Nous laissons le soin de commenter cet article à Christophe Boutin qui le fait ainsi sur sa page FB : « Dans l’Union comme en France la droite « institutionnelle » n’a le choix qu’entre un renforcement de son alliance avec le centre – dans une dérive de sécession des élites – et la prise en compte des évolutions de ses électeurs et donc l’alliance avec les souverainistes. dans tous les cas elle se montre dépassée, et prouve que ses choix antérieurs étaient contre-nature… La fausse alternance entre droite et gauche « de gouvernement » en France, la collaboration institutionnelle entre « européens » dans l’UE trouvent leurs limites. »
Par Florentin Collomp, correspondant à Bruxelles.
« Le centre droit du PPE a bien compris qu’il fallait réagir sur l’immigration clandestine ou perdre politiquement à terme en étant chassé du pouvoir ». Marion Maréchal, eurodéputée ECR
DÉCRYPTAGE – Sociaux-démocrates, Verts et centristes reprochent à la droite du PPE de mettre en péril leur coopération en cherchant à s’allier avec les souverainistes.
Débat sur l’immigration au Parlement européen réuni en plénière à Strasbourg, mercredi 23 octobre. Un sujet qui s’est imposé au cœur de l’actualité de l’Europe ces derniers temps, reflet, entre autres, de la poussée des partis à l’extrême droite de l’échiquier politique aux élections européennes de juin. Un nouveau rapport de force au Parlement s’installe, qui sème le trouble dans les états-majors.
Les Verts et les libéraux de Renew voulaient mettre à l’ordre du jour du débat parlementaire une discussion sur l’accord controversé entre l’Italie et l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile. Mais le vote du PPE (Parti populaire européen, droite), premier parti du Parlement européen, associé en l’occurrence avec les Patriotes pour l’Europe de Jordan Bardella et Viktor Orban, le groupe Conservateurs & Réformistes (ECR) de Giorgia Meloni et l’Europe des nations souveraines de l’AfD allemande, s’y est opposé.
« Le PPE casse notre alliance en s’alliant avec une extrême droite qui veut détruire les valeurs européennes, s’étrangle Iraxte Garcia Perez, chef de file des socialistes européens. Il va devoir faire un choix et définir clairement ses positions. » L’équilibre de la majorité traditionnelle au Parlement européen vacille. Il repose sur une coalition de fait entre le PPE, à droite, les Socialistes & Démocrates, à gauche, et les centristes de Renew, ainsi que les Verts à l’occasion. C’est la majorité qui a permis la réélection d’Ursula von der Leyen, issue du PPE, pour un second mandat, en juillet. Malgré leurs craintes avant le scrutin, le résultat des européennes avait préservé la majorité absolue de ces partis coalisés, avec 401 sièges sur 720. Mais la progression des souverainistes et nationalistes, répartis en trois groupes, fait pencher le centre de gravité du Parlement vers la droite. Les Patriotes sont devenus son troisième groupe. Les macronistes de Renew sont relégués au cinquième rang, derrière les Conservateurs et réformistes (ECR) de Giorgia Meloni, qui accueillent aussi Marion Maréchal.
D’où la tentation croissante de Manfred Weber, le président allemand du PPE, de trouver de nouveaux partenaires. Cela s’est concrétisé lors du vote d’une motion sur les élections au Venezuela, en septembre, pour lequel il s’est passé des socialistes et des centristes grâce aux voix des Patriotes. Puis lorsqu’il s’est agi d’établir le calendrier des auditions des futurs commissaires européens, avec le souci commun de « protéger » Raffaele Fitto, le candidat désigné par Giorgia Meloni. Ursula von der Leyen l’a nommé vice-président exécutif de la Commission – une « ligne rouge » pour les socialistes. Les auditions risquent donc de mettre à l’épreuve ces alliances en pleine recomposition.
« Capacité de compromis »
« La balle est dans le camp du PPE. Il ne peut pas y avoir deux majorités », affirme Christophe Clergeau, vice-président des sociaux-démocrates. Il entend marquer le coup face à la tentative d’Ursula von der Leyen de « s’extraire de sa dépendance vis-à-vis de nous en donnant des gages à l’ECR de Giorgia Meloni ». Qui n’a même pas soutenu sa réélection.
Renew s’inquiète, lui aussi, de ce nouveau flirt à ses dépens. Le groupe centriste y voit une revanche du PPE par rapport à la précédente législature, durant laquelle il l’a forcé à des compromis voire, parfois, contourné. « Les mêmes qui se désolent de ces nouvelles alliances étaient trop contents de trouver une majorité avec les Verts et l’extrême gauche pour nous mettre en minorité sur des textes comme la loi sur la restauration de la nature, les questions migratoires ou les emballages », note François-Xavier Bellamy, vice-président du PPE. Selon lui, cette « croisade » des macronistes à Strasbourg sur le cordon sanitaire autour de l’extrême droite vise à « éviter de payer les conséquences de leur défaite électorale ».
Passé de 102 à 77 sièges, le groupe Renew cherche à préserver sa position centrale. Derrière les postures, les discussions entre partis vont bon train. « C’est la base de notre relation de travail pour les cinq prochaines années qui est en jeu. J’espère ramener le PPE à bord d’une majorité proeuropéenne avec une capacité de compromis », assure Valérie Hayer, présidente du groupe Renew. Ces petites trahisons, limitées jusqu’ici à des votes de procédure, prendraient d’autres proportions quand il s’agira d’adopter des textes législatifs. Pour l’Insoumise Manon Aubry, les socialistes et les Verts vont être les « dindons de la farce » de cette nouvelle donne, « à l’heure où l’extrême droite est en train de prendre le pouvoir dans cette institution ».
Mais, rappelle François-Xavier Bellamy, il n’existe pas d’alliance ou d’accord de coalition formalisé en tant que tel. Les majorités se font « texte par texte, article par article, amendement par amendement », précise l’élu LR. Plus largement, il s’agit de prendre en compte « la nouvelle donne politique issue du vote des citoyens ». Le PPE n’est pas pour autant uni derrière cette stratégie. Certaines de ses composantes, dont les Polonais de la Coalition civique du premier ministre Donald Tusk, ne goûtent guère ces rapprochements avec leurs rivaux du PiS (Droit et Justice) qui siègent chez ECR. « Pactiser avec ceux qui veulent l’affaiblissement de l’Europe ne profitera à personne ; le PPE prend le risque de se faire dévorer », prévient Gilles Boyer, eurodéputé (Horizons) Renew. Il s’est d’ailleurs fait coincer en votant de concert avec eux un amendement sur le budget 2025 de l’UE déposé par l’AfD, réclamant qu’elle finance la construction de murs à ses frontières, pour se retrouver seul, et battu, sur l’ensemble du texte, finalement rejeté par ses alliés de circonstances. « Voir les chrétiens-démocrates s’allier à l’AfD risque de faire des vagues en Allemagne », souffle-t-on dans l’hémicycle.
Dans les trois groupes installés à la droite du PPE, on observe ces évolutions avec délectation. « On reçoit des appels, des visites, on nous considère soudain comme des gens normaux », s’amuse Jean-Paul Garraud, élu RN. Devenu troisième force du Parlement, son groupe Patriotes, présidé par Jordan Bardella, se sent moins isolé que par le passé. S’il a intenté un recours devant le tribunal de l’UE contre le « cordon sanitaire » dont il fait l’objet, il note positivement l’évolution du discours d’Ursula von der Leyen sur l’immigration, notamment son insistance à accélérer les « retours ».
« Le centre droit du PPE a bien compris qu’il fallait réagir, même timidement, sur l’immigration clandestine ou perdre politiquement à terme en étant chassé du pouvoir », analyse Marion Maréchal, eurodéputée ECR. Elle définit son groupe comme un « partenaire “fréquentable” anti-immigration qui ne subit pas le cordon sanitaire car il compte quatre partis qui participent au pouvoir dans leurs pays respectifs ». « Le système actuel est en train de disparaître », juge Jean-Paul Garraud. Selon lui, une recomposition durable des équilibres politique se profile durant cette nouvelle mandature – « surtout si les choses évoluent en notre faveur en France ». ■ FLORENTIN COLLOMP
Florentin Collomp
Il y a d’un côté Guillaume Bigot (voir JSF du 18 octobre) qui éclaire et, de l’autre, ceux qui se noyant dans un magma indémêlable de sigles, d’appellations, d’orientations (droite, gauche… avec ou sans guillemets), de coalitions, de citations, d’allusions, de clichés pour initiés…, nous attirent, et l’UE, au propre et au figuré, en paroles et en actes, dans leur naufrage.
Ce galimatias m’évoque l’image proposée par le Sicilien Leonardo Sciascia pour les textes de style « mafia »: l’envers d’une broderie.
Quelqu’un peut-il traduire cet article dans une langue claire, à la Bigot ?
Ben, nous aussi pouvons évaluer quelle tendance de fond se dégage de ce galimatias. On ne mange pas que du caviar – russe ou iranien. On ne boit pas que « de l’eau pure » (?). Les bainville ne courent pas les rues.