Le Souper est une pièce de théâtre en un acte de Jean-Claude Brisville, écrite en 1989. En 1992, Édouard Molinaro en a tiré une adaptation cinématographique sous le même titre.
Personnages
- Talleyrand, prince de Bénévent et ministre des Affaires extérieures sous le Premier Empire (Claude Rich),
- Fouché, duc d’Otrante et ministre de la police dans plusieurs gouvernements (Claude Brasseur),
- Jacques, valet de M. de Talleyrand,
- Jean, valet de M. de Talleyrand.,
Résumé
La scène du souper se déroule à Paris le à minuit, dans l’hôtel particulier de Talleyrand (également nommé hôtel de Saint-Florentin). Fouché s’est rendu à l’invitation de Talleyrand. Napoléon a abdiqué et Paris est occupé par les troupes coalisées. On s’interroge alors sur la nature du gouvernement à donner à la France. Dehors, des émeutiers sont contenus avec difficulté par le service d’ordre de la capitale.
Fouché pense qu’il faut revenir à la république. Pour Talleyrand, il faut restaurer les Bourbons ; mais pour cela, il a besoin de l’appui de Fouché, alors président du gouvernement provisoire, qui contrôle la ville de Paris. Entre deux plats, les deux hauts dignitaires révèlent – souvent à demi-mot – leurs crimes, leurs trahisons, leurs intrigues. Mais ce fin souper est l’occasion de le convaincre que le retour de Louis XVIII sur le trône est la seule bonne solution. ■
Publié le 31 juillet 2020 – Actualisé le 2 octobre 2023.
Nous recommandons de lire le commentaire qu’Henri avait donné de ce film lors de sa première diffusion sur JSF.
La pièce est brillante, mais historiquement un peu rapide. Il faudrait reprendre les analyses d’Emmanuel de Waresquiel, le grand spécialiste de cette période dans son livre Talleyrand aussi son livre sur les Cent-Jours.
Emmanuel de Waresquiel dévoile implicitement (s’appuyant un peu sur Ferrero sans le citer) mais texte à l’appui le rôle complexe de Talleyrand et ensuite de Fouché que l’on ne peut réduire à la caricature célèbre qu’en a faite Chateaubriand, admirable écrivain, piètre politique, historien trop partial. En France on se paye souvent de bons mots, sans approfondir la réflexion.
Fouché des 1810 avait averti Napoléon, alors au faite de sa gloire, de sa folie guerrière, sabotant sa carrière, Talleyrand a risqué sa vie dès 1809 pour mettre fin à l’hubris napoléonienne et restaurer la légitimité en Europe en 1814. En France en 1815 après Waterloo, il fallait sauver la France de la furie vengeresse de Blücher qui voulait mettre Paris à feu et à sac, suite à la folie – criminelle ? – des Cent-Jours, Wellington pressait Louis XVIII de rentrer pour s’interposer. Ce ne sont donc pas les Bourbons qui sont rentrés dans les « fourgons de nos ennemis », mais bien Napoléon qui nous les a amenés, les Bourbons nous en ont libérés deux fois. Il a fallu la funeste légende de Sainte Hélène pour prendre la France en otage de ce contre-sens historique, que nous avons payé au prix fort en 187O et tutti quanti..
Fouché a agi en 1815 dans l’urgence quel que soit son passé (ou justement à cause de sa prodigieuse intelligence) par amour finalement de son pays, comprenant la vanité d’un régime qu’il avait trop servi pour ne pas en voir le vice constitutif et définitif. Après Waterloo, il lance à Carnot, jacobin ranci sous le harnais, qui veut continuer la lutte contre les Bourbons « finie la comédie ». Par leur intelligence aigüe, quoiqu’on puisse en penser ces deux serviteurs de l’Etat ont, me semble-t-il, servi la France, voyant plus loin que leur ambition, Fouché le régicide prenant le plus de risques.
La pièce , « le souper « plus brillante que rigoureuse aurait pu porter la réflexion plus loin et nous rapprocher du mystère de notre histoire, ce n’est qu’un premier pas…à compléter.