Pouvons-nous dire en bref quelles peuvent ou doivent être selon nous, les réactions – préludant aux positions – du courant patriote français, membres, comme dit Bainville des « sociétés européennes », et plus spécifiquement de l’école maurrassienne, face aux deux ou trois points d’actualité que note Le Figaro ?
1. Nonobstant le cas Macron, qui a fait un fort mauvais usage de la « puissance présidentielle », il n’y a pas de quoi se féliciter de l’abaissement des pouvoirs du Chef de l’État au profit du Parlement, c’est à dire des partis, clans, factions, intrigues et égos… Transférés très partiellement à Matignon, les nécessaires pouvoirs de l’Exécutif seront, dans la période politique qui s’ouvre, dangereusement rognés par les partis, le réduisant à une action gouvernementale à la portion congrue. Or, face à la gravité des menaces intérieures – on sait lesquelles qui ne se réduisent pas à l’islam – et extérieures qui pèsent sur la France, celle-ci aura de plus en plus besoin d’un Chef, d’un Exécutif forts que ni les partis – ni, soit dit en passant, la funeste proportionnelle – ne peuvent permettre et que tout au contraire, ils n’ont de cesse de combattre et d’affaiblir. L’espèce de mode et d’assentiment à une restauration du parlementarisme doit être, à notre sens, dénoncée et combattue. La France n’a certes pas besoin d’un État tentaculaire, impuissant et poussif, horriblement coûteux autant qu’inefficace, mais d’un État fort, constant, déterminé, au lieu de velléitaire et hésitant, décisionnaire dans tout ce qui relève de son ordre, celui que, par référence à nos rois, nous appelons régalien.
2. La seconde composante en Une du Figaro d’aujourd’hui, c’est ce qui est présenté comme un « cas de conscience » et touche à la guerre en Ukraine, dès lors que son issue, à l’opposé des positions occidentalo-européennes, ne fait plus guère de doute et doit être plus ou moins avouée. Hypothèse impie, néanmoins envisagée dans un éditorial signé de Philippe Gélie « Si Moscou l’emporte, nos efforts auront été vains. » Eh bien, selon nous, justement, c’est non seulement qu’ils auront été vains, mais surtout horriblement dévastateurs d’hommes et de richesses, à commencer par le nôtres, et celles de l’Ukraine – dont c’est d’ailleurs l’affaire – sans compter le risque toujours présent et en l’occurrence criminel d’un engrenage politico-militaire conduisant à une guerre globale. Sur l’origine réelle de ce conflit, sur les intérêts qu’il sert et sur les objectifs de puissance – bien sûr extra-européens, car l’Europe n’est pas autonome – qui l’ont motivé, l’on est aujourd’hui informé. Ce qui nous parait relever d’un « cas de conscience », c’est la question de savoir pourquoi les nations du Vieux-Continent, Russie comprise, ne parviennent pas s’entendre pour s’assurer d’un minimum d’ordre et de paix européenne, plutôt que de se laisser imposer de l’extérieur, c’est à dire, bien sûr, par les États-Unis, leur asservissement, leurs divisions, et, en fin de compte, leur chaos ? Si nous devions être pris d’un « cas de conscience », c’est de cette question-là que nous nous soucierions !