Envoyé par des lecteurs….ce document
qui vient illustrer (si l’on peut dire !…), et confirmer (malheureusement…) ce que nous écrivions ici-même le 9 janvier 2009:
Scandale à Nice… et ailleurs !
Les 7 photos que l’on voit ci-dessous ont été prises à Nice le premier janvier. Les tramways ont été bloqués, ce jour-là, de 14h30 à 16h 00, à cause d’une manifestation pro-palestinienne, qui coupait l’avenue Jean Médecin, au niveau de la rue Pastorelli.
Mais c’est dans toute la France que de semblables manifestrations/scandales ont ainsi eu lieu, tolérées par des pouvoirs publics qui n’auraient jamais dû les permettre. C’est une question de simple bon sens : en aucun cas le gouvernement ne devrait laisser des conflits qui ne sont pas les nôtres, et qui ne nous concernent pas directement, être importés en France.
Nous n’avons pas à être pris en otage par les supporters respectifs des deux camps; nous n’avons pas a subir les conflits des autres sur notre territoire.
bien sur, si c’était une manifestation pour la liberté du Tibet ou autre que des « arabes », vous ne prendriez même pas la peine de publier ce genre d’article…
ce qui vous embête le plus, c’est que cette manifestation fut autorisée. J’imagine déjà le contenu de votre article si en plus que ce soit pour la cause palestinienne, cette manifestation aurait été illégale !
mon commentaire ne vous touchera surement pas mais je trouve juste cela dommage tant de mauvaise foi.
Vous parlez de « mauvaise foi » et vous la placez chez nous; n’est-elle pas, plutôt, chez vous: nos phrases sont explicites: » en aucun cas le gouvernement ne devrait laisser des conflits qui ne sont pas les nôtres, et qui ne nous concernent pas directement, être importés en France.
Nous n’avons pas à être pris en otage par les supporters respectifs des deux camps; nous n’avons pas a subir les conflits des autres sur notre territoire. »
Contrairement à ce que vous affirmez sans preuve(s), nous dirions la même chose si des bagarres avec violences, pillages de magasins, destruction de mobilier urbain etc… avaient lieu opposant des « pro Tibet » à des « pro chinois »… et nous dirions aussi la même chose face à toute importation sur notre sol de toutes querelles étrangère qui, par définition, ne sont pas « les nôtres », qu’elles concernent des faits se passant dans n’importe lequel des cinq continents, et qu’elles concernent n’importe quel peuple de la terre….
Quand un pays ne se respecte plus lui-même, que ses familles sont détruites, que sa culture est méprisée ou oubliée par le plus grand nombre, y compris par ses dites « élites », que toute autorité, naturelle, politique, ou morale y est évanouie, qu’il n’a plus, au sens propre, ni foi, ni loi, (ou encore : qu’il n’a plus que des lois), autrement dit, en résumé, lorsqu’un pays se décompose, il est assez normal, surtout si le pays en question dispose encore d’une réserve de richesse enviable, que les étrangers, venus de pays misérables, s’y installent comme chez eux, profitent autant qu’ils le peuvent de son système, et, comme l’homme ne s’impose pas volontiers une « stricte modération », qu’ils transportent, sur son territoire, leurs querelles, leurs causes, les rancœurs subsistantes, nées de leurs misères ou de leurs luttes ou de leurs malheurs, historiques ou actuels. Les squats se forment, c’est évident, dans les demeures abandonnées. Et, d’autre part, il y a, entre eux et nous, une disparité lourde de conséquences : nous avons renié nos racines. Pas eux.
Dans de telles conditions, il est, somme toute assez naïf, d’en appeler – pour « interdire » les dites manifestations – aux pouvoirs publics, au gouvernement et autres autorités … Encore faudrait-il qu’il y en eût. Qu’ils aient quelque consistance. On devrait savoir ce qu’il en est.
Les premières manifestations en défense d’une cause étrangère, sur le sol français, dont, personnellement, je me souvienne, sont celles qui se déroulaient au cri d' »Israël vaincra », banderoles et drapeaux israéliens en tête, et, à la suite, une grande foule de citoyens … français. Etaient-ils des Français « de plastique » ? J’aurais tendance à répondre : au moins en partie, oui. C’était le temps où les officiers de liaison israéliens entraient comme dans un moulin et s’asseyaient sur les bureaux de l’état-major français, rue Saint Dominique…
La présence arabe, en France, est d’autant plus difficilement tolérable qu’elle est massive et, par là-même, à stricte raison de notre faiblesse, qu’elle est, souvent, arrogante et violente. Celle des Juifs est d’un autre ordre: elle est généralement « élitiste » et, en certains domaines, omniprésente. Son influence sur la substance intellectuelle, politique et morale du paysage social et politique français y a été, souvent, déterminante. Je ne dirai pas que cette influence n’a jamais été, à sa manière, et dans un tout autre ordre, qui n’est plus, ici, celui de la rue, tout aussi arrogante que d’autres.
Il y a eu, aussi, sur notre sol, les défilés irakiens, tibétains, birmans, kurdes, arméniens et autres.
Que le commentateur précédent se rassure: il n’y a pas, et de loin, et de longue date, que les Palestiniens pour prendre le sol français pour un terrain vague, ouvert aux quatre-vents. Mais cette conception d’ouverture aux quatre-vents, n’est-ce pas, en fait, la doctrine officielle de l’identité nationale ? Et la remettre en cause au profit d’une France historique et concrète, n’est-ce pas, déjà, ébranler les « piliers du temple » ?
Magnifique commentaire de Lori. Cependant, les manifestations en faveur de conflits étrangers ne datent pas de 1967, il y en a toujours eu; les français ont toujours eu le coeur ardent pour ce qui ne les concerne pas: ainsi les manifestations pour la Pologne à l’époque de Kociusko, ou pour la Grèce après les massacres de Chio. Les français sont ainsi
LIBERER LES PALESTINIENS DES MENSONGES DE BERNARD HENRI LEVY
in : Le monde diplomatique – par Alain Gresh
Il manquait encore sa voix dans le débat. Il vient enfin de s’exprimer dans un texte exemplaire paru dans Le Point, « Libérer les Palestiniens du Hamas ». Exemplaire ? oui, car, comme celui d’André Glucksmann, il résume tous les mensonges, toute la mauvaise foi de ceux qui pensent que, au-delà de telle ou telle erreur, la politique d’Israël doit être défendue contre ses ennemis, contre les barbares qui menacent de le submerger. Ce bloc-note mérite donc une analyse de texte détaillée (je mets entre guillemets les citations de BHL).
« N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements israéliens sur Gaza auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. »
Etrange argument. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste militaire pour savoir si des actions violent ou non le droit international : un philosophe pourrait faire l’affaire… Car les déclarations confirmant ce viol sont multiples.
« N’ayant, depuis des décennies, jamais pu me résoudre à distinguer entre bons et mauvais morts ou, comme disait Camus, entre “victimes suspectes” et “bourreaux privilégiés”, je suis évidemment bouleversé, moi aussi, par les images d’enfants palestiniens tués. »
« Cela étant dit, et compte tenu du vent de folie qui semble, une fois de plus, comme toujours quand il s’agit d’Israël, s’emparer de certains médias, je voudrais rappeler quelques faits. »
Bien sûr, personne ne peut accepter la mort d’un enfant, où qu’il soit, mais admirez le « cela étant dit »… qui laisse supposer que cette mort s’explique par le contexte.
« 1. Aucun gouvernement au monde, aucun autre pays que cet Israël vilipendé, traîné dans la boue, diabolisé, ne tolérerait de voir des milliers d’obus tomber, pendant des années, sur ses villes : le plus remarquable dans l’affaire, le vrai sujet d’étonnement, ce n’est pas la “brutalité” d’Israël — c’est, à la lettre, sa longue retenue. »
Il suffit de comparer le nombre de morts palestiniens et israéliens (avant les combats actuels) pour mesurer la « longue retenue ». En réalité, les bombardements sur Gaza n’ont jamais cessé, sinon pendant le cessez-le-feu signé le 19 juin 2008. Et que dire de la « longue retenue » des Palestiniens qui vivent sous occupation depuis quarante ans… Car, il faut le rappeler, l’origine de la résistance, ce n’est ni le Fatah, ni l’OLP, ni le Hamas, mais l’occupation, qui suscite toujours la résistance.
« 2. Le fait que les Qassam du Hamas et, maintenant, ses missiles Grad aient fait si peu de morts ne prouve pas qu’ils soient artisanaux, inoffensifs, etc., mais que les Israéliens se protègent, qu’ils vivent terrés dans les caves de leurs immeubles, aux abris : une existence de cauchemar, en sursis, au son des sirènes et des explosions — je suis allé à Sdérot, je sais. »
Bernard-Henri Lévy est allé à Sdérot (alors qu’en Géorgie, il a pu écrire des affabulations sur des lieux où il ne s’était jamais rendu), on n’en doute pas. Mais est-il jamais allé à Gaza ? A-t-il vu dans quelles conditions vivent les Palestiniens, depuis des dizaines d’années ? Interviewée par la télévision, une habitante de Gaza, à qui l’on demandait si elle rendait le Hamas responsable de ce qu’elle subissait, répondait en substance : il y avait des bombardements avant l’arrivée du Hamas et il y en aura après ; tout cela n’est que prétexte.
« 3. Le fait que les obus israéliens fassent, à l’inverse, tant de victimes ne signifie pas, comme le braillaient les manifestants de ce week-end, qu’Israël se livre à un “massacre” délibéré, mais que les dirigeants de Gaza ont choisi l’attitude inverse et exposent leurs populations : vieille tactique du “bouclier humain” qui fait que le Hamas, comme le Hezbollah il y a deux ans, installe ses centres de commandement, ses stocks d’armes, ses bunkers, dans les sous-sols d’immeubles, d’hôpitaux, d’écoles, de mosquées -efficace mais répugnant. »
Ce qui est répugnant, c’est la disproportion des forces. Comme le dit le philosophe (un vrai, celui-là) Michael Walzer, que j’ai déjà cité, « le tir au pigeon n’est pas un combat entre combattants. Lorsque le monde se trouve irrémédiablement divisé entre ceux qui lancent les bombes et ceux qui les reçoivent, la situation devient moralement problématique ».
Quant au fait que les combattants du Hamas se terrent dans les écoles ou les mosquées, il s’agit souvent de pure propagande, comme le prouve l’exemple de l’école de l’Unrwa bombardée par l’armée israélienne. Chaque fois que des observateurs neutres ont pu se rendre sur place, ils ont constaté que les allégations israéliennes étaient mensongères. On comprend que le gouvernement israélien refuse l’entrée du territoire aux journalistes étrangers.
D’autre part, rappelons que Gaza est un tout petit territoire, avec la plus forte densité de population du monde. Où sont censés s’installer les combattants ? Doivent-ils aller au-devant des troupes israéliennes pour servir de cible ? Qui pourrait reprocher aux insurgés parisiens de 1848 ou de 1870 d’avoir construit des barricades dans les rues de la capitale ? Et je rajoute, comme le fait dans un magnifique texte daté du 10 janvier, le militant pacifiste israélien Uri Avnery, « How many divisions ? »
« Il y a soixante-dix ans, durant la seconde guerre mondiale, un crime haineux a été commis dans la ville de Leningrad. Durant plus d’un millier de jours, un gang d’extrémistes appelé « l’armée rouge » a tenu en otages des millions d’habitants de la ville, et provoqué des représailles de la Wehrmacht allemande en se cachant au milieu de la population. Les Allemands n’avaient pas d’autre choix que de bombarder la population et d’imposer un blocus total provoquant la mort de centaines de milliers de personnes. (…) Voilà ce qu’on aurait pu lire dans les livres d’histoire si les Allemands avaient gagné la guerre. »
« 4. Entre l’attitude des uns et celle des autres il y a, quoi qu’il en soit, une différence capitale et que n’ont pas le droit d’ignorer ceux qui veulent se faire une idée juste, et de la tragédie, et des moyens d’y mettre fin : les Palestiniens tirent sur des villes, autrement dit sur des civils (ce qui, en droit international, s’appelle un “crime de guerre”) ; les Israéliens ciblent des objectifs militaires et font, sans les viser, de terribles dégâts civils (ce qui, dans la langue de la guerre, porte un nom — “dommage collatéral” — qui, même s’il est hideux, renvoie à une vraie dissymétrie stratégique et morale). »
Dissymétrie stratégique ? Incontestablement. Un dirigeant du FLN algérien Larbi Ben M’hidi, arrêté durant la bataille d’Alger en 1957 (puis assassiné), et à qui des journalistes français reprochaient d’avoir posé des bombes dans des cafés, répondait : « Donnez-moi vos Mystère, je vous donnerai mes bombes ». Si placer des bombes dans un café est condamnable, que faut-il dire des bombes larguées d’un avion sur des populations civiles ?
Dissymétrie morale ? Les punitions collectives infligées depuis des années à Gaza sont, selon Richard Falk, envoyé des Nations unies dans les territoires palestiniens, « un crime contre l’humanité ». Que dire alors de ce qui se passe depuis…
Parlant de ses négociations avec le gouvernement sud-africain et de ses demandes d’arrêter la violence, Nelson Mandela écrit : « Je répondais que l’Etat était responsable de la violence et que c’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense. » (Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté, Livre de poche, p. 647)
« 5. Puisqu’il faut mettre les points sur les i, on rappellera encore un fait dont la presse française s’est étrangement peu fait l’écho et dont je ne connais pourtant aucun précédent, dans aucune autre guerre, de la part d’aucune autre armée : les unités de Tsahal ont, pendant l’offensive aérienne, systématiquement téléphoné (la presse anglo-saxonne parle de 100 000 appels) aux Gazaouis vivant aux abords d’une cible militaire pour les inviter à évacuer les lieux ; que cela ne change rien au désespoir des familles, aux vies brisées, au carnage, c’est évident ; mais que les choses se passent ainsi n’est pas, pour autant, un détail totalement privé de sens. »
Ce que notre « philosophe » oublie, c’est qu’Israël, qui appelle les gens à quitter leur maison, ne les laisse pas vraiment aller ailleurs. Le haut-commissaire pour les réfugiés remarquait que c’était le seul conflit du monde où on interdisait aux populations civiles de quitter leur territoire. Et ceux qui se réfugient dans des lieux soi-disant sûrs sont victimes des bombardements, comme les 40 civils tués dans une école de l’Unrwa. On peut noter que, selon Chris Gunness, le porte-parole de l’Unrwa, l’armée israélienne a reconnu qu’aucun tir n’était venu de cette école.
Un indice, parmi tant d’autres, du comportement de l’armée israélienne est donné par le CICR, qui fait, en général, preuve d’une grande réserve.
« Dans l’après-midi du 7 janvier, quatre ambulances du Croissant-Rouge palestinien et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont réussi à obtenir pour la première fois l’accès à plusieurs maisons touchées par les bombardements israéliens dans le quartier de Zeitoun, à Gaza. »
« Le CICR avait demandé depuis le 3 janvier que les ambulances puissent accéder à ce quartier en toute sécurité, mais il n’a obtenu l’autorisation des Forces de défense israéliennes que l’après-midi du 7 janvier. Dans une des maisons, l’équipe du CICR et du Croissant-Rouge palestinien a découvert quatre petits enfants à côté de leurs mères respectives, mortes. Ils étaient trop faibles pour se lever tout seuls. Un homme a également été trouvé en vie, trop faible pour se mettre debout. Au total, au moins 12 corps gisaient sur des matelas. »
« Dans une autre maison, l’équipe de secours du CICR et du Croissant-Rouge palestinien a découvert 15 survivants de l’attaque, dont plusieurs blessés. Dans une troisième maison, l’équipe a trouvé trois autres corps. Des soldats israéliens occupant un poste militaire à 80 mètres de cette maison ont ordonné à l’équipe de secours de quitter la zone, ce qu’elle a refusé de faire. Plusieurs autres postes des Forces de défense israéliennes se trouvaient à proximité, ainsi que deux tanks. »
« “Cet incident est choquant, a déclaré Pierre Wettach, chef de la délégation du CICR pour Israël et les territoires palestiniens occupés. Les militaires israéliens devaient être au courant de la situation, mais ils n’ont pas porté secours aux blessés. Ils n’ont pas non plus fait en sorte que le CICR ou le Croissant-Rouge palestinien puissent leur venir en aide.” »
(…)
« Le CICR a été informé que davantage de blessés avaient trouvé refuge dans d’autres maisons détruites du quartier. Il demande à l’armée israélienne de lui permettre immédiatement, ainsi qu’aux ambulances du Croissant-Rouge palestinien, d’accéder en toute sécurité à ces maisons et de chercher d’autres blessés. Les autorités israéliennes n’ont toujours pas confirmé au CICR qu’elles lui autoriseraient l’accès. »
« Le CICR estime que dans le cas présent, l’armée israélienne n’a pas respecté son obligation de prendre en charge les blessés et de les évacuer, comme le prescrit le droit international humanitaire. Il juge inacceptable le retard avec lequel l’accès a été donné aux services de secours. »
On pourra aussi regarder le témoignage bouleversant d’un médecin norvégien, Mads Gilbert, pris sous les bombes. Lire aussi le décryptage en français : « C’est une guerre totale contre la population civile palestinienne ».
« 6. Et quant au fameux blocus intégral, enfin, imposé à un peuple affamé, manquant de tout et précipité dans une crise humanitaire sans précédent (sic), ce n’est, là non plus, factuellement pas exact : les convois humanitaires n’ont jamais cessé de passer, jusqu’au début de l’offensive terrestre, au point de passage Kerem Shalom ; pour la seule journée du 2 janvier, ce sont 90 camions de vivres et de médicaments qui ont pu, selon le New York Times, entrer dans le territoire ; et je n’évoque que pour mémoire (car cela va sans dire-encore que, à lire et écouter certains, cela aille peut-être mieux en le disant…) le fait que les hôpitaux israéliens continuent, à l’heure où j’écris, de recevoir et de soigner, tous les jours, des blessés palestiniens. »
Ce qui est difficile, quand on est philosophe, c’est de se renseigner et de descendre du ciel abstrait des idées pour s’intéresser au concret. Le nombre de camions qu’il indique est absolument dérisoire quand on connaît les besoins de Gaza. Normalement, il transite 500 camions par jour pour nourrir la population ; le blocus israélien ayant commencé dès le 5 novembre (après qu’Israël eut rompu la trêve en intervenant directement à Gaza), il n’est passé que 23 camions au cours du mois de novembre. Et ce blocus s’est intensifié avant les combats : la population était affamée et les hôpitaux sous-équipés. Que quelques dizaines de camions aient pu passer après, grâce à quelques déclarations fortes des Nations unies, ne change pas la situation.
« Très vite, espérons-le, les combats cesseront. Et très vite, espérons-le aussi, les commentateurs reprendront leurs esprits. Ils découvriront, ce jour-là, qu’Israël a commis bien des erreurs au fil des années (occasions manquées, long déni de la revendication nationale palestinienne, unilatéralisme), mais que les pires ennemis des Palestiniens sont ces dirigeants extrémistes qui n’ont jamais voulu de la paix, jamais voulu d’un Etat et n’ont jamais conçu d’autre Etat pour leur peuple que celui d’instrument et d’otage (sinistre image de Khaled Mechaal qui, le samedi 27 décembre, alors que se précisait l’imminence de la riposte israélienne tant désirée, ne savait qu’exhorter sa “nation” à “offrir le sang d’autres martyrs” — et ce depuis son confortable exil, sa planque, de Damas…). »
Rappelons, encore une fois, que c’est l’armée israélienne qui, dans la nuit du 4 au 5 novembre, a violé le cessez-le-feu par une incursion qui a provoqué la mort de quatre Palestiniens. Et que, d’autre part, Israël n’a jamais respecté une des clauses de l’accord qui était l’ouverture des points de passage entre Israël et Gaza, contribuant ainsi à affamer la population.
Mais, surtout, qu’est-ce qui empêche la signature de la paix ? Rappelons que, pendant plusieurs années, les dirigeants israéliens ont affirmé que le seul obstacle à un accord était Yasser Arafat. Après sa mort, Mahmoud Abbas (Abou Mazen) a été élu. Il a été salué en Israël, aux Etats-Unis et en Europe comme un dirigeant modéré. Cela fait quatre ans qu’il est président, cela fait quatre ans qu’il négocie au nom de l’Autorité palestinienne avec le gouvernement israélien. Le Hamas n’était pas partie prenante de ces négociations, et pourtant elles ont échoué, parce qu’Israël refuse l’application des résolutions des Nations unies, le retrait des territoires occupés en 1967. Tous les Etats arabes ont accepté l’initiative de paix du roi Abdallah proposant l’échange de la paix contre les territoires, et Israël a encore refusé…
« Aujourd’hui, de deux choses l’une. Ou bien les Frères musulmans de Gaza rétablissent la trêve qu’ils ont rompue et, dans la foulée, déclarent caduque une charte fondée sur le pur refus de l’“entité sioniste” : ils rejoindront ce vaste parti du compromis qui ne cesse, Dieu soit loué, de progresser dans la région-et la paix se fera. Ou bien ils s’obstinent à ne voir dans la souffrance des leurs qu’un bon carburant pour leurs passions recuites, leur haine folle, nihiliste, sans mots-et c’est non seulement Israël, mais les Palestiniens, qu’il faudra libérer de la sombre emprise du Hamas. »
Comment faut-il les libérer ? Rappelons que la majorité des Palestiniens a voté pour le Hamas dans des élections libres suscitées par les Etats-Unis et l’Union européenne. Ils ont voté pour protester contre l’incurie de l’OLP et contre l’échec du processus d’Oslo que le Fatah avait prôné. Au nom de « nos valeurs », nous avons refusé le verdict des urnes… Le peuple vote mal, changeons-le. Ou plutôt, imposons-lui une bonne dictature ou une bonne occupation qui le civilisera. C’était le raisonnement des Soviétiques quand ils sont intervenus en Afghanistan en décembre 1979, et que Georges Marchais évoquait « le droit de cuissage ». Faut-il s’étonner que Philippe Val, dans son éditorial de Charlie Hebdo, « Gaza : la colombe, le faucon et le vrai con », évoque cette invasion : « Les Soviétiques eux-mêmes, en 1979, avaient senti le danger (l’islamisme), et, à tort ou à raison (sic), avaient envahi l’Afghanistan. » Voici revenu le temps du colonialisme : nous allons civiliser tous ces indigènes qui acceptent le droit de cuissage, la polygamie, le voile, etc., et les libérer de la sombre emprise des intégristes.
Elles reviennent régulièrement, année après année, mais sont toujours appliquées à la lettre :
Les douze règles du journalisme « indépendant » :
Règle n° 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers, et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.Règle n° 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.
Règle n° 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.
Règle n° 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.Règle n° 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens ; c’est un enlèvement, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.Règle n° 6 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique « terroriste ».Règle n° 7 : Quand vous dites « Hezbollah », il faut toujours ajouter l’expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».Règle n° 8 : Quand vous dites « Israël », il ne faut surtout pas ajouter : « soutenu par les États-Unis, la France et l’Europe », car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.
Règle n° 9 : Ne jamais parler de « territoires occupés », dites seulement « territoires », ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur.Règle n° 10 : Ne pas dire « armée israélienne », appelez-la affectueusement par son petit nom, Tsahal.Règle n° 11 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. Ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent mieux nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 10). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.
Règle n° 12 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles, ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un « dangereux antisémite. »