Ce genre d’affaires n’a rien de bien neuf, rien en soi de bien important. C’est leur accumulation au cœur même du Régime, au centre du Pays légal, voire en son sommet, dans un contexte politique éminemment délétère, qui les consacre sujets sensibles. Sous la IVe République finissante, les ballets roses du président de l’Assemblée avaient déjà fait couler beaucoup d’encre. C’est il y a longtemps… Voici la Ve à son tour marquée par les stigmates de sa propre décomposition. L’article qui suit est repris du Figaro du 17 novembre.
Par Par Steve Tenré.
L’élue accusatrice aurait bu un verre en compagnie de Joël Guerriau, sénateur de Loire-Atlantique, avant d’être prise d’un malaise. Des analyses ont révélé la présence d’ecstasy dans son organisme.
Des faits graves, dont est suspectée une éminence de l’État. Le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau (Les Indépendants) a été interpellé à son domicile parisien et placé en garde à vue par la police judiciaire, a appris Le Figaro de source proche du dossier, confirmant une information de RMC. Le sénateur a été accusé par la députée de Loire-Atlantique Sandrine Josso, avec qui il entretiendrait une amitié, de l’avoir droguée à son insu.
La victime présumée Sandrine Josso, dont l’identité a finalement été dévoilée ce vendredi, aurait bu un verre dans la nuit de mardi à mercredi en sa compagnie, avant d’être prise d’un malaise. Elle a été hospitalisée peu après, faisant l’objet de prélèvements, qui ont révélé la présence d’ecstasy dans son organisme.
De l’ecstasy retrouvée
La parlementaire a porté plainte pour «administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle», précise le parquet de Paris. Selon le parquet, Joël Guerriau a été interpellé jeudi et placé en garde à vue par les enquêteurs du 3e district de police judicaire dans le cadre de l’enquête ouverte en flagrance, une procédure qui permet de ne pas avoir besoin de demander la levée de son immunité parlementaire. Des perquisitions ont été menées au domicile de Joël Guerriau à son domicile et à son bureau au Sénat. D’après RMC, de l’ecstasy a été retrouvée à son domicile.
L’avocat de Joël Guerriau s’est «indigné de voir que des éléments de l’enquête se retrouvent dans la presse». «Donc soit le parquet en est responsable et cela me scandalise encore une fois, soit le parquet n’y est pour rien et alors il doit s’interroger sur l’identité de l’auteur de cette violation et enquêter.» «Sur le fond, je ne donnerai aucune information non seulement parce que je suis tenu au secret de l’enquête, mais surtout par respect pour mon client et pour la plaignante dont je m’étonne que le nom ne soit pas livré contrairement à celui de mon client», a ajouté Me Drai.
Du côté de sa famille politique, le ministre de la Transition écologique et secrétaire général du parti Horizons Christophe Béchu a affirmé au micro de France Inter ce vendredi matin qu’un bureau politique se tiendrait samedi matin au sein du parti, au cours duquel la situation de Joël Guerriau sera évoquée. «Si c’est vrai, c’est effroyable», a précisé le ministre, affirmant que Joël Guerriau «ne peut évidemment pas rester au sein du parti s’il y a le moindre doute sur la véracité de tout ça».
Banquier de profession, élu à la Haute Assemblée depuis 2011, Joël Guerriau, 66 ans, est secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il s’est affiché ces derniers mois à quelques reprises avec l’ex-premier ministre Édouard Philippe. Il a été maire de la commune de Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique) de 1995 à 2017.
Photo obscène sur X (ex Twitter)
En 2016, l’élu s’était retrouvé au cœur d’une affaire à caractère sexuel, dans laquelle il avait alors affirmé avoir été victime d’un «acte de malveillance». Le 19 décembre, à 21h05, son compte X (ex-Twitter) avait posté un message politique sur le réseau social avec, en guise d’illustration, la photo floue d’un pénis. Celle-ci était restée en ligne une poignée de minutes, suffisamment pour générer un déferlement de réactions tournant l’épisode en ridicule. «Jai cinq enfants, vous imaginez que j’irais poster ce type de photo sur mon compte Twitter ?», s’était interrogé Joël Guerriau auprès de nos confrères de Ouest-France, niant formellement toute responsabilité dans la publication de cette image obscène.
À la place, l’élu avait affirmé qu’elle pourrait être le résultat d’une «maladresse de l’un de ses collaborateurs» qui gère son compte X, et pointé une nouvelle machination à son égard. «Aux dernières élections sénatoriales, mon compte Facebook avait été piraté et un message mensonger avait été laissé», affirmait ainsi l’élu, qui avait annoncé vouloir porter plainte contre le réseau social. ■