C’est une fable de La Fontaine revisitée où la cigale décide de braquer la fourmi, puis de la mettre à son service, tout en continuant de chanter, sans s’interdire de l’accuser de manquer de cœur.
À qui appartient l’épargne des Français ? Cette question, pour un esprit équilibré, n’a pas vraiment de sens, et n’appelle qu’une réponse : aux Français. Une réponse définitive, censée clore le débat. Mais on a pu constater, cette semaine, que ce n’était pas l’avis de plusieurs députés, pour qui l’épargne des Français, quelle qu’en soit la forme, est un réservoir potentiel de richesses pour l’État, le jour où ce dernier croirait avoir besoin de la confisquer pour payer ses dettes. C’est une fable de La Fontaine revisitée où la cigale décide de braquer la fourmi, puis de la mettre à son service, tout en continuant de chanter, sans s’interdire de l’accuser de manquer de cœur si elle n’accepte pas le rôle d’esclave fiscal. L’État, spécialisé dans l’art de s’endetter, sait néanmoins pratiquer l’extorsion de ses administrés qui savent gérer leur vie.
Les commentateurs se voulant rassurants se sont empressés d’expliquer que ces propositions ne se concrétiseraient jamais. Bonnes gens, ne vous en faites pas, épargnez encore librement, dans la mesure où il vous restera un peu d’argent, et dormez tranquillement. C’est une manière de faire oublier que Chypre, en 2013, a permis le pillage de l’épargne, pour affronter une crise financière et budgétaire. On l’oublie peut-être aussi, mais, à ce moment, les Chypriotes s’étaient rués sur les distributeurs pour récupérer leur argent, avant de découvrir que l’accès y avait été bloqué, apparemment pour éviter que le système ne s’effondre. On oublie aussi la loi Sapin 2, qui crée les bases, demain, d’une saisie de l’épargne des Français. L’État sait faire preuve d’imagination quand vient le temps de voler légalement ses administrés. C’est probablement ce qu’on appelle l’État de droit.
De manière assez schématique, on dira que la gauche s’imagine la richesse à la manière d’une donnée statique, non dynamique, d’une somme à partager de la manière la plus égalitaire possible entre les membres d’une société. Si certains ont plus que d’autres, c’est qu’ils ont trop pris. L’impôt punitif sanctionnera ces accapareurs. Le mérite, l’effort, l’inventivité seraient des ruses bourgeoises. L’égale dignité des hommes impliquerait l’égalité des conditions. L’inégalité serait en soi une injustice, le signe d’un rapport de force à déconstruire pour rétablir l’égalité originelle, dont nous n’aurions jamais dû nous éloigner. Le socialisme pousse à l’envi en laissant croire à chacun que le bien de son voisin devrait être le sien. Il laisse croire que le devoir de l’un commence où se formule le désir de l’autre.
De quoi la lutte des classes est-elle le nom, aujourd’hui, sinon d’un affrontement entre la classe bureaucratique et les forces productives, la première mettant la seconde sous tutelle en la vampirisant, sans l’asphyxier complètement.
La philosophie libérale, qui a l’avantage d’être ancrée dans une anthropologie réaliste, voit le monde autrement, et rappelle que la richesse est une dynamique, reposant en bonne partie sur la liberté accordée aux hommes de la créer. Ce qui implique la création d’un contexte institutionnel qui lui soit favorable, et relativement prévisible, permettant aux hommes d’agir, de créer et d’accumuler sans craindre l’action spoliatrice d’un État toujours prompt à vampiriser les ressources de la société pour permettre sa propre croissance, son extension. Cela implique aussi que cet environnement ne soit pas exagérément dissuasif et ne décourage pas l’effort des plus vaillants, des plus créatifs. C’est inévitablement ce qui arrive quand on se fait prendre la plus grande part de ce que l’on gagne.
On y revient : qu’est-ce que l’épargne ? Le fruit de la civilisation et d’une culture parvenant à convaincre les hommes de ne pas vivre comme des flambeurs. Ce n’est pas du goût des socialistes qui rêvent à chaque génération de remettre la société à plat, de tout recommencer à zéro, confirmant par là leur aversion pour la transmission intergénérationnelle. Aucun impôt n’est plus vil que l’impôt sur les successions. L’épargne suscite aujourd’hui l’hostilité, de là le retour à la mode de la théorie de la monnaie fondante, ayant pour vocation de perdre en valeur si elle est thésaurisée, et qui semble indissociable du projet sans cesse annoncé d’un euro numérique. Ce qui semble relever aujourd’hui de la spéculation ésotérique pourrait demain être terriblement concret.
De quoi la lutte des classes est-elle le nom, aujourd’hui, sinon d’un affrontement entre la classe bureaucratique et les forces productives, la première mettant la seconde sous tutelle en la vampirisant, sans l’asphyxier complètement. Un authentique sabrage dans les dépenses publiques concernerait pourtant moins les services sociaux élémentaires que les privilèges accumulés de la caste bureaucratique, avec son multiétagé administratif, ses agences nombreuses et absurdes et ses groupes militants assistés, toujours vivant d’une mendicité rentable, à coups de subventions obtenues pour ensuite faire la morale au commun des mortels, traité, pour reprendre une expression populaire, comme le cochon de payant. ■ MATHIEU BOCK-CÖTÉ
Définition de l’État Providence, celui sous lequel nous avons le malheur de vivre : association de malfaiteurs pratiquant le vol et le racket en bande organisée. Un État obèse, pillard et prédateur mais en même temps impotent, incapable d’exercer ses fonctions régaliennes, au premier chef la sécurité des biens et des personnes.
C’est pour votre bien qu’on vous prend votre pognon!
J’approuve totalement le point de vue de MBC
Etat spoliateur !