Voici maintenant nos commentaires. D.C. parle d’or quand il parle de res publica. Comment ne pas être d’accord avec lui ?
Ce n’est en effet, et bien sûr pas, « la » République, en tant que technique ou forme de gouvernement qui nous gêne et que nous critiquons. C’est « cette »république, qui a une histoire, à laquelle elle ne peut ni ne veut -semble-t-il…- échapper, et qui est fondamentalement anti-chrétienne, anti-historique, dans la mesure où elle rejette nos racines et se construit sans elles, en dehors d’elles et contre elles (« du passé faisons table rase… »).
Elle qui fonctionne un peu -prenons une image- comme un diffuseur d’ambiance: elle diffuse un esprit, une mentalité, mais cet esprit et cette mentalité vont directement contre nos Racines historiques profondes; elles nient et combattent ces Racines historiques et chrétiennes….
Crier « Vive la république ! » si nous étions en Suisse ou en Allemagne, cela irait de soi, et nous n’aurions aucune répugnance à nous affirmer républicains, ce régime n’ayant absolument pas, dans ces deux pays voisins, la moindre trace des connotations idéologiques qu’il a chez nous.. Qui militerait pour l’instauration d’une monarchie en Suisse ? Être « pour » un roi de Suisse, parce que nous sommes partisans de la Royauté en France, serait précisément aux antipodes de ce réalisme qui est le nôtre et que nous ne cessons d’opposer à l’idéologie révolutionnaire de 1789/1793, et à la république idéologique qui en est issue.
Il y a quelques temps, Antiquus postait un commentaire, que nous avions relevé, dans lequel il évoquait la démocratie idéologique. Sans avoir eu connaissance des propos de D.C., Antiquus nous aidait déjà, ainsi, à progresser dans la réflexion engagée par ailleurs, mais pas encore publique: ce n’est donc certes pas « la » république, ou « toute » république (pas plus que « la » démocratie, ou « toute » démocratie) que nous critiquons -et là-dessus nous ne pouvons que rejoindre D.C.- mais « cette » république idéologique qui est la nôtre (et cela vaut aussi pour « cette » démocratie idéologique qui est la nôtre…) qui en une seule année, l’année terrible 1793, a posé les bases des Totalitarismes et des Génocides modernes. Et sans avoir jamais effectué le moindre travail de mémoire ou de repentance, elle qui se repend de tout et à tout propos ! Elle ajoute ainsi le crime de mémoricide à son négationnisme et à son révisionnisme.
Cependant, les choses sont-elles écrites pour toujours ? En d’autres termes, pourrait-il y avoir un jour une bonne république en France ? Une telle question mérite d’être posée même si, vaguement iconoclaste, elle pourrait aller jusqu’à remettre en cause le projet royaliste ! Mais il est légitime de poser cette question deux siècles après la révolution : et si, finalement débarrassée du venin idéologique des origines, la république finissait par se transformer peu à peu en ce qu’elle est partout ailleurs dans le monde (sauf chez nous, encore la fameuse exception française !…) : une simple technique de gestion, une simple forme de gouvernement ?
Après tout, la République, au sens de la Révolution, n’a pas plus qu’un autre régime les promesses de l’éternité. Comme les virus ou les épidémies, les idéologies peuvent, elles aussi, s’épuiser, finir leurs cycles, cesser pour un temps (ou pour quelques siècles) d’être virulentes. Les XIXème et XXème siècles révolutionnaires – où les peuples se sont épuisés à l’expérience désastreuse des idéologies – ne pourraient-ils pas avoir aussi épuisé les forces de l’Idéologie ? C’est à voir. La République, alors, pourrait-elle, en France, devenir viable ?
Que faudrait-il, alors, pour que cette république (aujourd’hui encore et toujours république idéologique) devienne une « bonne » république ?
Nous y voyons au moins quatre conditions:
1) Qu’elle cesse d’être une idéologie ou pire encore – ce qu’elle est en fait – une religion, pour devenir un moyen de gouvernement comme un autre.
Plus de « piliers du temple »(propos de Jacques Chirac, parlant de la Loi de 1905…), plus de « temple » du tout, plus de prétention totalitaire à être un « absolu universel » – notion abstraite et révolutionnaire issue de 89.
(Par parenthèse, la république française ne peut pas être sainement laïque précisément parce qu’elle est, elle-même, de fondation, une religion, laquelle est religion d’Etat)
2) Qu’elle cesse d’être anti historique.
Qu’elle assume désormais l’intégralité de notre histoire nationale, alors que les principes de la république française reposent jusqu’à présent sur l’idée que la France héritée du tréfonds de l’Histoire, a été abolie par la déclaration de 1791. Elle doit assumer au contraire la totalité de l’héritage national, à commencer par l’héritage capétien et par l’héritage chrétien, fondateurs de la Nation, avec toutes les conséquences de cette « rupture » sur
– le droit des Français à préserver l’identité nationale ainsi redéfinie,
– l’enseignement,
– les commémorations du passé national
– la conservation du patrimoine,
– le traitement dû aux héritiers actuels des rois de France…..
Qu’elle accepte une saine critique des phases les plus destructrices de la période révolutionnaire et post-révolutionnaire
(le Martyre des rois Louis XVI et Louis XVII ; de la reine Marie-Antoinette ; le génocide de la Vendée ; les années de Terreur et toutes leurs victimes ; les guerres révolutionnaires et post-révolutionnaires 
;; les destructions du patrimoine ; les luttes antichrétiennes etc…)
En bref, qu’elle accepte de dresser le constat de ce que René Sédillot avait appelé « le coût de la Révolution ».
3) Qu’elle abaisse les féodalités minoritaires qui imposent la « pensée unique » à une majorité de Français qui n’en veut plus. (les Politiquement / Historiquement / Moralement corrects)
Ces féodalités sont précisément celles qui dictent leur loi :
– aux grands moyens de communication
– au monde de l’enseignement
– au monde du travail
Sans cela rien n’est possible. Rien n’aura d’effet durable. Tout sera toujours à refaire…..
4) Qu’elle trouve le moyen d’instaurer au sommet de l’État une institution pérenne et indépendante, espace a-démocratique non soumis à l’élection, capable d’incarner et garantir le bien-commun dans la durée. Le chef de la Maison de France, famille fondatrice de la Nation, nous paraît être, dans cet ordre d’idée, la personnalité naturellement désignée pour exercer cette fonction.
Sinon, les inévitables alternances détruiront toujours tout. A supposer que du « positif » aurait été accompli. (Ne nous faisons pas d’illusions : nous somme déjà en 2012 !)
A ces 4 conditions, la république pourrait devenir une « bonne république ». Ou s’en rapprocher. Mais serait-elle encore la République qui a existé jusqu’ici, issue de la Révolution ?
En fait, comme se sont toujours accomplies en France les véritables « révolutions » politiques, c’est-à-dire par l’adaptation de l’existant, nous serions entrés dans un nouveau régime. Ce serait une évolution salvatrice. Rien ne nous dit ni ne nous assure que nous nous acheminions vers de telles perspectives.
Mais, comme le disait Sénèque, « il n’y a pas de vent favorable pour qui ne sait pas où il va ». Il importe en effet de ne pas ignorer les vents favorables – lorsqu’il en existe – et aussi de savoir clairement vers quoi l’on veut aller…. (à suivre…)
Il est en effet important :
– de distinguer l’idéologie républicaine, des principes de la
République, au sens de la res publica; la distinction
s’établit entre d’une part, la pensée rousseauiste, par
laquelle les révolutionnaires antimonarchistes ont mené la
France au régime de la terreur et à la dictature, et d’autre
part, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen
de 1789, signée par le Roi, incluse actuellement dans
notre bloc de constitutionnalité, et dont les républicains,
notamment de 1792 à 1794, ont bafoué tous les principes.
Ceci vaut pour le point 1, qui fait débat en mélangeant
tout et son contraire. Ce n’est pas la
déclaration à portée universelle des droits de l’homme et
du citoyen qui est responsable des crimes
révolutionnaires. Elle est, dans le domaine temporel, mais
sans comparaison possible, et seulement par analogie, ce
que les saintes écritures sont dans le domaine spirituel.
Quant à l’Etat, il vaut mieux qu’il demeure laïque, donc
non confessionnel, avec la loi de 1905. Ceci n’empêche
pas le Prince d’agir en Prince chrétien, et permet à
chacun de vivre dans le respect et la pratique de sa
religion. Il n’échappe à personne que la France ne compte
pas que des catholiques.
Point 2 : Oui, l’Etat se doit d’assumer la totalité de l’héritage national, en ne faisant pas commencer l’histoire de la France à 1792, ni en faisant croire que la République est née en 1789, alors que nous étions encore en monarchie. C’est là qu’il s’agit de ne pas confondre la République, respublica, dont Louis XVI était le garant de 1789 à 1792, et la république idéologique de 1792, régime de terreur et de dictature dont le Roi, sa famille, et les Français furent victimes.
Confondre les deux sous le même terme de république est non seulement une erreur monumentale, mais c’est justifier les crimes commis au nom d’une prétendue fatalité historique prétextée par les idéologues républicains et parfaitement démentie par les exemples que nous donnent les pays européens qui ont conservé leur monarchie royale.
Oui, tous les crimes de l’Etat, de la révolution, comme
ceux d’autres périodes, doivent être soumis à la critique
historique et condamnés selon les faits établis.
Point 3 : en appliquant les principes de la respublica dont ceux de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, cela permet précisément de s’opposer aux féodalités de tous ordres.
Point 4 : en instaurant le Roi, entre autre, garant de la res publica, dans une monarchie parlementaire, où le gouvernement est responsable devant le parlement, il n’y a pas, je pense de meilleure république possible.
Chacun sait bien que l’idéologie des droits de l’homme est un produit de la pensée des Lumières, que l’idée même de droits de l’homme appartient à l’horizon spécifique de la modernité occidentale.
La question se pose alors de savoir si l’origine étroitement circonscrite de cette idéologie ne dément pas implicitement
ses prétentions à l’universalité. Toute Déclaration des droits étant historiquement datée, n’en résulte-t-il pas une tension, ou une contradiction, entre la contingence historique qui a présidé à son élaboration et l’exigence d’universalité qu’elle entend affirmer ?
Associer « droits de l’homme » et « démocratie » ne va pas forcément de soi pour plusieiurs raisons.
Une première raison est que la démocratie est une doctrine politique, les droits de l’homme une doctrine juridique et morale, et que ces deux doctrines ne s’accordent pas spontanément. En tant que régime politique, la démocratie tend tout naturellement à restreindre ce qui n’est pas démocratique et,plus largement, ce qui n’est pas politique.
La théorie des droits, au contraire, tend à restreindre les
prérogatives du politique. Mais surtout, l’une et l’autre n’ont pas le même sujet.
L’idéologie des droits de l’homme ne veut connaître que des individus porteurs de qualités abstraites héritées de l’état de nature, la démocratie ne connaît que des citoyens. Or, même s’ils font usage de la même rhétorique juridique, les droits du
citoyen (égalité devant la loi, liberté de pétition, droit égal de suffrage et de vote, accès égal aux emplois publics dans la mesure des capacités, etc.) sont fondamentalement différents des droits de l’homme.
Ils ne sont pas des attributs de l’homme en tant qu’homme, mais des capacités liées, non seulement à un régime politique particulier (la démocratie), mais aussi, et surtout, à une appartenance spécifique (une communauté politique donnée). La théorie des droits de l’homme donne indistinctement le droit de vote à tous les hommes en tant qu’ils sont des hommes ( » un homme, une voix « ). La démocratie donne le droit de vote à tous les citoyens, mais le refuse aux non-citoyens.
« Les droits démocratiques du citoyen, écrit Carl Schmitt, ne présupposent pas l’individu humain libre dans l’état extraétatique de “liberté”, mais le citoyen vivant dans l’Etat […] Ils ont de ce fait un caractère essentiellement politique »
Un régime démocratique tient d’autre part sa légitimité du consentement du peuple, celui-ci étant généralement exprimé par le vote.
En dernière analyse, la démocratie est le régime qui consacre la souveraineté du peuple. A l’inverse, le discours des droits de l’homme se donne d’emblée comme certitude morale universelle, censée s’imposer partout du seul fait de son universalité. Sa valeur de vérité ne dépend donc pas d’une ratification démocratique. Mieux encore, il peut s’y opposer.