
Par Aristide Ankou.
(Je sais que c’est difficile d’imaginer Elisabeth Borne exprimant une émotion, mais faites un effort, voulez-vous ?)
La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a déclaré tout récemment que les élèves devaient « se préparer, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier demain ».
Evidemment, tous les mauvais esprits de France et de Navarre se sont emparés de cette déclaration pour en faire des gorges chaudes. Et « elle est folle », et « pourquoi pas un parcourcrèche tant qu’on y est », et patati et patata…
Alors qu’en fait, tout ce que notre chère ministre a voulu dire – certes, un peu maladroitement – c’est que nos chères têtes blondes devaient s’autoriser à aller au bout de leurs rêves.
La preuve que mon interprétation de la ministérielle parole est la bonne, c’est que, lorsqu’Elisabeth Borne est devenue Premier ministre, il y a trois ans, elle avait – mais si, souvenez-vous – elle avait, disais-je, dédié sa nomination à « toutes les petites filles » en leur disant, avec un léger trémolo d’émotion dans la voix : « Allez au bout de vos rêves ! »
(Je sais que c’est difficile d’imaginer Elisabeth Borne exprimant une émotion, mais faites un effort, voulez-vous ?)
Or donc, Elisabeth Borne, qui a su garder son âme d’enfant, se souvenait certainement, lorsqu’elle a fait cette déclaration dont aujourd’hui tout le monde se gausse, qu’elle-même, depuis la maternelle, rêvait d’exercer les plus hautes fonctions de l’Etat. Et elle y est parvenue !
Son « se préparer depuis la maternelle » n’était donc, en vérité, rien d’autre qu’une répétition de cette exhortation fort touchante à l’adresse des petites filles.
Et je dois dire que je suis entièrement d’accord avec elle. Les rêves d’enfant, quoi de plus beau ? Un enfant, c’est la beauté de l’éternel recommencement, la promesse d’une aube nouvelle et toujours différente de toutes celles qui l’ont précédée et de toutes celles qui lui succèderont. Il faut encourager ces rêves, mais oui, dès la maternelle.
Alors moi aussi, secondant de mon mieux notre courageuse ministre de l’Éducation, je souhaite, comme elle, m’adresser à toutes les petites filles, pour leur dire ceci :
« Chères enfants, ne vous laissez pas intimider par ceux (et surtout celles) qui vous disent que vos plus chers désirs ne peuvent pas se réaliser, ne vous laissez pas décourager par ceux (et surtout celles) qui cherchent à vous détourner de cette vocation que vous sentez au plus profond de vous !
Vous désirez être un jour astronaute, ministre, commandant de sous-marin ? Allez-y, bien sûr : non seulement la voie vous est ouverte mais vous découvrirez même chemin faisant que, de nos jours, être une femme peut être un grand avantage et que beaucoup de gens vous feront la courte échelle simplement parce que vous êtes une femme, même s’ils ne le diront jamais aussi explicitement. Demandez donc à Elisabeth Borne ce qu’elle en pense, un jour où elle sera loin de tout micro et de toute caméra et où elle sera assurée de votre absolue discrétion.
Vous désirez faire carrière, grimper dans l’échelle des honneurs et des rémunérations ? Tous mes vœux vous accompagnent.
Mais si, comme beaucoup de petites filles, vous rêvez surtout secrètement de faire un jour un heureux mariage, d’avoir des enfants et de consacrer l’essentiel de votre temps à votre famille, en choisissant soit d’être mère au foyer soit d’avoir une profession qui, en échange d’une plus faible rémunération, vous laissera beaucoup de temps libre, surtout, surtout, ne renoncez pas à votre rêve !
Vous êtes à l’aube de votre vie, mais vous êtes déjà plus sage que vous ne le savez. Le carriérisme est souvent un miroir aux alouettes, particulièrement pour les femmes, dont l’aimable nature semble, davantage que celle des hommes, tournée vers les joies du foyer et le soin des enfants. Si vous sentez que votre véritable bonheur est là et quelle satisfaction profonde ce serait pour vous que de pouvoir laisser à votre mari la tâche ingrate de remplir le compte en banque de la famille, soyez intraitables.
Ne les laissez pas vous volez votre rêve et votre enfance !
Petites filles de tous les pays, unissez-vous pour avoir la possibilité de mener votre vie comme VOUS l’entendez, et non pas à la manière dont certains (et surtout certaines) idéologues voudraient vous l’imposer, sans avoir égard à vos véritables besoins et à vos véritables désirs.
Certes, je ne suis pas bien persuadé qu’Elisabeth Borne vous aidera à réaliser CE RÊVE-LÀ, et, d’une manière générale comptez plutôt sur les pouvoirs publics pour vous mettre des bâtons dans les roues de toutes les manières possibles, mais ne vous laissez pas intimider. Battez-vous pour réaliser votre vocation maternelle et familiale. Vous êtes les femmes puissantes de demain ! »
Ne me remerciez pas Madame la ministre, je ne fais que mon devoir en suivant votre exemple. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 9 avril 2025).
Aristide Ankou