Une tribune libre pour temps de Noël …
Par Jérôme Serri*.
Cet opportun « Coup de gueule » est paru dans Causeur le 8 décembre. Il ne faut pas que l’on se moque de nous, royalistes, maurrassiens, bainvilliens, etc. quand nous disons que la Révolution n’est pas achevée, qu’elle continue, sous des formes nouvelles mais toujours en tant que mélange constant d’horreurs, de sang et de meurtres, de désordres, de destructions et, finalement de bêtise, au plein sens du mot. On lira, dans ces colonnes, ce coup de gueule en gardant ces vérités à l’esprit. Qu’importe au Système le mépris, d’ailleurs réciproque, du peuple historique menacé ? Il est défendu ici dans les traditions qui le constituent et qui ne veulent pas mourir. Dont celle de Noël.
Déconstruction. Nos responsables politiques sont excessivement tatillons avec nos jolies crèches de Noël. Alors qu’ils n’ont pas un mot pour les pires horreurs de l’art contemporain. Coup de gueule
Non aux crèches de Noël dans nos villes ! Oui au Plug anal de Paul McCarthy place Vendôme ! Oui aux Boîtes de merda d’artista de Manzoni dans nos musées ! Oui au Vomi et à l’Urine de Ben ! Oui au Vagin de la reine d’Anish Kapoor dans les jardins du Château de Versailles ! Oui à l’Urinoir de Duchamp ! Oui à la monumentale scène de zoophilie, Domestikator, de Van Lieshout devant le centre Pompidou ! Oui à l’érection géante de Mickey au Grand Palais ! Oui au Clitoris dressé comme une mante religieuse sur l’esplanade du Trocadéro ! Oui à la photo primée par la Fnac d’un imbécile s’essuyant les fesses avec l’emblème national ! Oui aux écrans de télévision montrant au CAPC de Bordeaux des enfants se masturbant ! Oui au chaos de pierres tombales déversées par Jan Fabre dans la galerie du Cycle de Marie de Médicis de Rubens au Louvre ! Oui aux pneus de tracteur installés à l’Opéra Garnier par Claude Lévêque mis en examen pour viols sur mineurs ! Oui au Christ en croix noyé dans l’urine à Avignon par Andress Serano ! Oui à la fellation de Miriam Cahn au Palais de Tokyo ! Et encore une fois, non aux crèches de Noël !
Inculture française
Allons plus loin ! Encourageons nos politiques à partager leur inculture française qui, elle, existe bien ! Oui à la nécessité de transmettre ces œuvres magistrales aux jeunes générations ! Oui au financement de la puérilité pour donner des repères à nos collégiens et pouvoir bâtir avec eux un monde adulte ! Oui à la sensibilisation des immigrés à ces joyaux de la création contemporaine pour favoriser leur assimilation ! Oui à cette vulgarité pour combattre la violence et « le risque de basculement de notre société » ! Oui à l’obscénité pour élargir l’approche multiculturaliste de notre nation ! Oui à une initiation décomplexée du sexe pour une appréhension plus ouverte des valeurs de la République ! Oui à la liberté d’expression mais surtout et d’abord au degré zéro de cette liberté pour laquelle serait mort Jean Moulin ! Oui à la vigilance des élus qui emboîtent le pas aux minorités agissantes par peur de porter l’infamie d’un retour à l’ordre moral ! Oui à leur bêtise ! Oui à leur lâcheté !
Quand les Français comprendront-ils que lorsque des élus subventionnent la réalisation d’un projet dit artistique, c’est toujours sur fond d’élimination des autres projets en compétition ? Que pleuvent sur leurs décisions les critiques, les quolibets ou les insultes, ils savent que le projet le plus vulgaire, le plus insignifiant, le plus coûteux sera protégé par la sacro-sainte liberté d’expression dont ils viendront se gargariser sur les plateaux de télévision avec des mines énamourées d’amateur d’art. Sans doute n’avaient-ils à examiner dans leurs commissions opaques que des projets encore plus indignes, plus insignifiants, plus coûteux que ceux qu’ils ont retenus. On va bien sûr les croire.
Ce petit monde pervers et corrompu se moque depuis des années des Français. Ne nous racontons pas d’histoire, c’est sur le plan culturel que les coups de boutoirs contre les fondements de notre société ont commencé d’être portés. L’autorité s’est sabordée en se commettant avec la lie des impuissants et des prévaricateurs qui ont fait main basse sur nombre d’institutions. L’inquiétante progression de l’insécurité n’est pas tombée du ciel. À l’origine des graves dysfonctionnements dans un pays, on trouve toujours ses dirigeants.
La fronde de la Ligue des droits de l’Homme
La Ligue des droits de l’Homme (LDH) vient de saisir le tribunal administratif de Montpellier pour demander la suppression de la crèche installée par le maire (RN) Louis Aliot. Sa présidente départementale assure sans honte que « la France et ses racines sont laïques et pas chrétiennes ». Rien d’étonnant, la LDH n’est nullement obsédée par la défense de la laïcité. Elle n’a en effet jamais saisi le tribunal administratif pour demander l’annulation de l’organisation par la Mairie de Paris de la « Nuit du Ramadan » dans les locaux de l’hôtel de ville. N’oublions pas que la LDH avait obtenu du Conseil d’Etat qu’il rappelle que la photo du jeune homme qui s’essuyait les fesses avec le drapeau français était, en tant qu’œuvre d’art, protégée par la liberté d’expression. Ne nous trompons pas, l’attaque récurrente contre les crèches de Noël est une attaque contre la France et les Français. Il s’agit d’un ressentiment à l’égard de ce que nous sommes, de ce que nous avons été, de ce qu’a signifié notre pays aux yeux du monde. « Carthago delenda est ! »
La liberté d’expression est dans notre pays l’enseigne d’une boutique où l’on trouve tout et son contraire. La politique culturelle dans une démocratie représentative consiste à laisser des assemblées d’élus ou des ministres faire les courses de leurs concitoyens à leur place. Au vu des vessies qu’on veut leur faire prendre pour des lanternes depuis des décennies et qui envahissent l’espace public, l’organisation de référendums ne serait pas pire. Elle ne serait pas non plus la solution. Il n’y en a qu’une, même si elle n’est pas satisfaisante : il conviendrait que ceux qui au sommet de l’Etat sont comptables des politiques culturelles sachent ce qu’ils disent, sachent ce qu’ils font.
Quand François Hollande donne une interview au Journal des arts le 30 novembre dernier, il fait comme Nicolas Sarkozy avec son livre Promenades. Tous deux se parfument l’âme pour faire oublier leur mâchoire de petit carnassier. Leur niveau de réflexion sur la culture laisse la voie libre à tous les petits malins qui ont appris à siphonner les crédits de la rue de Valois. « La culture est frondeuse par définition », déclare Hollande qui ainsi parle pour ne rien dire et joint la parole au geste d’hier. Le dimanche 2 avril 2017, il avait rendu visite au Palais de Tokyo à un nommé Antoine Poincheval qui venait de s’enfermer depuis quelques jours dans une cage en plexiglas pour couver une douzaine d’œufs. Ce fut la rencontre au sommet d’un « sans dents » étonné et d’un « sans tête » hilare. Nos misérables politiques, désormais sans aucune tenue, n’ont rien compris. Désemparés, ils regardent maintenant le sang couler dans nos rues. ■
Le propre de toute révolution est la destruction… Dans un de ses discours, Saint-Just déclare effectivement : «Ce qui constitue une république, c’est la destruction de tout ce qui lui est opposé.» (Cité par Jean-Marc Varaut, dans «Poètes en prison», Perrin, 1989, p. 102.)
Il s’ensuit immanquablement qu’une république ne saurait être réellement «constituée» qu’à la condition d’actes répétés «de destruction massive». On peut toujours ergoter en arguant que Saint-Just («l’archange de la Terreur», le surnommait-on) avait quelques adversaires tout aussi républicains que lui… En effet, mais en dépit de leur opposition, ils savaient s’entendre sur ce premier point du traitement de ce qui leur était opposé ; moyennant quoi, ce sont ces bénévoles amis républicains qui, partageant communiellement le même point de vue politique, le firent monter sur la bascule à Charlot, à la suite de Robespierre, prime fervent apôtre…
Depuis le temps que des républiques se succèdent, il apparaît qu’elles ne réussissent décidément pas à savoir s’imposer avec toute «persuasion», quelques couperets aiguisés eussent-ils décapité, la guillotine doit ensuite avoir recours à plus subtil bourreau que les Messieurs de Paris, Lyon et autres lieux. Et c’est ainsi qu’apparaissent les disciples du marquis de Sade, les sophistes modernes, d’ailleurs, diantrement moins bien talentueux que le dit-vain-marquis, et ceux-ci s’en vont colporter leur lugubre «pédagogie» afin de mieux éduquer le peuple qu’il ne l’est, à commencer par les «élites» universitaires et artistiques, lesquelles sont ainsi formées à régurgiter du marxisme poussé aux extrémités «philospophiques» que l’on sait. Aaaaah ! la secondaire «théorie révolutionnaire», à la pointe du progrès en matière de revendications des Conseils, soviets et autres commissions paritaires présidentielles. Pour peu que l’on consente à aller jeter un œil chez les Debord et autres Vaneigheim, on observera de quelle manière criante les «wokismes» divers procèdent très directement de ces bien malheureux humanistes. Ce sont des «enragés», tels qu’ils se sont proclamés en mai-68, revendiquant l’héritage conséquent de la Terreur du siècle et demi d’avant, qui les a fait naître doctrinalement, Terreur réelle, très justemen, réelle et historique. Elle préside aux petites bourgeoises menées constituo-législatives des parvenus politiques du jourd’hui.
Il faut encore se rappeler qu’en 68, «sous ce soleil, exactement», un des plus fiers apologues de ce qui est artistiquement égrené sur nos places publiques – très exactement pour procéder à la DESTRUCTION archangelo-terroriste des crèches, au premier chef –, apologue adulé par tout l’Occident culturellement administré, je veux nommer l’infâme (et supérieurement organisé intellectuellement) Pierre Boulez ; se rappeler que, en 68, donc et comme par un fait exprès, l’infâme Boulez déblatérait à l’adresse des galapiats de l’établissement scolaire Victor de Laprade, à Montbrison :
«Si vous ne niez pas, si vous ne faites pas table rase complète de tout ce que vous avez reçu comme héritage, si vous ne remettez pas en question cet héritage, si vous n’émettez pas, vis-à-vis de ce qui vous a précédé, un doute fondamental quant à la validité des choses, eh bien, vous ne progresserez jamais!» («Points de repère», Christian Bourgois/Le Seuil, 1981, p. 486.)
Ce disant, non sans avoir préalablement gravé dans le marbre du papier :
«Notre civilisation occidentale aurait besoin de gardes rouges pour éliminer un bon nombre de statues ou même les décapiter.» («Par volonté et par hasard», entretiens avec Célestin Deliège, Éditions du Seuil, 1975, p. 40.)
Tant et si bien que nous avons mission de répéter véhémentement que, comme le rappelle ici JSF, «la Révolution n’est pas achevée, qu’elle continue, sous des formes nouvelles mais toujours en tant que mélange constant d’horreurs, de sang et de meurtres, de désordres, de destructions et, finalement de bêtise, au plein sens du mot».
Les Danton, Robespierre et Saint-Just se font néanmoins périodiquement la politesse de s’entrexécuter, par un effet d’une «providence» dont aucun d’eux n’a pu prendre la mesure inéluctablement conçue : providence diabolique, aux desseins dont ils aspirent toujours à mieux savoir bander les yeux de leur «justice» à manches de lustrine.