
« Geoffroy de Lagasnerie n’en est pas à sa première énormité. On se souvient de son passage sur France Inter, en septembre 2020, lorsqu’il avait théorisé le refus des principes démocratiques et préconisé la censure des gens de droite. « Vous savez, le respect de la loi n’est pas une catégorie pertinente, pour moi, ce qui compte, c’est la justice et la pureté, avait-il expliqué ». On pourrait presque être d’accord !
Par Jean Kast.
Cet article est paru le 30 janvier dans Boulevard Voltaire. Nous n’y ajouterons pas de commentaire particulier. Sa lecture nous paraît intéressante, simplement.
Leur colère ne faiblit pas. Après plusieurs jours de polémique hypocrite et d’exégèse stérile, les figures de la gauche ne pardonnent toujours pas à François Bayrou son emploi du terme « submersion ». « J’ai été extrêmement choqué par ce mot indigne », a par exemple déclaré Geoffroy de Lagasnerie, mercredi, sur France Culture. Et le motif de son indignation ne manque pas de sel : contrairement à d’autres, le sociologue et philosophe d’extrême gauche ne nie pas la réalité du raz-de-marée migratoire. Il en conteste simplement l’illégitimité. Il fallait y penser. Pour lui, les millions de migrants africains qui déferlent sur nos côtes européennes ont parfaitement le droit de s’y installer. « Penser qu’il y a des gens qui ont plus de droits que d’autres à être sur un territoire est une pensée raciste, a-t-il ainsi professé. Certains rentrent sur un territoire par un avion, certains rentrent par un bateau, certains rentrent par le sexe de leur mère à la naissance… Mais ce sont seulement des techniques d’entrée sur un territoire. […] De ce point de vue-là, toute personne est légitime à vivre sur le territoire sur lequel elle vit. »
On connaît par cœur cette rengaine gauchiste qui préconise la dissolution des nations et des identités européennes. « Les nations n’existent pas : ce sont des fictions collectives », avait déjà éructé, en son temps, le politologue Thomas Guénolé. Les défenseurs de cet extrémisme migratoire voudraient nous faire croire qu’il suffit de fouler une terre pour en devenir propriétaire, que nous vivons un territoire sans âme, désincarné, qui n’appartiendrait à aucun peuple en particulier. Toute opinion divergente étant, à leurs yeux, frappée du sceau de la haine et du rejet.
La réhabilitation du colonialisme ?
Mais, s’il est « raciste » de penser que « des gens ont plus de droits que d’autres à être sur un territoire », on en déduit donc qu’il était également « raciste » de faire partir les Français d’Algérie dans les années 60, n’est-ce pas ? De même, il serait probablement « raciste » de penser que la Cisjordanie appartient aux Palestiniens et que les Israéliens n’auraient pas le droit de s’y installer… Le philosophe de salon viendrait-il de justifier malgré lui le colonialisme que lui et les siens dénoncent à longueur de journée ? Oups !
Geoffroy de Lagasnerie n’en est pas à sa première énormité. On se souvient de son passage sur France Inter, en septembre 2020, lorsqu’il avait théorisé le refus des principes démocratiques et préconisé la censure des gens de droite. « Vous savez, le respect de la loi n’est pas une catégorie pertinente, pour moi, ce qui compte, c’est la justice et la pureté, avait-il expliqué face à une Léa Salamé consternée. Moi, je suis contre le paradigme du débat, contre le paradigme de la discussion […] j’assume totalement le fait qu’il faille reproduire un certain nombre de censures dans l’espace public pour rétablir un espace où les opinions justes prennent le pouvoir sur les opinions injustes. » Tout un programme.
Mercredi, sa longue intervention sur France Culture ne s’est pas résumée, hélas, à un éloge malencontreux du colonialisme. Avant tout, celui qui officie également en tant que professeur à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy était invité pour défendre son dernier ouvrage dans lequel il propose d’abolir la pénalité et imagine un monde où la justice serait centrée sur le soin et la prévention… C’est beau, de rêver. « Abolir la notion de crime est la condition pour forger une nouvelle vision du monde », délirait-il, il y a quelques jours déjà, dans Libération.
Une baisse de niveau généralisée
Bien sûr, il est aisé de démonter les théories anti-prison fumeuses de l’extrême gauche. On pourrait consacrer des articles entiers à démontrer que le laxisme judiciaire qu’elle appelle de ses vœux est en réalité déjà à l’œuvre depuis plusieurs décennies – avec le succès que l’on sait. Mais les délires post-adolescents de quelques sociologues ne seraient rien s’ils n’étaient régulièrement promus par des antennes de l’audiovisuel public. C’est là que réside le vrai problème. La bienveillance de France Culture envers la bouillie intellectuelle d’un Geoffroy de Lagasnerie – qu’elle ose qualifier de « pensée originale » – a de quoi inquiéter. Comme le signe d’un avachissement cognitif généralisé. ■ JEAN KAST
Tout ce qui est excessif est insignifiant.
Je suis au regret de devoir tordre le cou au vil fer tiédasse de cette citation du vingt fois traitre Talleyrand…
Il faut être glacé ou brûlant, savoir dire un non qui est non et un oui qui est oui, ne pas se laisser aller à la boiteuse diablerie des girouettes diplomatiques, qui ne savent tourner des phrases que parce qu’il y a du vent. Sans le souffle EXCESSIF des tempêtes, ceux-là n’auraient pas même connu l’existence de l’air qu’ils respirent et se seraient éteints par asphyxie. Seuls, les «excès» de ceux qu’ils jugent ont pu donner consistance à leur verve visqueuse.
Et, justement, ici, c’est le refus des excès qui fonde le propos du bien-pensant ; seulement, tout comme le Talleyrand des sanglantes opérettes de la Révolution et de l’Empire, il soupire après le confort d’une retraite cossue dans l’entre-deux du «soin et de la prévention», dans l’exercice de la «dénazification» pacificatrice, de la «pédagogie» – lobotomie psychiatrique à coups d’antidépresseurs pour les malades atteint d’inconvenances politiques ; plus sûre que la guillotine, la légalisation canabisienne : «J’ai senti soufflé sur moi le vent de l’imbécillité» a dit Baudelaire dans «Les Paradis artificiels», portant aujourd’hui le singulier nom scientifique d’«Intelligence Artificielle» – Talleyrand en étant comme le prophète et sa maxime gâteuse, le lubrifiant…
Si, pour reprendre une vue de Baudelaire, la plus grande ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas, son arme de plus grande destruction s’occupe de faire croire qu’il existe en tant qu’il pourrait disputer la palme à Dieu.
Gloria in excelsis Deo et pax hominibus in terra !
J’en ai connu un grand nombre des universitaires, membres du CNRS, des « chrétiens de gauche » et autres intello-gauchistes qui portaient des noms comme Geoffroy de Lagasnerie. Ils défendent ce qu’ils croient être une « noble cause » qu’ils ne peuvent pratiquer.
C’est comme ces partis écologistes qui font leur meilleur score dans les quartiers les plus huppés de grandes métropoles. Pourquoi si peu d’ « écolos » ne vont-ils pas vivre à la campagnes ? Au moins, l’intellectuelle Simonne Weill avait-elle voulu travailler en usine… Quelques gauchistes avaient tenté de se faire engager à Renault Billancourt pour « rallier les masses » à leur rêve de Révolution. Ils ne sont pas restés longtemps quand ils n’ont pas été simplement vidés par les syndicats ouvriers. On peut tenter de mélanger l’huile et le vinaigre, mais très vite, spontanément, les deux liquides se séparent.
On soupçonnera que le véritable mobile de ces engagements théoriques qui correspondent si peu à son héritage et à sa pratique est en réalité la haine de soi . Le ressentiment est laid, mais le ressentiment contre soi-même est pathologique. Car le refus de son héritage ne peut être qu’une illusion malheureuse.
La Sagesse consiste au contraire à « l’amor fati », à adhérer à l’état dans lequel le « Karma » disent les indous, ou La Providence disent le chrétiens vous a placé : sexe, caste, état physique, classe sociale, héritage culturel,… et si possible à le perfectionner.
Malgré toute l’amitié que j’aie pour David et ses beaux cris que je rejoins, je suis bien obligé de réagir à son commentaire sur Talleyrand.. « Vingt fois traitre « ! Bigre. ! .
Drôle de traitre, qui sauve son pays de la débâcle et de l’envahissement, rétablit en 1814 le Roi et la légitimité, ce n’était pas gagné, avec son sens aigu du kairos, préside le congrès de Vienne avec l’appui de son Roi, rétablit aussi le concert des nations, mis à mal par l’aventure napoléonienne , et de surcroit la place de la France. Ne rétablit-il la paix en Europe à peu près jusqu’à la stupide et folle guerre de 1870, annonçant la catastrophe de la première guerre mondiale, relançant la montée aux extrêmes analysée pa R. Girard et initiée par nous ) .
Qui a mis à mal son pays d’adoption par sa folle guerre de Russie, et sa calamiteuse retraite ordonnée par lui beaucoup trop tard ?
Qui par son retour de l’Ile d’Elbe a voulu poursuivre son aventure, au mépris de la parole donnée, et a par sa légende, complaisamment établie avec la complicité de Las Cas pesé sur notre histoire ?
.
Talleyrand, quoiqu’on puisse penser de sa vie privée, de son parcours politique, savait qu’il existait un principe qui lui était supérieur. Contrairement à son maître qu’il a tenté en vain de civiliser. .
Avant donc de parler de trahison pour celui qui se soumettrait au vent de l’histoire, il faudrait peut-être lire l’analyse de l’historien Italien Guglielmo Ferrero. Selon lui à Erfurt Talleyrand loin de trahir prend tous les risques, mêmes physiques, supplie Alexandre de résister à l’hubris de son maitre qui met en péril la civilisation européenne. Millénaire. La sauver, c’était aussi sauver la France ? Le débat n’est-il pas toujours actuel. Entre la tentation de dissoudre notre pays dans une tentation millénariste et de soumission à la conquête revendiquée, chère à un tribun , et ceux qui persistent à vouloir sauver la tradition et sa transmission, notre pays ..
Fouché malgré son passé tortueux n’a-t-il pas averti Napoléon avant sa désastreuse campagne de Russie d’arrêter sa fuite en avant dans la guerre. N’a-t- il pas rétabli Louis XVIII en 1815 malgré l’opposition des jacobins enragés réunis autour de Carnot ?
L’intelligence en politique n’est-elle pas aussi une vertu chrétienne, quand elle permet en toute lucidité de prendre du champ, de nous libérer des passions destructrices ? De la logique d’une idée folle ? De la non pensée comme dirait Hannah Arendt ?
Talleyrand n’était pas un politique «intelligent» mais tissé de roueries, ce qui débouche assurément sur un sens pratique indéniable ; il était l’égal de ses opportuns contemporains, révolutionnaires, constituants, consulaires et autres impérialistes, dont il ne faut pas confondre le sens avec celui de la sainte dignité «impériale». Les observations historiques d’Henri sont factuellement fondées (encore que l’on puisse en observer quelques «points de détail» sous un tout autre point de vue). Mon point de vue observe Talleyrand, Robespierre, Fouché, le Buonaparte et les autres restant, dans le cadre du consortium d’intérêts communs qui les réunit précisément dans ce temps-là.
La vertu chrétienne à laquelle est traditionnellement censé obéir l’exercice politique est la Charité, on trouve cela quelque part chez saint Augustin, par exemple. Malheureusement, sans référence à un ordre supérieur – en état d’athéisme, en somme –, ce que l’on appelle politique – la «civilisation», au fond étymologique – se retrouve privée de ce qui la fonde et, en cet état de pragmatisme immédiat, tout devient alors permis, à commencer, évidemment, par les roueries de ce que l’on a le toupet d’appeler la diplomatie. Assurément, ladite rouerie obtiendra des résultats, toujours les mêmes : les résultats recherchés par les «intéressements», ceux-ci hiérarchisés selon le nombre de leurs divisions… Et, pour en terminer avec Talleyrand — qui n’a trahi que ses alliés, certes, mais c’est spirite trahison que de remplir ainsi sa tâche en traînant «son pied bot rond et court» dans les salons –, il faut insister sur le fait que ce n’est nullement lui qui en a fini avec Napoléon mais la Sainte Alliance, dans laquelle Talleyrand a bien été contraint de mesurer la nécessité de faire entrer Louis XVIII.
Les vainqueurs de «l’Orgie» (selon le mot choisi de Charles Monselet pour signifier le niveau de la curée révolutionnaire) sont ceux que le conte «Vision sur le champ de Bataille de Dresde», d’Ernst Théodore Amedeus Hoffmann, célèbre dans ces termes : «Et je reconnus ces héros resplendissants, ces fils de Dieu : je reconnus Alexandre et Frédéric-Guillaume !»