Par Aristide Ankou.
Le calcul de base, lorsqu’on fait des promesses électorales, c’est de s’assurer qu’elles vous rapportent plus d’électeurs qu’elles ne vous en coûtent.
C’est bien pour cela que le fond de toute démagogie consiste toujours à promettre d’accorder de nouvelles largesses au « peuple » en pressurant davantage « les riches » (qui, par définition, sont peu nombreux) ou « les entreprises » (variante : « les grands groupes »), qui elles ne votent pas.
Mais, la richesse étant une mesure relative, la catégorie des « riches » n’est jamais bien nettement définie, par conséquent toute annonce d’une taxation future des « riches » crée une peur diffuse dans la population et une interrogation : « Est-ce que, par hasard, je n’appartiendrais pas moi aussi à cette catégorie maudite des « riches » ? »
Dans une grande nation comme la France, il est d’autant moins possible d’être rassuré à ce sujet que la complexité de la société et les multiples formes de la propriété rendent les comparaisons très difficiles et souvent trompeuses.
La démagogie devient dès lors un exercice un peu plus délicat que, mettons dans l’Athènes ou dans la Rome antique, où la répartition des richesses était, pour ainsi, dire évidemment visible par tous.
Le « nouveau front populaire » (à savoir les bolcheviks 2.0 de LFI et leurs supplétifs) ont peut-être oublié cette réalité élémentaire (je dis bien peut-être, car on ne peut jamais connaitre avec certitude le degré d’abrutissement ou de dépravation d’un peuple).
Leurs promesses de dépenses nouvelles sont tellement extravagantes par leur ampleur que plus d’un électeur moyen disposant d’un modeste patrimoine doit commencer à se dire que, à ce stade, il ne suffira probablement pas de chauffer la plante des pieds de Bernard Arnault pour financer tout ça.
Et plus d’un petit propriétaire (et il y en a beaucoup) doit commencer à murmurer par-devers lui : « lorsqu’ils sont venus chercher les milliardaires, je n’ai rien dit, je n’étais pas milliardaire. Lorsqu’ils sont venus chercher les millionnaires, je n’ai rien dit, je n’étais pas millionnaire… »
Le plus amusant, d’une certaine manière, c’est que, par rapport à la démagogie sous stéroïdes pratiquée par le nouveau front popu, la démagogie pépère du Rassemblement National apparait presque comme de la modération.
Etant donné que ceux qui se présentent eux-mêmes comme « modérés », à savoir l’extrême-centre macroniste, se sont totalement discrédités concernant leurs supposées capacités de bon gestionnaires (on parle d’une augmentation de la dette publique de 40% en valeur absolue depuis 2017, hein ? pour ne rien dire du reste), il ne serait pas impossible que la gauche unie derrière LFI fasse définitivement basculer de gros bataillons macronistes du côté du parti à la flamme.
Faire barrage, d’accord, mais pas avec mes économies !
D’autant plus que le Rassemblement National semble au moins avoir un certain respect pour la notion de droit de propriété, alors que la gauche a suffisamment manifesté qu’elle n’en avait strictement aucun.
Serait-ce aller trop loin que de suggérer que le nouveau front populaire est peut-être en train de contribuer à « dédiaboliser » un peu plus le parti qu’il prétend combattre de toutes ses forces ? ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 21 juin 2024).
Aristide Ankou