Il est normal que dans un contexte d’insécurité avérée, tout un chacun se sente rassuré par la présence policière, fût-ce en nombre extraordinaire. Macron estime ce dispositif complet à un total de 200 000 personnes ! En réalité, il ne devrait pas y avoir de quoi s’en vanter. C’est un très mauvais marqueur de santé gravement altérée. Signe d’un Etat glissant vers un régime policier, signe d’une société fracturée, aux libertés restreintes, en proie à la violence endémique, où la confiance est abolie. La responsabilité en revient à l’État, à la République, à son idéologie droit-de-l’hommiste et sansfrontiériste, et à sa politique migratoire qui institue par force une société de violence et de contrainte. Ceux qui n’ont pas voulu voir l’urgence de cette question et son importance majeure sont de mauvais politiques, coupés de toute base populaire ou militante. JSF
Par Jeanne Durieux.
Ce reportage est paru dans Le Figaro du 30 juillet. Il s’agit de choses vues et entendus qui, en tant que telles, n’appellent pas de commentaire.
REPORTAGE – 45.000 policiers français ont été mobilisés pour assurer la sécurité des épreuves olympiques. Un renforcement plébiscité par beaucoup de Français qui constatent une baisse de l’insécurité.
« «Faire en sorte qu’on se sente plus en sécurité, même après les JO, oui, je suis d’accord. Mais mettre des policiers à chaque coin de rue, non ! Il faut qu’on puisse continuer à se sentir libre de circuler». »
À quelques mètres de la Tour Eiffel, dans le VIIe arrondissement de Paris, Évelyne s’évente avec sa casquette pour tenter de se rafraîchir sous la chaleur écrasante. La trentenaire, venue de Lyon pour assister aux épreuves olympiques de beach-volley du 30 juillet, garde un œil sur sa fille qui joue dans l’herbe à quelques pas de là. La petite de cinq ans affiche une certaine perplexité face à la dizaine de policiers qui se tient près d’elle et échange quelques plaisanteries dans un anglais hésitant. Les uniformes de certains d’entre eux détonnent, affichant sur leur plastron la blanche inscription «Guardia Civil». «Il faut la comprendre, ce n’est pas tous les jours qu’on croise des policiers espagnols», rit sa mère.
La présence des forces de l’ordre dans la capitale française a été considérablement renforcée à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques. Au total, pas moins de 1800 renforts internationaux venus d’une quarantaine de pays, dont 31 États européens, sont venus prêter main-forte aux 45.000 membres des forces de l’ordre françaises déjà mobilisés.
Répondre à toute sollicitation
«C’est chouette de voir autant d’uniformes différents pour venir prêter main-forte aux policiers français», sourit d’ailleurs Marie, 31 ans, croisée sur les Champs Élysées. L’infirmière toulousaine revient des épreuves de tir à l’arc féminin qui se tenaient sur l’esplanade des Invalides. «C’est un événement planétaire, qui a vocation à unir les pays autour du sport. Je trouve ça très bien que les forces de l’ordre se mettent au diapason en accueillant des policiers étrangers !», s’enthousiasme-t-elle en s’éventant avec un panneau portant l’inscription «Vive Lisa Barbelin», du nom de l’athlète qui s’est qualifiée mardi pour les 8e de finale en tir à l’arc féminin.
À quelques pas de là, une petite dizaine d’uniformes bleus patiente sous les platanes qui s’élancent sur les Champs. Un touriste brésilien pianote un instant sur son téléphone, avant de s’approcher d’eux. «Hola, ¿pueden decirme cómo llegar a la Torre Eiffel?» [Bonjour, vous sauriez m’indiquer comment aller jusqu’à la tour Eiffel ?, NDLR]. Le policier se frotte le front, baragouine quelques mots d’anglais approximatifs avant d’appeler à la rescousse son collègue espagnol. Il lâche un rire contrit. «Je suis du Finistère, et l’anglais, les rues de Paris et moi, ça fait 12», plaisante-t-il. Et de désigner les Brésiliens qui s’éloignent vers la bouche de métro : «Mais comme on est très nombreux à patrouiller, on trouve toujours une solution pour les aider», lance-t-il. «Avec ces effectifs internationaux, il y a une plus-value manifeste pour surmonter la barrière de la langue», complète au téléphone Éric Henry, délégué national d’Alliance Police nationale. Qui ajoute : «le policier est à la fois un sociologue de terrain et un urgentiste, qui répond à toute sollicitation.»
Baisse des vols dans les transports en commun
Ce renforcement vise à sécuriser la ville et les dispositifs sportifs, mais aussi à faire «office de drapeau rouge dissuasif si certains voulaient commettre des agressions», soutient un agent de police, qui gère le trafic à l’aide de coéquipiers américains aux alentours de la Dame de Fer. 700 patrouilles de forces de l’ordre circulent chaque jour dans les transports en commun d’Île-de-France, souligne encore le délégué. Soit deux fois plus qu’en temps normal. Dans le détail, si les outrages ou violences sur les personnes dépositaires de l’autorité publique connaissent une hausse de 20 % depuis le 8 juillet, les vols sans violence diminuent depuis deux semaines dans les zones d’Île-de-France accueillant des sites olympiques. Y compris dans les transports en commun (-11% dans les 5 jours précédant le début des JO, par rapport à la semaine de référence en France), selon un rapport du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publié le 24 juillet. Lisa, qui s’apprête à grimper dans un wagon à la station de métro Charles Michel (XVe arrondissement), n’est pas étonnée de cette diminution. «Je suis infirmière, et je prends le métro le dimanche matin tôt, quand je pars faire ma garde de 24h», confie la jeune femme. «Je suis souvent avec des gens ivres ou un peu défoncés, qui zonent dans les couloirs. Mais depuis les JO, ils ne sont plus là et je croise des policiers dès 6 heures du matin dans le métro».
Les joues ornées de deux drapeaux français, Stéphane, attablé à la terrasse d’un café du XVe arrondissement, loue également le renforcement des effectifs. «On se sent rassurés de savoir qu’ils peuvent agir en cas de problème.» Le trentenaire cite pour exemple les attentats du 13 novembre 2015 au stade de France, qui avaient fait un mort et plusieurs blessés. «Je m’étais dit qu’avec ce drame, on voyait bien qu’on avait des difficultés à assurer la sécurité des spectateurs», se rappelle-t-il. «Mais force est de constater qu’avec tous les policiers qu’ils ont déployés, on ne sera sans doute pas embêtés.» Avant de lâcher, optimiste : «Croisons les doigts jusqu’au 11 août !»
«Ce serait bien que ça continue, même après les JO !», ose même espérer Lisa, qui voudrait «plus de présence policière dans les transports en commun à l’avenir, pour éviter de (se) faire embêter aussi souvent quand on est une fille». Lucien, qui s’apprête à enfourcher son scooter garé près de la Seine, salue de son côté une meilleure organisation du trafic routier. «On les voit faire la circulation aux abords des voies bouchées dans le centre de Paris, ça régule les bouchons. Ce serait intelligent de pérenniser le dispositif», réagit le quarantenaire. Qui ne souhaite pas pour autant un accroissement global des effectifs des forces de l’ordre dans les rues. «Faire en sorte qu’on se sente plus en sécurité, même après les JO, oui, je suis d’accord. Mais mettre des policiers à chaque coin de rue, non ! Il faut qu’on puisse continuer à se sentir libre de circuler». ■ JEANNE DURIEUX
C’est bien pourquoi avant de pleurnicher sur l’insécurité ou exiger du Pouvoir une plus grande sécurité il faut s’interroger sur les capacités supplémentaires qui sont ainsi offerte au système de renforcer son pouvoir coercitif.
Mieux vaut savoir tirer parti de l’insécurité que de donner à l’appareil d’Etat des alibis lui permettant de renforcer son emprise; mais nombreux sont ceux qui pensent – d’ailleurs à tort – que la sécurité maximum est … en prison … en Ehpad … Le Président de la République a bien compris le message des Français en leur proposant une société carcérale avec, cerise sur le gâteau, l’euthanasie.