Par Isidore.
Nous avons apprécié ce billet paru chez BVoltaire (il y a trois jours). Le lecteur de Je Suis Français n’en sera pas surpris. Le sujet n’est pas anodin, c’est évident. Notre langue est un élément constitutif essentiel de ce qu’on appelle aujourd’hui notre identité. Frédéric Mistral l’indique ainsi : Qu’un pople toumbe esclau, / Se tèn sa lengo, tèn la clau / Que di cadeno lou deliéuro (Qu’un peuple tombe esclave / S’il tient sa langue, il tient la clef / Qui le délivre des chaînes). Après ces paroles, comme le dit Maurras, nous n’irons pas plus avant. Lisez ! Commentez !
Notre jolie langue était encore considérée, il y a quelques décennies, comme une des plus belles du monde et, selon les peuples, parmi les plus séduisantes, charmantes, sexy ou romantiques. Depuis quelque temps, on voit pourtant fleurir des formulations alambiquées, voire grotesques.
Un exemple. Il était jugé discriminant de parler d’« un handicapé ». L’administration a donc trouvé un terme plus approprié : « en situation de handicap ». Les journalistes ont suivi. En fait, il aurait suffi d’ajouter le mot « personne » devant l’adjectif et de dire « une personne handicapée » pour ne pas réduire quelqu’un à son handicap. Mais ce n’était pas suffisant aux yeux de certains. Dans l’esprit égalitariste des pédagogistes de l’Éducation nouvelle, sans rire, il fallait cacher ou atténuer l’idée même du handicap. Désormais, vous entendez ou lisez donc « une personne en situation de handicap ». Ce qui, au-delà de la laideur de l’expression, est un contresens évident, puisqu’il ne s’agit pas d’un état provisoire ou circonstanciel. Et encore, vous avez échappé, cette fois, à l’écriture féministe, dite inclusive, le mot « personne » étant déjà du genre féminin. Ouf !
À ce propos, doit-on dire une auteure, une auteuse ou une autrice ? On ne sait plus. Chercheure ou chercheuse ? Instituteure ou instituteuse ? Tiens – c’est ballot ! -, on a oublié que l’institutrice existe. Agente ? Cheffe ? Maîtresse de conférences ? Et ta maire ?
L’Académie française a été créée il y a 400 ans pour protéger, unifier et fixer les règles du français. Selon les experts, si la langue est vivante, elle doit évoluer très lentement pour que tout le monde se comprenne. Sinon, bientôt, on ne pourra plus lire ni Molière ni La Fontaine.
Sur la féminisation des métiers*, l’Académie avait donné des recommandations précises au gouvernement, en 1984, sous Mitterrand et Fabius, puis en 1998, sous Chirac et Jospin, mais ceux-ci n’ont pas daigné en tenir compte. Pourtant, « aucun texte ne donne au gouvernement le pouvoir de modifier de sa seule autorité le vocabulaire et la grammaire du français ». Nous devons cette féminisation arbitraire ou farfelue à l’influence féroce des féministes qui ont déclaré la guerre aux hommes. Grave erreur. Elles étaient bien plus fortes quand elles leur déclaraient leur amour et faisaient semblant de leur laisser le pouvoir. Les académiciens, comme toutes personnes très érudites, sont bien trop humbles pour se battre contre elles. Qui peut nier que le français est soumis à leur diktat ? Et que nos gouvernants sont à genoux.
Dans un autre registre, l’expression « en capacité » a fait récemment son entrée dans les médias. Tiens, voilà encore du grand français ! On ne lit plus, on n’entend plus, ou très peu, les mots « être capable ou incapable » mais « être en capacité », ce qui signifie sans doute « sur le point d’être capable ; ou encore « capable sans l’être tout en l’étant ». C’est un terme utilisé fréquemment par les politiques, comme pour avouer leur impuissance. Ou ne pas l’avouer ! Aujourd’hui, si vous les écoutez bien, plus personne n’est capable de rien mais tout le monde est en capacité. De quoi ? De faire… peut-être, mais plus tard.
Bref, entre ceux qui sont en capacité et ceux qui sont en situation de handicap, comme dit la publicité, « on est mal, patron. On est mal ». Terminons par la formule impropre et très pauvre mais rabâchée dans les médias : « Merci d’avoir été avec nous ! » ■
* Déclaration de l’Académie française, le 10 octobre 2014 (extrait) : « L’Académie française n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions, qui découle de l’usage même : artisane, postière, aviatrice, pharmacienne, avocate, bûcheronne, factrice, compositrice, éditrice, exploratrice…
Mais, conformément à sa mission, défendant l’esprit de la langue et les règles qui président à l’enrichissement du vocabulaire, elle rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, etc., pour ne rien dire de chercheure, qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes.
Brusquer et forcer l’usage revient à porter atteinte au génie même de la langue française et à ouvrir une période d’incertitude linguistique. »
Isidore
Hélas nous ne pouvons que constater les dégâts consécutifs au mépris de la belle langue française. Après une longue période de « bon ben », aujourd’hui c’est « en fait » ou « du coup » qui parsèment les discours…comptez le nombre de « en fait » de la bouche de tous ceux qui s’expriment à la télé ou ailleurs…je ne compte plus car ça m’énerve au plus haut point.
Et le féminin? Permettez-moi pour une fois d’être grossier (pour la circonstance)
Courtisan? homme de la cour; courtisane: une pute
coureur? professionnel du vélo; coureuse? une pute
entraineur? s’occupe d’une équipez. entraîneuse? une pute
et j’arrête faute de place mais il y en a encore pléthore. MERCI
Je ne suis pas commentateur mais auteur !
Bonjour chers confrères !
Ne vous connaissant pas personnellement, je m’adresse à vous tous.
Yves Boulon – Sylvie Gaud-Hueber – Jean Gugliotta – Jean-Louis Hueber – Paul Léonetti – Gérard Pol.
Je n’écrivais plus pour des raisons familiales et de santé. Ayant deux bouches à nourrir, je recherche des médias qui publieraient mes chroniques. Merci de votre aide en me recommandant.
Bien cordialement.
Antoine de Quelen,
alias Isidore, chroniqueur.