
C’est non sans un sentiment du devoir accompli que Belle-de-Mai Éditions peut, en ce mois d’avril 2025, annoncer qu’enfin la Politique Tirée de l’Écriture Sainte de Jacques Bénigne Bossuet est à la disposition du public à un prix raisonnable et avec une mise en mage d’une qualité irréprochable. La couverture de la présente réédition est une peinture de Lorenzo Monaco, pseudonyme de Piero di Giovanni, un artiste florentin du XVe siècle dont l’œuvre appartient au mouvement gothique tardif.

Ce très volumineux essai (un demi-millier de pages) est à inscrire dans la collection des ouvrages de la tradition de l’école d’Action Française. Dans Quand les Français ne s’aimaient pas, qui parut en pleine Grande Guerre, Charles Maurras place en effet en épigramme de chaque partie une citation de la Politique de Bossuet.
Il soulignait ainsi qu’à la différence d’un Descartes, Feuerbach, Marx ou Freud il ne prétendait pas à la tabula rasa, à la connaissance vraie indépendamment de ce qu’avaient apporté les sagesses antérieures. Au contraire il reconnaissait qu’il s’efforçait humblement de tracer le sillon creusé par les devanciers, les illustres anciens.

D’une telle longue chaîne qui s’étire depuis la plus lointaine Antiquité, Bossuet est un maillon extrêmement important. En donnant une leçon au Dauphin (le fils de Louis XIV) sur la meilleure façon de régner, il en livre de surcroît à tout monarque en place ou potentiel, ou à ses conseillers, mais aussi à tous ceux qui cherchent une aide extérieure quand se pose à eux l’épineux problème de savoir comment gouverner sa vie.
Plus que jamais, avec Bossuet, pour reprendre la formule de Pierre Boutang dans Ontologie du secret, la tradition est critique ! ■