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Par Aristide Ankou.
« Le vice-président des Etats-Unis fait bien la différence entre l’Union Européenne, « l’Europe », et les peuples qui la composent. »
Le discours que le vice-président américain a prononcé à Munich est réellement d’une grande simplicité et d’une très grande clarté et il faut avoir étudié dans une école de journalisme ou bien avoir « fait science-po » pour ne pas le comprendre.
Personne ne prétendra que J.D Vance est le roi de la dialectique ou le prince de la subtilité : il est, selon toute apparence, éminemment américain, pour le meilleur et pour le pire : direct, carré, patriote, à peu près imperméable au doute et à la métaphysique, et intimement persuadé de la supériorité providentielle du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, bref de la supériorité providentielle de la république américaine.
Ce que dit J.D Vance, c’est qu’avant de parler des moyens de la défense il faut savoir ce que l’on cherche à défendre. Et bien sûr on ne défend jamais simplement un territoire, mais, inséparablement, une certaine manière d’être et de vivre sur le territoire qu’on défend. Bref, on défend toujours un régime autant qu’un pays. Ou, si l’on veut, on défend toujours « des valeurs ».
Ce qui est d’ailleurs exactement ce que nos dirigeants ne cessent de proclamer : « nos valeurs », les « valeurs républicaines », les « valeurs de l’Europe », etc.
Or J.D. Vance constate que les « valeurs » que défend l’Union Européenne ne sont absolument pas celles que les Pères Fondateurs ou bien Abraham Lincoln pouvaient avoir à l’esprit lorsqu’ils parlaient de démocratie.
Le vice-président américain fait spécifiquement référence à trois phénomènes, étroitement liés entre eux : considérer que le résultat d’une élection n’est légitime que si le peuple a « bien » voté ; considérer que la liberté d’expression s’arrête là où commencent les « discours de haine » et la diffusion de « fausses informations » ; considérer que ceux qui affirment que l’immigration de masse n’est pas une chance pour une nation, qu’elle peut même être un péril mortel, sont des ennemis de la démocratie.
J.D Vance donne quelques exemples de ces phénomènes, je ne perdrais pas mon temps à les commenter ou à en donner d’autres : ils sont trop évidents, omniprésents, et même revendiqués, pour qu’il soit nécessaire de prouver leur existence.
La conclusion est donc évidente et sans appel : la « démocratie » que défend l’Union Européenne n’est pas la démocratie américaine. J. D. Vance suggère même, sans subtilité superflue, que cette « démocratie » européenne a à peu près le même rapport avec la démocratie américaine que les démocraties populaires avec les démocraties occidentales au temps de la guerre froide.
Par conséquent, l’Union Européenne n’est pas l’amie ni l’alliée de la république américaine qui a porté Donald Trump à sa tête. Ceux qui veulent défendre l’Union Européenne devront le faire sans les Etats-Unis, sans son argent, sans ses armes, sans le sang de ses citoyens.
Cela ne signifie pas que J.D Vance considère les Européens comme les ennemis de l’Amérique. Le vice-président des Etats-Unis fait bien la différence entre l’Union Européenne, « l’Europe », et les peuples qui la composent. Il exprime à plusieurs reprise sa sympathie pour les Européens, car il comprend bien que les nations européennes ont été peu à peu dépossédées de leur libre-arbitre et que, par exemple, « Aucun électeur de ce continent n’est allé aux urnes pour ouvrir les vannes à l’entrée non contrôlée de millions d’immigrés. »
Les nations européennes peuvent être amies de la nation américaine, l’Union Européenne ne le peut pas. Les peuples qui composent l’Union Européenne sont opprimés par cette Union, de cela J.D Vance est parfaitement conscient, mais, comme l’a dit il y presque deux siècles exactement un président des Etats-Unis, que J.D Vance connait probablement seulement de nom mais dont il se montre néanmoins un digne héritier :
« Partout où l’étendard de la liberté et de l’indépendance a été ou sera déployé, là se trouveront son cœur, ses bénédictions et ses prières. Mais [l’Amérique] ne va pas à l’étranger, à la recherche de monstres à détruire. Elle est la bienfaitrice de la liberté et de l’indépendance de tous. Elle n’est le champion et le défenseur que des siennes. »
A bon entendeur. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 15 février 2025).
Aristide Ankou