On connait les embarras judiciaires de Dominique de Villepin, liés à la peu ragoûtante « affaire Clearstream »; la littérature semble être, pour lui, une échappatoire à ses soucis, et l’on connaît son enthousiasme pour Napoléon: le voilà qui publie -après d’autres ouvrages sur le même personnage- un nouveau livre intitulé « Le soleil noir de la puissance ». On a vu sur les plateaux télé Dominique de Villepin s’enthousiasmer pour son héros préféré, et s’enflammer à un point tel que certains journalistes lui accolent même l’épithète de « flamboyant »; quand on connaît le bilan de Napoléon, l’effroyable gâchis humain et matériel qu’il a causé (non seulement à la France mais à l’Europe entière….) on peut être dubitatif sur les raisons d’un tel engouement, mais après tout c’est le droit du ci-devant Villepin de s’aplatir devant le continuateur et le « sabre » de la révolution….
Nous sommes bien évidemment d’un avis totalement opposé au sien sur ce personnage. Et puisqu’il choisit de publier encore un ouvrage sur Napoléon, nous avons choisi, nous, de lui répondre: non pas par une polémique qui pourrait se révéler vaine et stérile; mais en produisant à la barre un témoin oculaire des faits, quelqu’un qui a vu, qui a vécu cette période: Chateaubriand. Quelle meilleure façon, en effet, de répondre à Villepin que de laisser la parole à Chateaubriand, à travers sa brochure « De Buonaparte et des Bourbons », publiée le 31 mars 1815 :
« l’avenir doutera si cet homme a été plus coupable par le mal qu’il a fait que par le bien qu’il eût pu faire et qu’il n’a pas fait….Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble, depuis Néron jusqu’au dernier persécuteur des chrétiens….Né surtout pour détruire, Bonaparte porte le mal dans son sein…. »
Comme d’habitude avec Chateaubriand, il faudrait tout citer, tant il dit tout magnifiquement, y compris lorsque c’est féroce comme ici; au moins, les « rêves d’un fou et d’un furieux », qui osait affirmer cette monstruosité: « J’ai trois cent mille hommes de revenu! » (et Villepin admire un type pareil !….), reçoivent-ils dans ce texte la volée de bois vert qu’ils méritent ! Louis XVIII déclara que cette « brochure », comme l’appelait Chateaubriand, lui avait plus profité qu’une armée de cent mille hommes… (à suivre)
Pierre Builly sur Quand, il y a 155 ans,…
“J’ai lu quatre fois « L’Éducation sentimentale » sans jamais en retenir quoi que ce soit ; c’est…”