Message d’un: * Royaliste-Lozérien *.
Merci Michel.
Merci Michel.
Aujourd’hui nous pensons à tous ces héros anonymes ou non.
Je pense aussi à mes deux grand-pères, l’un aux Dardanelles, l’autre dans la Somme, qui ont vécu cette hécatombe.
Ils ont fait la seconde aussi. Et mon père l’Algérie.
Tous ces personnes remarquables ont donné LEUR Vie pour la France, malheureusement c’est encore la République qui a profité de leur courage.
Tous les protagonistes (les belligérants) ont voulu cette guerre, aucun , semble t’il n’imaginait une telle durée, une telle intensité.
Les populations avaient aussi vraisemblablement une autre mentalité, renforcée par la propagande dès l’enfance , à l’école même, outre le mode de vie rustique de la paysannerie, lui ayant donné la capacité de vivre dans des conditions (les tranchées) qui semblent aujourd’hui incroyables .
Cette époque est maintenant si lointaine que les nouvelles générations vont vers l’oubli .
Le principal est que l’hommage ait été rendu aussi longtemps que des anciens combattants etaient encore de ce monde .