Une bataille feutrée, à l’issue incertaine, se déroule actuellement à propos des Brevets européens. Disons le tout net: l’avenir de la Langue française est engagé, et de la capacité du gouvernement à défendre, ou non, les intérêts de la France dépendra ni plus ni moins la survie de notre langue en tant que langue « qui compte ». On sait bien que la Culture et la Civilisation française sont menacées de toutes part, et depuis longtemps (1); mais là, l’enjeu est de taille. Il existe à Munich un Office Européen des Brevets. Et cet Office assure, car c’est obligatoire, la traduction en langue française de tous les brevets rédigés en langue anglaise ou allemande. Or, soi disant pour des motifs de simplification et d’économie, mais en réalité pour éliminer le français et assurer une suprématie définitive à la langue anglaise, certains ont concocté un « accord de Londres »: cet accord se propose -très sournoisement et très hypocritement- de supprimer l’obligation de traduire en français tout brevet rédigé en anglais ou en allemand car ainsi on pourrait économiser de 30 à 50% du prix des Brevets.
C’est là que le cynisme, le mensonge et la mauvaise foi sont évidents: en réalité, les frais de traduction d’un Brevet sont d’environ 15%, selon une étude de l’Office Européen des Brevets: en aucun cas de 30%, et encore moins de 50%, ce qui relève du délire le plus pur, ou de la désinformation la plus écoeurante. On le voit, les adversaires de ce que représente la France dans le monde au moyen de sa langue, donc de sa Culture et de son rayonnement, sont prêts à faire flèche de tout bois. Que va faire notre gouvernement? Des chercheurs et des intellectuels français ont crée un Comité pour s’opposer à toute ratification par la France de cet « accord de Londres »: ratification qui serait, affirment-ils, « très dangereuse pour la pérennité de la langue française comme langue scientifique, technique et commerciale »; et qui « reviendrait à admettre, en réalité, l’usage de l’anglais en droit français »; le Comité affirme, catégorique: « le prix élevé des brevets européens ne résulte pas des traductions. » Va-t-on avoir le courage de dire « Non! », ou va-t-on se coucher et collaborer à la disparition programmée de la France, du moins de sa présence et de son rayonnement culturel?…
(1) Tout a (mal…) commencé quand, lorsque nous n’étions que l’Europe des « Six », les gouvernants français n’ont pas réfléchi à l’avenir (mais comment demander à des gens qui ne sont que « de passage », pour quelques années à peine, de penser à l’avenir, de penser à quand il ne seront plus là? Seul les Rois le peuvent: c’est pour cela qu’ils ont construit la France! Jamais les hommes politique républicains ne l’auraient construite!…) Quand nous n’étions que six en Europe, il aurait été facile à nos gouvernants de faire adopter le français comme langue, non pas officielle -car toutes les langues ont leur valeur, et toutes doivent être respectées et utilisées- mais comme langue de travail; les textes majeurs auraient été traduits d’office, libre aux pays souhaitant faire traduire les documents non essentiels dans leur langue de le faire, à leur frais. L’occasion n’a pas été saisie: ce fut une erreur, une faute, un crime. Bien sûr le rouleau compresseur de l’anglais s’est engouffré dans la brèche, et nous nous retrouvons maintenant à mener un combat désespéré, qu’il aurait été beaucoup plus simple pour nous de mener « avant »: bravo la république!….on reste confondu devant tant d’imprévoyance!….
Marc Vergier sur Histoire ▬ Le 23 novembre 1944…
“Question : Est-ce lui que Charles de Gaulle, à qui il venait proposer sa collaboration, a…”