Journal de l’année 14 de Jacques Bainville : Les notes sont quasiment quotidiennes jusqu’au 31 décembre. Sauf du 14 au 27 août à cause des contraintes de la guerre. Nous conseillons vivement de les lire au jour le jour, comme elles furent écrites. Sachons que notre situation française et européenne d’aujourd’hui découle largement des grands événements relatés ici !
« Le retour du gouvernement à Paris met d’ailleurs fin à la mission de Gallieni… »
Le général Gallieni estime avoir gagné la bataille de la Marne en dépêchant sur l’Ourcq 15.000 hommes montés dans trois mille taxis-autos réquisitionnés. Le haut commandement juge au contraire que l’intervention de Gallieni sur l’Ourcq n’a été qu’un épisode qui n’est même pas mentionné dans le rapport du généralissime sur la victoire de la Marne. D’où froissements et mécontentements. Gallieni se plaint que on rôle soit diminué, sollicite la presse de lui rendre justice. La censure interdit la publication de la moindre note relatant l’affaire des trois mille taxis-autos et donne pour prétexte la consigne donnée par le général Gallieni lui-même de ne pas permettre aux journaux de raconter cet incident. Etrange !
Le retour du gouvernement à Paris met d’ailleurs fin à la mission de Gallieni, qui serait nommé au commandement de l’armée d’Alsace. C’est évidemment un des incidents qui sont nés du triple pouvoir de Bordeaux, de la place de Paris et du grand quartier général.
En outre, le véritable vainqueur de la Marne, c’est-à-dire l’homme qui aurait eu la première idée, la conception originelle de la bataille, serait non plus le général Foch mais le général Boëll. Cela dit pour montrer l’incertitude et les contradictions au milieu desquelles vivent ceux-là même qui sont renseignés. ■ JACQUES BAINVILLE
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