Le 21 mai, à 10 heures, Lionel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes, sera devant le Monument aux morts de Cannes, non loin du Palais des Festivals. Il sera accompagné du maire de la ville, Bernard Brochand, et de Christian Kert, député UMP de Salon. Leur but est de protester contre le film Hors la loi, projeté au cours du Festival de Cannes. Un film, dit Lionel Luca, qui « risque d’attiser la haine des jeunes français d’origine algérienne contre la France et son armée ». Ce qui est « irresponsable », selon lui (1).
Lionel Luca, lorsqu’il évoque le massacre de Sétif du 9 mai 1945 -sujet du film de Bouchareb- note d’abord que le Service historique des Armées « a relevé des erreurs factuelles dans le scénario »; fait valoir aussi, à juste titre selon nous, que ce massacre -aussi horrible soit-il, et que nul ne conteste- a eu lieu au lendemain de l’assassinat d’un millier de personnes favorables à la France (« musulmans » et « européens » confondus) et qu’il s’agissait là, dans ce massacre qui fut le prélude (la cause, le prétexte… : qu’on prenne le mot qu’on voudra….) du massacre de Sétif, non pas d’une « démonstration anticoloniale et nationaliste, mais déjà d’une manifestation islamiste organisée par des proches des Frères musulmans et du mufti antisioniste et pro-nazi de Jérusalem. »
Lionel Luca ajoute -citant de Gaulle, qui évoque très brièvement cela dans ses Mémoires… (2)- que ce massacre est à « replacer dans le contexte d’un soulèvement des arabes anti-français à Damas, soutenus par les Anglais. »
(1) : On sait ce que nous pensons de ces Français de plastique (qu’ils soient de la première, deuxième ou troisième génération) à qui l’on a donné une nationalité qu’ils n’ont pas forcément toujours souhaitée, que parfois même ils n’ont pas demandé, et qu’ils éxècrent bien souvent. La république idéologique en a fait des français légaux, « sans avoir l’esprit ni le coeur français », pour reprendre la formulation du père de Foucauld. Mais nous rendons compte, ici, de la démarche de Lionel Luca, député, qui est membre du Pays légal, et qui doit donc bien se battre à l’intérieur du Système: pas forcément facile….
(2) : « En Algérie, un commencement d’insurrection survenu dans le Constantinois et synchronisé avec les émeutes syriennes du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau. » (Mémoires de Guerre). Le communiqué du Gouvernement Général le 10 mai est plus direct: « Des éléments troubles, d’inspiration hitlérienne, se sont livrés à Sétif à une agression armée contre la population qui fêtait la capitulation de l’Allemagne nazie. La police, aidée de l’armée, maintient l’ordre et les autorités prennent toutes décisions utiles pour assurer la sécurité et réprimer les tentatives de désordre. »
En voulant faire table rase des anciens modes de vivre et de penser, la République à réduit en fait la notion de nationalité à celle de citoyenneté.
En 1882 Ernest Renan affirme : « Une nation est un principe spirituel ».
Devenir français, se serait adhérer à ce principe.
Mais combien de français de naissance y adhèrent eux-mêmes?
Dans l’ordre des urgences, telle est peut-être la question que nous autres, citoyens européens de nationalité française devrions d’abord nous poser.