
Par Hilaire de Crémiers.
En France, aujourd’hui, il n’y a plus d’État. Ce qui s’appelle un État, cette autorité dotée de la puissance publique, auctoritas et potestas, chargée de l’intérêt général qui consiste à promouvoir et à protéger le bien commun.

Non, la France n’a plus de véritable État, c’est-à-dire cette structure sociale supérieure qui assume les fonctions régaliennes – il faut préciser : spécifiquement régaliennes et non le fouillis des fausses actions publiques –, un État souverain avec des personnes habilitées à cet effet, à la fois compétentes et responsables, à tous les degrés de la hiérarchie et dans les divers pouvoirs qui contribuent à la politique générale impulsée par l’autorité souveraine. Donc un État national, doté d’intelligence et de mémoire, représentatif de la nation, de son histoire comme de son avenir, fort sans être tyrannique ni trop écrasant, capable d’assurer l’ordre intérieur et la sécurité extérieure. En France, il n’existe plus ; même si le président, le gouvernement, les ministres s’agitent, se répandent en discours, expliquent leur importance, le véritable État n’est plus senti ni vu nulle part. Il est vrai que nos institutions républicaines telles qu’elles fonctionnent effectivement, dans leurs perpétuelles contradictions qui constituent l’essence même du régime, n’en favorisent pas l’émergence ni la permanence et la stabilité.
Une accumulation de scandales d’État
Certes, il y a encore quelques domaines où les responsables sont tenus par devoir professionnel, sous peine de faute grave, aux soucis exacts et précis de la défense nationale ou, ce qui revient au même, de l’intérêt supérieur de la France, indépendamment des partis et des idéologies ; mais, même encore là, la trahison des maîtres du régime, trahison qui fait corps avec ce régime lui-même, peut se donner libre cours sans rencontrer d’obstacle, en dépit de toutes les enquêtes et commissions parlementaires, comme en témoigne tout ce qui s’est passé ces dernières années. Répétons-le ici puisque ce n’est dénoncé presque nulle part ailleurs, alors qu’il s’agit d’une accumulation de scandales d’État : avec l’affaire Alstom, avec la question nucléaire, avec la gestion d’EDF encore pendante où se retrouvent complices les imbéciles, les escrocs et les profiteurs, avec cent autres affaires du même acabit, bien que moins voyantes et moins connues, dans l’aéronautique, la sidérurgie, la chimie, les industries de pointe, les confections textiles où les intérêts français ont été systématiquement bradés, et volontairement, par les plus hautes autorités de l’État, dans l’incurie générale du système politique et administratif. Il en est un qui le sait parfaitement, c’est Montebourg, mais c’est lui qui a été éliminé. Et il s’est bien gardé de casser la baraque, il s’est seulement dédouané. Difficile de comprendre pourquoi il adhère encore à un tel régime. De même les Marleix, les Retailleau, ce ministre de l’Intérieur qui se croit obligé de faire profession de foi républicaine dès qu’il prend la parole, et tous les autres qui constatent tous les jours qu’il est impossible de rien faire dans un régime où la trahison, l’imprévoyance, la négligence, la sottise idéologique sont de règle, pour ainsi dire, nécessaire et obligatoire, et, bien sûr, toujours laïque, même si elle est islamiste, et bien sûr encore, gratuite, même si elle est largement récompensée. Au fond, c’est comme avant 1939 ; et, là aussi, les moins incultes d’entre eux ont suffisamment lu et écouté leurs grands-parents pour le savoir ; et savoir aussi comment s’achèvent de tels comportements. C’est, aussi bien, comme sous la IVe République dont plus personne ne se rappelle les scandales à répétition, et comme sous la Ve, et même depuis ses débuts, en dépit des récits héroïques qui ne sont que des légendes. Qui vraiment osera rappeler par quels procédés le gaullisme est revenu au pouvoir ?
La dérive aujourd’hui est totale.
Non, les politiques dites d’État, d’une manière générale, n’ont plus rien de national, sauf le qualificatif. Elles servent d’instrument aux idéologues des partis pour prendre la direction du pays. En tous les domaines. N’a-t-on pas nommé, grâce à Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, Dominique Voynet, le 19 mars dernier, au Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire. Ce titre pompeux fait impression, mais c’est encore un de ces innombrables bidules dont les États inconsistants s’affublent pour se donner l’illusion de l’efficacité. Il n’empêche que le RN a raison de crier au scandale. Voilà une femme qui a passé sa vie à systématiquement dénigrer le nucléaire, qui est une des responsables du retard français en la matière, qui a voulu casser la filière au plan européen et français, responsable aussi de la fermeture de Fessenheim avec Hollande et Macron, patronnant une écologie stupide qui plombe l’électricité française par la promotion systématique d’un renouvelable qui obère EDF sous une politique des prix aberrante, bref, une politicienne insensée qui fait carrière dans une République absurde dont les décisions contradictoires sur le sujet se succèdent depuis trente ans sans discontinuer. Et elle est nommée dans un comité qui se veut stratégique et emblématique ! Comment est-il possible de mentir aux Français à ce point ? De littéralement les cocufier ! Il leur est demandé d’adorer leur République et ils sont tenus aussi de l’adorer sans comprendre, d’acquiescer à des sottises sans nom pour mieux montrer leur religieux respect envers cette divinité républicaine qui couvre les pires prévarications.
Il apparaît de plus en plus à tous les niveaux que la République, ses ministères, ses administrations pléthoriques autant qu’inutiles, ses innombrables et indéfinissables Comités et Autorités, Conventions et Directions, ne sont que des structures d’instrumentalisation de la puissance publique au profit de ceux qui en vivent, politiciens, fonctionnaires complaisants, idéologues aux multiples réseaux, qu’ils savent greffer sur les pouvoirs et les deniers publics dans une complicité générale où la France est mise à contribution et à l’encan. La gauche est maîtresse en la matière, mais la droite passe son temps à s’essayer aux mêmes combines. Les affidés du gauchisme patenté et estampillé sont partout présents dans toutes les structures et à tous les niveaux décisionnels pour imposer leur vision dans tous les domaines. L’éducation est, par exemple, totalement sous leur emprise pour éduquer à leur manière la jeunesse, à l’encontre de tous les principes de la civilisation catholique et française. Les résultats sont là ; et le pire est que des hommes d’Église eux-mêmes corrompus ont donné la plus mauvaise image qui soit ! Toutes les questions sont aujourd’hui salies par les mêmes doctrines malignes qui faussent systématiquement toute vérité naturelle et surnaturelle par une subversion de tout l’ordre social, moral et religieux. Depuis des lustres, la vie sociale et culturelle ne se développe que dans une ambiance gauchisante, socialisante, marxisante, qui cherche à s’étendre jusqu’au fond des campagnes françaises ; la politique, elle-même, n’est qu’un moyen de tout idéologiser, tant au niveau national qu’à celui des collectivités territoriales, la décentralisation – les élus locaux le savent pertinemment – n’ayant servi de prétexte que pour mieux aligner la France tout entière sur les normes centralisées d’un État incompétent, aussi obèse qu’impotent, qui s’étale partout par un système totalitaire de lois, de décrets, de règlements qui s’entassent par centaines et par milliers, dont la logique et la simple coordination disparaissent dans ce fatras législatif et cet imbroglio réglementaire. Jamais l’absurdité n’est arrivée à un tel degré : tous les praticiens de la loi, de la vie sociale et communale, de l’entreprise et du commerce, vous le diront. Ce qui n’empêche nullement, et au contraire, de laisser prospérer les associations gauchisantes et les ONG dites internationales, rassemblées dans des coordinations idéologiques et qui vivent des subventions de l’État, des villes et des territoires. C’est littéralement monstrueux et pourtant cela se compte en milliards. Mais que voulez-vous, il faut bien que vive la République !
Un appel continuel à la guerre
Non, plus d’État. Pourtant, il y a bien à son sommet un homme qui prétend le représenter ; un agité hyperactif et volubile, autant rodomont qu’inconstant, aussi avantageux qu’inconsistant, d’humeur labile, compulsive, sans doute dystopique et frappé d’une sorte d’acathésie, qui l’empêche de réfléchir calmement et qui le pousse constamment à aller voir ailleurs pour mieux exister. Cet homme prétend déterminer la politique française. Lui seul dirige la politique extérieure, avec son caniche de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, l’insignifiant Jean-Noël Barrot, qui n’obéit qu’au seul président, sans même consulter son chef de gouvernement Bayrou. Alors, l’Algérie a toujours raison, même si elle condamne le citoyen français et écrivain de renom Boualem Sansal. Foi de Macron qui, toute honte bue, reconnaît en Tebboune l’homme du FLN qui ne cesse d’insulter la France, comme une sorte de vieux sage qui ne se trompe pas, ce président algérien qui est son confrère et son ami, et qui, en retour, ne veut admettre que Macron pour interlocuteur valable. « C’est mon seul repère », a-t-il proclamé. Retailleau peut aller se faire voir avec sa riposte graduée ! Son président le trahit.
C’est le même Macron qui fait croire que l’Europe existe et que c’est elle, autrement dit lui, qui résoudra le problème ukrainien, comme toutes les autres questions géostratégiques mondiales. Il se lance à fond, réunion sur réunion, dans l’idée d’une défense européenne qui n’existe pour le moment que sous forme de crédits alloués par Ursula von der Leyen – elle fait miroiter 800 milliards ! –, et de promesses budgétaires du côté des États européens, en particulier l’Allemagne pour 100 milliards, mais dont rien ne dit que l’investissement industriel et commercial sera véritablement européen et non pas otanien, et par conséquent, au moins jusqu’à aujourd’hui, américain. C’est le cas de la Pologne, des pays baltes, bien sûr de l’Angleterre, avec qui l’Allemagne veut s’entendre par-dessus la France, elle qui reste toujours le pion avancé des États-Unis. Keir Starmer l’a confirmé à plusieurs reprises. Et Friedrich Merz, le prochain chancelier d’Allemagne, n’a pas l’intention, avec ses 100 milliards pour la défense, de faire un cadeau à la France. Il lui ravira tout ce que ce crétin ou ce naïf de Macron est prêt à lui céder, tant sur la dissuasion que sur l’armement, tant sur la place internationale de la France, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, que sur une prétendue géostratégie européenne. Voilà des années que la France se dépouille au profit de l’Allemagne. Elle a détruit ses propres usines historiques, en particulier à Saint-Étienne, pour conforter les fabrications allemandes, non seulement pour les fusils et armes de poing, mais même pour les hélicoptères et jusqu’à Ariane 6. Tout est à l’avenant et personne ne crie à la trahison. Au sommet de l’État, elle est entrée dans les mœurs. Au nom d’une Europe de la défense où Macron veut poursuivre sa carrière, comme il est écrit et montré dans ces colonnes depuis déjà plusieurs années. D’où pratiquement un appel continuel à la guerre. La guerre qui vient, la guerre déjà là ! Alors que les trêves et les traités vont s’effectuer sans lui, loin de lui, sous l’œil des Arabes qui, eux, s’ingénient à capitaliser en France en toutes sortes d’investissements et en alimentant l’islam et l’islamisme financièrement et idéologiquement.
Des zombies qui font passer des lois qui ne servent à rien
Le gouvernement ne vaut guère mieux que le président. Bayrou sera-t-il encore là dans trois mois ? Rien n’est moins sûr. Sa bande croquignolesque de ministres sera balayée avec lui. Et quid alors ? Macron se croira une fois de plus le maître. De quoi, en vérité ? Du néant. Et pour quel but ? Pour continuer sa carrière ? Et où ? Non, il n’y a plus d’État ; il n’y a plus de chef ; il n’y a plus de gouvernement. Des zombies qui font passer des lois qui ne servent à rien ou qui sont des lois de mort et de putréfaction. C’est bien le sens du mot zombie.
L’Assemblée nationale est à l’image de cet exécutif : un législatif sans tenue, qui n’existe que dans le ridicule et l’invective. Jamais l’antiparlementarisme n’a été aussi justifié qu’aujourd’hui. Les représentants d’un peuple théorique et inexistant concrètement ne représentent absolument plus le peuple réel, pour autant qu’il en existe encore un, tant il est accablé, dissous, terrorisé, imposé, taxé, spolié, volontairement divisé pour l’empêcher de s’exprimer, archipélisé comme dit Fourquet, dépossédé comme dit Guilluy, avec des médias aux ordres, une économie à vau-l’eau, des finances qui s’écroulent sous les dettes et les déficits, et un État qui s’apprête, une fois de plus, à l’arnaquer aussi bien sur les retraites que sur son épargne.
Pas de législateur, pas de gouvernement ! Des politiques aberrantes, intérieures et extérieures
Et plus de justice ! Les autorités judiciaires qui jugent au nom du peuple français, exercent leur pouvoir essentiellement contre les Français. Comme ne le montrent que trop tant de décisions de justice qui ne tiennent aucun compte des intérêts et des droits des Français. Dans l’ordre judiciaire comme dans l’ordre administratif. Les délinquants sont quasi systématiquement protégés et relaxés, surtout quand ils sont étrangers, remis en liberté ou dont les obligations, en particulier de quitter le territoire, sont, dans la grande majorité des cas, inexécutées. Partout la récidive, partout une jeunesse déboussolée, non éduquée, apatride, élevée dans la haine de la France, les truands maîtres du territoire et commandant leurs forfaits du lieu même de leur détention, les imams, comme en Belgique, faisant la loi comme chez eux et donnant leurs consignes comme des chefs de clan. Le terrorisme aux aguets, la drogue envahissant et enserrant les villes et maintenant les campagnes. Oui, ce n’est rien d’autre que ça, aujourd’hui, la République. Et la justice républicaine est au diapason. À la remorque des Cours européennes de justice d’une part et des droits de l’homme d’autre part. La Cour de Cassation et le Conseil d’État, autrefois cours souveraines, le Conseil constitutionnel façonnent à leur gré un droit anti-français que leur impertinence juridique ose qualifier, en plus, d’état de droit et qu’ils imposent aux Français par leurs décisions et leurs arrêts. Une telle injustice relève, elle aussi, de la trahison. De la haute trahison ! Ils devraient tous être traduits en Haute Cour.
Il n’y a donc plus rien en France qui garantisse la France. Tous les pouvoirs sont passés à ce qu’il faut bien appeler l’Anti-France. L’expression fait sourire les niais et ceux qui en vivent s’en moquent. Évidemment ! Le malheur est qu’au bout de telles échéances se profilent les catastrophes. Elles s’annoncent à l’horizon, financières, économiques, sociales, nationales, internationales. Les guerres perdues d’avance, les écroulements dans le stupre et le déshonneur, la République connaît, c’est sa spécialité. Peut-être la France pourrait-elle un jour se débarrasser d’un tel machin aussi sordide que désastreux ? Et retrouver son histoire nationale et royale ?■ HILAIRE DE CRÉMIERS
Hilaire de Cremiers dans ses écrits, incarne aussi parfaitement que possible un « royalisme politique » qui analyse, au-delà de la « droite anecdotique », les causes de notre décadence. C’est ce qui constitue la permanence et la force de notre école de pensée maurrassienne.
Il reste à compléter cette culture politique (« ce que devrait être un Etat digne de ce nom ») par une culture qui applique l’empirisme organisateur, aux situations de changements de Régime dans l’Histoire et dans le Monde.
Cette analyse de la France des élites mérite d’être connue des basfonds du pays, ceux qui espèrent encore.
Un détail au sujet de l’armement , les usines regorgent d’ingénieurs incapables qui reproduisent sans cesse les pièces à produire et qui sont incapables de mettre en marche les lieux et les hommes de productions, tant ils se croient supérieurs.
Etat d’enfants conduit par un enfant. Ceci me rappelle un texte Grec.