Jerôme Garcin, journaliste à « La Provence », rend compte du livre de Christophe Donner sur Louis XVII: « Un Roi sans lendemain »(1).
Dans le même journal, il y a peu de temps, Edmonde Charles-Roux avait présenté le livre écrit par son frère et consacré, lui aussi, à Louis XVII; ce qui lui avait permis d’évoquer, avec une noblesse de ton très touchante, l’enfant-Roi martyrisé (2).
Écrit dans le même état d’esprit, honnête et plutôt bienveillant, l’article de Jerôme Garcin est lui aussi très agréable à lire pour « nous », qui pensons que l’assassinat de Louis XVI est l’acte fondateur des Totalitarismes modernes; que l’on retrouve, dans les circonstances qui ont mené à l’assassinat de Marie-Antoinette, l’une des sources lointaines du racisme moderne; et que l’assassinat de leur enfant -tout enfant étant par définition exempt de tout crime- est l’horreur absolue, qui préfigure et résume toutes les atrocités dont le vingtième siècle sera prolixe: lui qui a été le plus sanglant et le plus violent de tous, précisément à cause de l’expansion des divers totalitarismes, qui trouvent -nous l’affirmons- leur origine dans la révolution française…..
Jerôme Garcin écrit ainsi que l’auteur cède « à l’intemporelle compassion qu’inspire cet enfant-roi, mort à dix ans dans son cachot de la prison du Temple… »; « …Qu’avait-il fait pour mériter ce supplice ? Rien, évidemment. » Nous ne pouvons que nous réjouir de voir des livres « sortir » sur Louis XVII; des journalistes en rendre compte, honnêtement; et une prise de conscience s’operer enfin dans l’opinion, après une trop longue période où la « vérité officielle » a occulté ou minimisé les horreurs de la période révolutionnaire… Le journaliste et l’écrivain nous permettront-ils, cependant, d’émettre une réserve, une seule, en toute amitié, dans le seul but de leur présenter notre vision des choses et -pourquoi pas…- d’ouvrir un débat avec eux?… Jerôme Garcin écrit:: « Christophe Donner rappelle même que, lorsque la famille royale habita les Tuileries, le petit duc de Normandie fut aimé des parisiens, à proportion de la haine que Louis XVI et Marie-Antoinette leur inspiraient. » Le mot de « haine » nous paraît tout à fait excessif et injustifié; et pour être parfaitement clairs: faux. Et son emploi nous parait déplacé….
En effet, un peu comme Henri Amouroux, intitulant « 40 millions de Pétainistes » le tome deux de son Histoire des français sous l’Occupation, Alain Decaux a pu intituler « 26 millions de royalistes » le premier article d’une série de neuf consacrés à l’année 1788 (3), montrant bien par là l’inanité des mensonges révolutionnaires sur une prétendue désaffection des français vis à vis de la Royauté en général, et de la famille royale en particulier (4). On chercherait en vain, en 1789, des preuves de « haine » contre Louis XVI et Marie Antoinette, sauf bien sûr dans la petite foule des émeutiers, excitée et manipulée par les révolutionnaires; celles et ceux que Chateaubriand dépeint si bien et qu’il appelle « les braillards », et qui faisaient déjà régner la Terreur: « On ne rencontrait dans les rues que des figures effrayées ou farouches, des gens qui se glissaient le long des maisons, afin de n’être pas aperçus, ou qui rôdaient cherchant leur proie; des regards peureux et baissés se détournaient de vous, ou d’âpres regards se fixaient sur les vôtres pour vous deviner et vous percer. »…..
Là, oui; dans cette populace qui faisait régner cette peur, on pouvait trouver de la « haine » contre le Roi et sa famille; mais le Peuple profond? les 26 millions d’habitants de la France profonde? Alain Decaux nous a déjà donné la réponse. Certes, Christophe Donner ne parle pas de 1789 mais de 1792, et trois ans séparent ces deux dates; mais les différents soulèvements qui devaient suivre ( la Vendée et le Grand Ouest royaliste étant loin d’être des soulèvements isolés…) le confirment amplement: c’est une très large part de la France (insurrections fédéralistes ou royalistes) qui s’est révoltée contre la Convention après l’assassinat de Louis XVI (il suffit de consulter une carte sur un atlas historique….). Qu’on prenne le problème par quelque côté que ce soit, il n’y a qu’un seul régime politique, en France, qui ait été plébiscité par un soulèvement populaire, armé, en sa faveur: et ce régime politique, ce n’est ni la république ni l’empire, mais bien la Royauté.
N’est-il pas difficile de parler de « haine » dans ces conditions?….(5)
(1): Christophe Donner, « Un Roi sans lendemain » – Grasset, 380 pages, 20,90 euros. / « La Provence », 8 septembre 2007.
(2): voir la note « De Guy Môquet à…..Louis XVII! », dans la Catégorie « République ou Royauté. »
(3): « Journal de l’Histoire 1788 », paru dans « Le Figaro », du 13 juillet 1988 au 25 août 1988.
(4): nous donnons le texte complet de cet article dans la note suivante: « 26 millions de Royalistes. »
(5): Napoléon, sur ce point, ne s’est pas trompé: lui qui a qualifié le soulèvement Vendéen de « Guerre de Géants » (venant d’un connaisseur, dans le domaine militaire, le compliment est plus que flatteur); et lui qui a repris pour son armée le qualificatif de « Grande », qu’il a copié de la « Grande Armée Catholique et Royale », tellement celle-ci l’avait impressionné…..
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