Voir notre publication Une question « incorrecte » mais redoutablement efficace de Michel Michel. À quoi ces réflexions sont dues.
De David Gattegno.
Sauf erreur, l’idée nommée « Terreur » est délibérément mise à l’ordre du jour, et avec ce terme, le 5 septembre 1793, par l’assemblée de la Convention nationale, à l’appel de Barère de Vieuzac, porte-parole du Comité de Salut public.
La chose fut historiquement acquise dans ces termes jusqu’à ce que, plus ou moins récemment, un volume publié aux quasi officielles éditions Gallimard veuille faire croire que ce ne serait pas tout à fait cela, qu’il faut nuancer les choses et, surtout, se méfier du terme… Néanmoins, on a bien la trace documentaire de l’adresse d’Hébert (lui-même guillotiné un an plus tard), adresse au Comité de Salut public, disant :
« L’heure de la vengeance est arrivée, point de quartier ; la Convention vous a donné la plus grande latitude de pouvoir ; elle a ordonné que tous les gens suspects soient arrêtés : eh bien ! Il faut mettre en état d’arrestation non seulement les aristocrates décidés, mais aussi ceux qui n’ont rien fait pour la liberté. Il faut que la terreur soit à l’ordre du jour. » (Séance du Conseil général de la Commune de Paris du 15 septembre, Journal de la Montagne.)
On peut comprendre la tentative de falsification de l’Histoire par les mots, tentée à l’enseigne des éditions Gallimard ; on peut la comprendre, puisque, aujourd’hui, on se gargarise du mot « terrorisme » dès lors qu’il s’agit de rendre indiscutable le fait que l’on condamne tels ou tels autres acteurs de l’Histoire contemporaine.
Cependant, l’idée même de « terrorisme », en tant que modalité d’action politique justifiée par les événements, remonte bien à la théorie, telle qu’elle a été formulée et mise en place par les institutions révolutionnaires.
Comme le dit le chapô de JSF, c’est bien la France qui a donné un sens politique au mot Terreur – encore qu’il ne faille pas considérer la « France » révolutionnaire comme notre pays. C’en est un tout autre, qui vient alors s’opérer, selon la modalité du premier « grand remplacement » connu sous ces latitudes : éliminer le peuple précédent par la loi, la justice, et guillotiner, infernaliser en colonnes les provinces, tanner les peaux de Vendéens (cela a été rigoureusement documenté par un historien de gauche, que j’ai entendu justifier « historiquement » tous ces actes révolutionnaires), etc. Une nouvelle idée du « pays » se constitue, l’idée nationale de « la patrie en danger », assortie à la sauce des « ennemis de l’intérieur », justifiant que l’on extermine industriellement.
Si l’on compare les incidences, les gens du Hamas sont des enfants de chœur ; les islamistes, une bande de rigolos ; la bande à Baader, une association caritative ; et j’en passe.
Autrement, la guillotine n’aurait été qu’un « détail de l’Histoire ».
La différence entre guillotine et chambres à gaz tient à ce que la guillotine a fondé le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, qu’elle a déterminé une page de l’Histoire – toujours d’actualité judiciaire, bureaucratique, institutionnelle, policière –, alors que le régime des chambres à gaz n’a pas duré et se trouve désormais exclu du champ de toute légitimité.
S’il fallait balancer différents « détails de l’Histoire » entre eux, n’importe qui sait se figurer quel plateau subirait la plus forte pesée…
Quant au génocide, je n’en connais qu’un qui ait pour ainsi dire « réussi » : celui des Peaux-Rouges, un point c’est tout et gloire à Geronimo, à Tatanka Yotanka (Taureau-Assis), Ma-ka-ta-i-me-she-kia-kiak (Aigle Noir), Tashunca-Uitco (Cheval-Fou) et le bouleversant Chef Joseph, de son nom Hinmaton-Yalaktit (Tonnerre de la Montagne)… Gloire aux grandes nations indiennes ! ■ DAVID GATTEGNO
ÀPost du 14 janvier 2025.
Il est indécent de comparer la guillotine et les chambres à gaz, sur le fonds et la forme. Un peu plus de lucidité et de raison politique ne nuit pas bien au contraire. Est-il vraiment besoin d’exprimer la fondamentale différence ? J’espère que non.