Emmanuel Macron n’est pas comme les autres, c’est bien connu. Il confond autorité et désinvolture. C’est sa manière. Muet – ou presque – pendant les trois jours qui ont suivi les résultats du second tour des législatives, il s’envole pour les États-Unis et écrit aux Français. Les plus âgés d’entre nous se souviendront du soin que prenait De Gaulle à ne signer aucun texte, n’accomplir aucun acte de politique française quand il se trouvait hors du territoire national. Il a signé ainsi nombre de textes et décrets « à bord du croiseur De Grasse« , bâtiment de souveraineté française, navigant dans la mer des Antilles ou en route vers le Canada ou autres lieux… Emmanuel Macron ignore ces convenances qui sont celles que dicte le sens de l’Etat.
Alors il s’adresse au Pays, aux nouveaux parlementaires, aux partis, aux forces républicaines par lui choisies comme telles, bien entendu non définies, ou définies par on ne sait quelle autorité, quelle éthique supérieures ou lois du Ciel, lois non écrites, celles qu’Antigone opposait à Créon. . Macron n’est pourtant ni Créon, ni Antigone.
Et il écrit notamment ceci :
« C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine. »
Christophe Boutin, sur les réseaux sociaux, tire de cet épisode épistolaire la conclusion familière et savoureuse que voici :
« Bon, les gueux, je file aux States, soyez sages, je veux que quand je reviens vous ayez fait cette putain de coalition ! »
Ce n’est pas que traiter les partis et les assemblées avec quelque distance et manifestation d’autorité surplombante quand on est le Chef de l’État, ait en soi de quoi nous choquer, ici. Nous avons toujours en tête ce verdict lapidaire de Renan, d’il y a un siècle et demi : « Les assemblées délibérantes sont des fléaux ». Ou encore cette prédiction de François Mitterrand : « Les parlements ont eu la peau de l’Ancien Régime, ils auront celle de la République ».
« Encore faudrait-il – sous Emmanuel Macron, selon la formule du général De Gaulle applicable alors au président Lebrun – qu’il y eût un Chef et qu’il y eût un État« . À l’évidence, ces conditions ne sont pas réunies.
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