On a pu lire – avec surprise, soyons francs – la prise de position favorable de telle sensibilité royaliste, non seulement au mouvement du 7 septembre, mais, de plus, aux syndicats organisateurs eux-mêmes. Un autre mouvement étant prévu pour le 23, lira-t-on un même message de compréhension et d’approbation ?…..
Nous ne sommes pas des conservateurs d’un Système qui est pourri. Et dont l’effondrement ne nous désolerait pas, parce qu’ avec Boutang, nous constatons sa « désolante pourriture ». Nous ne sommes pas des conservateurs, nous sommes des alter-révolutionnaires. Révolutionnaires non pas idéologiques, à la façon de ceux de 93, ou d’un Staline, ou d’un Mao, mais révolutionnaires de fait de cette société pitoyable « qui n’a que des banques pour cathédrales » et dont il n’y a, à proprement parler, « rien à conserver », comme le dit toujours Boutang.
Ils « représentent » (!) un nombre infime des travailleurs français, dont ils ont d’ailleurs troqué la défense pour celle de l’immigré…; ils défendent des privilèges; ils sont l’un des rouages du Système : défendre « ça » ?…..
Il n’y a donc pas de réelles raisons de prendre parti pour le mouvement mené par des syndicats paléolithiques, qui ne représentent qu’une insignifiante minorité de salariés, qui n’ont de représentativité que celle que le Système leur reconnaît et qui ne se battent que pour défendre des intérêts catégoriels et des avantages acquis, traduction dans leur jargon du mot « privilèges », qu’ils n’osent tout de même pas reprendre …
Ils n’ont plus grand chose à voir avec les ouvriers proudhoniens, idéalistes et patriotes, avec lesquels la première Action française, dans son âge d’or, avait noué de fructueux dialogues et comme une sorte de fraternité d’armes, anti-système. Il ne faut pas se tromper d’époque : aujourd’hui, ils ne sont plus que partie du Système.
Constatant des idées communes sur la nation, l’anti-démocratisme et le souci de l’organisation de la « cité française selon les principes empruntés à la tradition française », G. Valois va fonder le Cercle Proudhon. Maurras tient à préciser dans le premier cahier du Cercle : « Les idées de Proudhon ne sont pas les nôtres ». Mais, malgré ces réserves, l’AF ne contrarie pas les efforts de Valois en vue de multiplier les contacts entre syndicalistes et nationalistes…C’est à l’initiative de Georges Valois, Edouard Berth et Henri Lagrange que fonctionna le Cercle Proudhon de l’Institut d’Action Française. L’un de se professeurs, Louis Dimier cite Proudhon dans son ouvrage « Les Maîtres de la Contre-révolution au XIXème siècle »…
On peut déclarer – sur ce point nous serions d’accord… – que l’on comprend et que l’on partage les légitimes inquiétudes des salariés français. Il est bien vrai que ni l’Etat, gaspilleur, ni l’Europe, technocratique, n’a grand souci d’eux. Mais il faudrait tout aussitôt ajouter que ces légitimes inquiétudes sont justement dévoyées, dénaturées et trompées par le Pays Légal, et par ces mêmes syndicats, si souvent complices, si souvent secrètement d’accord avec le Système. Il y a belle lurette qu’ils ont abandonné la défense des travailleurs et du travail français, leur préférant la lubie idéologique de l’immigré, promu prolétariat de substitution et nouvel horizon indépassable de la vision progressiste (!) des choses ! Il n’est plus question, aujourd’hui, que de faire vivre des appareils et les hommes des appareils.
Laissons plutôt les conservateurs timorés de la droite et les conservateurs paléolithiques de gauche et d’extrême-gauche chercher desespérément à sauver un monde issu de 1945 qui, quoi qu’ils disent et quoi qu’ils fassent, et malgré qu’ils en aient, s’écroule irresistiblement sous nos yeux. L’effondrement de ces vieux schémas staliniens qui, de longue date, et, notamment, depuis la Libération, enserrent la société française comme un carcan, est la condition sine qua non de toute reconstruction d’une autre société, refondée sur d’autres bases que l’idéologie révolutionnaire et consumériste.
Militer pour un » autre monde » implique de rompre avec une matrice idéologique qui a aussi bien abouti à l’internationalisme libéral qu’à l’étatisme » progressiste « , mais repose, au contraire, sur un autre rapport des hommes à l’économie .
Il ne s’agit donc pas seulement de corriger les » injustices » d’un système, ou d’en rester à une approche structurelle des enjeux. Il s’agit d’en finir avec la dictature de l’économie, le fétichisme de la marchandise et le primat des valeurs marchandes. D’oeuvrer à l’avènement d’un autre monde, qui ne soit pas une vision transcendante ou utopique, mais un nouveau monde commun.
Perspective révolutionnaire dira-t-on? On ne sera jamais aussi révolutionnaire que le Capital-apatride qui, dans ce monde, a déjà tout détruit.
Le Cercle Proudhon, a écrit Edouard Berth, »a été fondé pour essayer de persuader aux uns que l’idéal syndical n’implique pas forcément l’abdication nationale et aux autres que l’idéal nationaliste ne comporte pas non plus nécessairement un programme de paix sociale « . C’est dans le même esprit qu’il célèbre la conjonction des extrêmes : « La démocratie n’apparaît plus que comme un régime de pure dissolution. Deux mouvements, synchroniques et convergents, l’un à l’extrême droite, l’autre à l’extrême gauche, en ont commencé l’investissement et l’assaut ». Il écrira également : « Je fondai, avec Georges Valois, les Cahiers du Cercle Proudhon. Ce ne fut pas là, comme on pourrait d’abord le supposer, un abandon du syndicalisme, mais, contre la démocratie triomphante, pour lui faire pièce, et dans l’espoir, par le jeu des oppositions, de susciter un réveil syndicaliste, nous crûmes possible et bon de marcher un moment avec des écrivains qui, du point de vue nationaliste, niaient catégoriquement la démocratie et la combattaient ».
Le rapprochement avec l’Action française se justifie en fait aux yeux de Berth dans la mesure où, dans le camp de la droite, le mouvement royaliste lui apparaît comme symétrique de ce que le syndicalisme révolutionnaire entend être à gauche. De même que ce dernier s’oppose à la fois au guesdisme et à l’anarchiste, de même l’Action française s’oppose-t-elle à l’étatisme et à l’individualisme. Là encore, pourrait-on dire, les deux courants représentent une « troisième voie » par rapport à leurs familles respectives.
Une opposition dont Berth use alors fréquemment est celle d’Apollon et Dionysos. On sent bien qu’il est lui-même du côté de Dionysos, puisqu’il est du côté du « sublime « , mais il s’applique à montrer combien l’un et l’autre sont nécessaires, au point d’être complémentaires. Il applique audacieusement cette opposition à Sorel et Maurras : « Maurras s’attache davantage au beau et Sorel au sublime ; Maurras, pour employer la terminologie de Nietzsche, est plus apollinien et Sorel plus dionysien. Mais nous savons par Nietzsche, qui a symbolisé dans Apollon et dans Dionysos les deux grandes divisions de l’Art, que ces deux divinités artistiques peuvent faire alliance et ont fait en réalité alliance pour enfanter la tragédie grecque. Et nous savons aussi que cette alliance non seulement est possible et féconde, mais encore qu’elle est nécessaire ; que Dionysos, sans Apollon, tombe dans l’extravagance et la folie ; qu’Apollon, par contre, sans Dionysos, tombe dans le formalisme …
Il serait facile, certes, si l’on voulait pousser à fond le parallèle entre Maurras et Sorel, de montrer que l’apollinisme de Maurras paraît, parfois, accorder trop d’importance à la dialectique, et que, par contre, le dionysisme de Sorel peut, lui aussi, sembler parfois manquer de règle et de principe ; mais où serait l’intérêt de ce parallèle ? L’essentiel ne reste-t-il pas qu’Apollon et Dionysos ont un ennemi commun à savoir Socrate – Socrate le non-mystique et le non-artiste […] l’initiateur de la culture théorique et le prototype de nos Intellectuels ? »
En désaccord total avec votre présentation, l’avenir du
régime de retraite par répartition dépendra de notre capacité
à mettre un terme à la dérive ultra-libérale qui mine
précisément le pacte social mis en oeuvre par le Général de
Gaulle et les syndicats en 1945.
Les royalistes qui défendent les thèses ultra-libérales n’ont
tout simplement pas le souci du bien commun et c’est bien
regrettable.
Mon cher DC, il appartient aux royalistes que nous sommes de proposer une véritable stratégie de rupture. La troisième voie ébauchée en son temps par le Cercle Proudhon est plus que jamais d’actualité. En effet, pour Berth, Sorel et peut être même Maurras, il y a complémentarité naturelle entre les valeurs aristocratiques et les valeurs populaires, qu’ils opposent les unes comme les autres aux valeurs bourgeoises.
Selon Edouard Berth « entre le peuple et l’aristocratie, écrit-il, il y a une véritable confraternité et intelligence réciproques ». Il aime pareillement à constater, sur certains points, « l’accord essentiel du plébéien Proudhon avec l’aristocrate Nietzsche ».
Il entend donc faire la synthèse du peuple et de l’aristocratie, comme il veut faire celle du véritable esprit conservateur et du véritable esprit révolutionnaire.
D’où cette proclamation restée célèbre : « Il n’y a que deux noblesses : celle de l’épée et celle du travail ; le bourgeois, l’homme de boutique, de négoce, de banque, d’agio et de bourse, le marchand, l’intermédiaire, et, son compère, l’intellectuel, un intermédiaire lui aussi, tous deux étrangers au monde de l’armée comme au monde du travail, sont condamnés à une platitude irrémédiable de pensée et de coeur ».
Nous voilà bien loin, avec Thulé, du régime de retraite par répartition, cher à DC.
Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de royalistes qui défendent les thèses ultra-libérales. A vrai dire, je n’en connais pas.
Mais DC n’a pas raison de suspecter les royalistes qui ne partagent pas ses analyses sur tel ou tel point de n’avoir pas le souci du bien commun.
Allez demander aux Marseillais, de tous bords, si, sur le port de Marseille ou les ports voisins, la CGT, depuis 50 ans, a eu le souci du Bien Commun.
En effet, certains syndicats sont parfois complaisants, pour
ne pas dire complices du système ultra-libéral, en se
contentant de faire de l’infirmerie sociale, mais dire qu’ils
ne se battent que pour défendre des intérêts catégoriels et
des avantages acquis, à savoir des privilèges, comme de
simples corporations, dans le cas précis de la réforme des
retraites, c’est inexact.
Pour répondre à Thulé, oui à une stratégie de rupture, mais
pas n’importe laquelle; et pour répondre à Anatole, la
grève est un droit, il appartient au politique de se soucier
du bien commun pour éviter autant que possible, les
conflits sociaux.
Je ne suspecte pas les royalistes qui ne partagent pas mes
analyses sur le dossier des retraites, de ne pas avoir le
souci du bien commun, j’attends seulement qu’ils
expriment les principes à partir desquels ils fondent leurs
arguments pour défendre le projet gouvernemental actuel.
En effet, l’on peut être sincère et se tromper, ou se laisser
duper, c’est pourquoi, il est utile de débattre et de
confronter argument contre argument, la recherche du
bien commun étant nécessairement la recherche d’un
juste équilibre, profitable à tous et cohérent, « gagnant
gagnant » si l’on veut utiliser une formule contemporaine.
J’avoue que je n’ai pas la religion du régime de retraite par répartition, ni aucune autre, en la matière, car nous nous situons sur un terrain où toutes sortes de formules sont envisageables, sans que l’on doive obligatoirement s’en indigner, et où aucun dogme ne me paraît devoir dominer.
Je ne me sens aucune tendance ultra-libérale, d’autant que libéralisme ou social-démocratie me paraissent conduire, l’une et l’autre, au même univers exécrable que décrit Raffaele Simone dans son entretien du Monde que publie, aujourd’hui, ce blog.
Le pacte social mis en oeuvre par De Gaulle et les syndicats en 1945 me semble rompu, dépassé, depuis belle lurette. Il s’agissait, alors de se « retrousser les manches » et Thorez, au gouvernement, jouait la carte de la reconstruction nationale. Nous en sommes loin. Entre-temps, il y eut les 60.000 CRS de Jules Moch, ministre SFIO de la IVème république, contre les grèves de mineurs; les grands mouvements que De Gaulle, lui-même dût affronter, et naturellement la mini-révolution de 68….
De toutes façons, pendant combien de temps, encore, devrions nous vivre sous l’empire du pacte social de 1945, qui date d’il y a 65 ans ? Et dont le contexte est, évidemment, totalement dépassé ?
Enfin, le rôle des syndicats français me paraît éminemment contestable, pour différentes raisons qui me semblent assez sérieuses.
Par exemple :
. leur non-représentativité flagrante (en premier lieu),
. leur dépendance financière,
. leurs liens, plus étroits qu’ailleurs, avec les partis,
. leur rôle objectivement destructeur et, souvent, irresponsable.
Ils me paraissent être de plus en plus, et avant tout, une des composantes du « système » global que dénonce, justement, Raffaele Simone, qui n’est sans-doute pas ultra-libéral, dans l’entretien avec Le Monde que j’ai déjà cité.
Mais là, je reconnais, que nous nous situons sur le plan d’une critique générale de la société dite « moderne », où, semble-t-il, DC ne souhaite pas aller.
D’une telle société, pourtant, la notion de Bien-Commun est radicalement étrangère….
Qu’Anatole ait des choses à reprocher aux syndicats est un sujet qui mériterait d’être traité en soi, mais il me semble que l’objet du débat concernait la réforme des retraites.
La masse de Français descendue dans la rue contre cette réforme socialement injuste, financièrement inéquitable et précaire, n’est pas le fait d’une attitude « irresponsable » des syndicats, mais bien la démonstration d’une approbation des salariés vis-à-vis des arguments présentés par les syndicats, toutes tendances confondues contre cette réforme.
La phrase essentielle que je retiendrais dans les positions d’Anatole est la suivante :le pacte social mis en oeuvre par De Gaulle et les syndicats en 1945 me semble rompu, dépassé, depuis belle lurette.
Oui, effectivement ce pacte est bien compromis depuis près de trois décennies, depuis que l’ultra-libéralisme s’est imposé face à un système économique dit « d’économie mixte » où à la fois l’Etat, les entreprises et les salariés avaient chacun une part active à jouer et alors que la finance n’était pas aussi « triomphante » qu’aujourd’hui.
Anatole constate et se résigne; pour ce qui me concerne, il n’y a pas de fatalité. Le pacte social de 1945, dont la retraite par répartition est l’un des éléments, mérite d’être défendu. Sous-entendre que nous n’en avons pas les moyens, c’est se ranger aux arguments fallacieux des partisans et profiteurs de l’orthodoxie ultra-libérale.
DC n’oppose rien aux « choses » que nous avons à reprocher aux syndicats français, non pas moi, d’ailleurs, mais tout le monde, car précisément, ces choses contredisent le bien-commun et ne peuvent donc être évacuées d’une pirouette. D’autre part, la note du blog, objet de notre débat, impliquait l’action des syndicats et, d’ailleurs, ils sont un élément essentiel du sujet, la réforme des retraites.
Sur les manifestations du 7 septembre DC, parle comme les médias (radios et télévisions) – qui ont grandement « participé » à leur organisation par une intense campagne de « promotion » – et, en définitive, comme le parti socialiste. Si l’on admet qu’il y a eu, ce jour-là, deux millions de manifestants, ce qui est à coup sûr très exagéré, ils représentent toujours moins de 10% des salariés français. Cessons donc de faire comme si la rue représentait le peuple français et, encore moins, comme si elle avait un pouvoir décisionnel. Les manifestations sont un droit, je ne l’ignore pas, mais ne dictent aucune loi, sinon, le cas échéant, par la force et les blocages qu’elles peuvent entraîner. Elles ne valent pas « démonstration d’une approbation des salariés », comme si les manifestants du 7 septembre en constituaient l’ensemble. Cela, c’est, tout simplement, la langue de bois !
Le pacte social mis en oeuvre, en 1945, par De Gaulle et les syndicats a, de fait, valu pleinement tant qu’il s’est agi de reconstruire le pays, au sortir de la guerre, ce à quoi le PC et la CGT (« le seul syndicat qui compte vraiment », disait De Gaule) ont effectivement participé, jusqu’au départ des ministres communistes du gouvernement, en 1947, qui marque le début de la guerre froide et, du même mouvement, l’alignement du PCF et de la CGT sur la politique stalinienne et sur les mots d’ordre venus de Moscou, qui, comme le disait Boutang, qui n’était guère libéral, était alors leur seul « horizon ».
Ce pacte a été, dès lors, « compromis » d’abord de ce fait même; et il a fini par ne plus jouer, comme survivance d’un contexte de plus en plus dépassé, qu’au bénéfice des seuls appareils syndicaux, non plus, du tout, de l’effort national.
J’ai, en effet, constaté l’inexistante représentativité des syndicats français, ce qui est, tout de même, extrêmement grave, et, de surcroit, rend leur indépendance financière illusoire, leur charge idéologique trop importante, leur collusion avec les partis, leur rôle économique destructeur, dans beaucoup de cas et de domaines d’activité. Cela fait beaucoup. Et, sans-doute, est-ce pour cet ensemble de raisons que les syndicats français n’ont ni la représentativité, ni le sérieux, ni la puissance, ni la stabilité, ni, en définitive, le sens du bien-commun, de leurs homologues allemands, par exemple.
Ce sont des fats. Il ne faut pas s’y résigner. Je pense, au contraire, que plutôt que de ressusciter le fantomatique pacte social de 1945, une profonde réforme des syndicats français aurait dû, depuis longtemps, être engagée. Selon moi, il devrait s’agir, essentiellement, qu’ils deviennent effectivement représentatifs de l’ensemble des salariés français et non plus, seulement de minorités idéologues et partisannes, finalement constituées en nomenclatures, d’ailleurs assez complices des technocrates qui occupent des fonctions actives dans l’Etat.
Je n’ai, pour ma part, ni la religion ni la détestation de la retraite par répartition. Sans-doute n’est-elle pas l’unique moyen d’assurer la retraite des Français. Je ne crois, en la matière, en la validité d’aucun dogme qui exclurait radicalement tout aménagement de la retraite par répartition, tout complément, comme, d’ailleurs, les Français, qui sont économes et épargnants lorsqu’il s’agit deux-mêmes, le font déjà de bien des manières. Mais, bien-sur, je ne crois pas que nous devions avoir la prétention de rentrer dans le détail technique des réformes en cours ou à faire.
Enfin, sérieusement, qu’avons à voir avec « l’orthodoxie ultra-libérale », dont DC nous agite sans-cesse la menace, ni avec le capitalisme financier, ni avec les grandes fortunes qui s’y rattachent, nous qui faisons, du monde qu’ils ont engendré, une critique globale, beaucoup plus foncière que celle à quoi DC consent ?
Bonjour Anatole,
Une réforme de la représentation syndicale, et non celle que le Medef a orchestré avec l’approbation de la CFDT et de la CGT, au détriment des autres syndicats, est effectivement nécessaire.
Les manifestations n’ont certes pas valeur de vote, mais leur ampleur en dit long sur ce que pensent les Français à propos de cette réforme. Un référendum aurait permis de vérifier le niveau d’approbation des Français pour ladite réforme, qui engage l’ensemble de la société et les générations à venir. Il ne s’agit donc pas, également, si je reprends votre formule, d’évacuer ce dossier « d’une pirouette ».
Je ne sais pas ce que vous avez à voir ou non avec l’orthodoxie ultra-libérale, vous seul, pouvez en juger.
Ce que je sais, c’est que le système de retraite par répartition, la garantie de sa pérennité dans le temps, dans le respect de principes tels :
– la répartition équitable des richesses produites évitant de faire peser l’essentiel de l’effort (85 %) sur les salariés, (alors que l’augmentation des revenus du capital auquel ont largement contribué lesdits salariés par leur travail, se trouve largement préservée de cet effort, au profit d’une toute petite minorité),
– l’intérêt à favoriser l’entrée des jeunes générations sur le marché du travail, plutôt que de maintenir au travail les générations en âge de partir à la retraite,
-la prise en compte de la pénibilité, et non, de la seule incapacité ou invalidité, pour les personnes ayant eu des métiers difficiles,
-la liberté de prendre sa retraite à 60 ans pour ceux qui ont accompli leur durée totale de cotisations et commencé à travailler jeune,
-le maintien de la retraite à taux plein à 65 ans,
-l’attachement à un système de solidarité nationale entre
les générations, préféré au recours aux assurances
privées dépendant des fonds de pensions.
s’opposent à l’orthodoxie ultra-libérale.
Voilà, peut-être aurais-je éclairé votre lanterne pour vous permettre de vous situer par rapport à vos propres positions, relevant ou non de l’orthodoxie ultra-libérale?!
Dénoncer celle-ci est une « chose », pointer nos oppositions à ses conséquences, en est une autre.
A vous de voir
Le système « par répartition » est effectivement le plus « solidaire » et le plus « juste ».
Mais sauter sur place comme un cabri en criant « la retraite à 60 ans », en ignorant les questions démographiques est purement suicidaire…..ou purement idéologique.
Mon cher Thulé vous êtes sans doute mal informé.
Les raisons principales actuelles du déficit des caisses de
retraites sont : le chômage, la crise financière depuis 3
ans, l’insuffisante contribution des revenus du capital au
financement de ces caisses, à cela s’ajoute la question
démographique qui n’est qu’un élément du problème, mais
pas l’élément principal.
En effet, s’il n’y avait pas de chômage, ni de crise
financière, et si les revenus du capital finançaient
davantage les caisses de retraite, même avec un nombre
de retraités égal à celui des actifs, et une espérance de vie
plus longue, le système serait financé.
C’est pourquoi, il est injuste de résoudre le problème,
essentiellement par des « mesures d’âge » en faisant cotiser
45 ans une personne qui aurait commencé à travailler à
17 ans, pour ne disposer de sa retraite qu’à 62 ans au lieu
de 60 ans, alors que la durée de cotisation passe déjà de
40 à 41,5 ans pour le privé et de 37,5 ans à 41,5 ans pour
le public.
Compte tenu de l’allongement de la durée de cotisation,
d’une part, les personnes ayant travaillé jeune (avant 20
ans) sont pénalisées par le recul de la retraite de 60 à 62
ans, tandis que les personnes ayant commencé à travailler
tard soit pour cause de chômage des jeunes ou d’études,
voient l’âge de la retraite à taux plein passé de 65 à 67ans.
Les salariés font l’effort de cotiser plus longtemps, le reste
peut très bien être financé par la contribution des revenus
du capital aux caisses de retraites.
Et pour reprendre votre argumentation, disons que si les
salariés paient pour l’allongement de l’espérance de vie,
ils ne peuvent aussi payer pour le chômage et la crise,
d’une part, ils n’en sont pas responsables, et d’autre part,
malgré la crise, les revenus financiers n’ont eux, pour
ainsi dire, jamais cessé d’augmenter.
Ce n’est donc ni idéologique, ni suicidaire, c’est l’inverse
qu’il l’est, car si l’on suit ce raisonnement, ou nous devrons
travailler toujours plus longtemps pour préserver les
intérêts d’une minorité épargnée de l’effort de
contribution, alors pourquoi pas jusqu’à 70 puis 75 ans …
ou renoncer au système de répartition que vous considérez
vous-même, comme le plus solidaire et le plus juste.
Mon cher Thulé, sans vouloir faire d’anachronisme, nous
sommes bien placés pour le savoir,
cela ne vous rappelle-t-il pas une époque, où l’on
expliquait à notre bien aimé roi Louis XVI, que certains ne
pouvaient pas contribuer, ou plutôt ne voulaient pas
contribuer, et l’on sait malheureusement, comment cela
s’est terminé. C’était en effet « idéologique » et tout à fait
suicidaire.
Mon cher DC, vous expliquez que la crise (mondiale) et le chômage – conjoncturel mais aussi structurel – sont des éléments importants dans le déficit du système des retraites et, que pour compenser ce déficit, il faut demander une contribution aux revenus du capital.
S’il s’agit de ponctionner – comme l’état le fait avec la chasse aux niches – le « capital » que les classes moyennes ont mis des années à épargner, ont est effectivement dans le droit fil de ce que tous les gouvernements ont fait, sans risque, depuis des décennies. Très peu pour moi.
Par contre, supprimer dans un premier temps le fameux « bouclier fiscal » et dans un deuxième temps engager une véritable remise à plat de notre fiscalité, pourquoi pas!
Cher Baphomet,
Oui, les revenus du capital doivent être davantage taxés,
tout d’abord en élargissant l’assiette fiscale, et ensuite
proportionnellement et progressivement en fonction des
revenus de chacun.
Oui, il est nécessaire d’engager une véritable remise à plat
de notre fiscalité, mais non pas pour épargner encore
davantage les revenus du capital, mais pour qu’ils
contribuent tout autant que les revenus du travail à nos
dépenses publiques.
Vous parlez des classes moyennes, mais je n’ai pas
l’impression que les personnes s’identifiant comme
appartenant à ces classes moyennes, aient des retraites
chapeau de plusieurs millions d’euros, qu’elles détiennent
les milliards d’euros de profits distribués aux actionnaires,
notamment par les entreprises du cac 40, qu’elles aient les
moyens de planquer leur capital dans des paradis fiscaux
tout en se faisant rembourser par le fisc français des
millions d’euros au titre du bouclier fiscal.
L’opposition fait actuellement des propositions au
parlement, je n’ai pas l’impression que les classes
moyennes soient particulièrement visées par les abus
existants pour les raisons que je vous ai indiquées.
Mon cher DC, dans une société organique équilibrée, le lien s’effectue par l’impôt qui, seul, peut donner cette capacité collective d’agir et de prendre en charge les besoins sociaux et les solidarités.
Mais , l’impôt sur le revenu est en cure d’amaigrissement sous le double effet de la baisse de son barème (de 12 à 5 tranches et le taux marginal de 65% à 40%) et du poids croissant des nombreuses dispositions dérogatoires qu’il comporte atténuant ainsi sa progressivité et la correction des inégalités.
De plus les impôts indirects occupent la plus large part, et les impôts directs se marginalisent. C’est donc l’ensemble du système fiscal qu’il faudrait corriger.
Une véritable solidarité nationale nous impose de mettre en place une cohérence globale de la fiscalité qui pourrait se décliner de la façon suivante:
-Une fiscalité efficace : qui procure assez de rentrées pour financer les politiques publiques,
-Une fiscalité équilibrée : qui fasse une plus grande part aux impôts directs et qui contienne la TVA,
-Une fiscalité juste : qui remplisse son rôle de correcteur des inégalités, c’est -à-dire dont la progressivité soit marquée.
Cher Baphomet,
Les principes que vous énoncez sont, à mon avis, justes et pleins de bon sens, mais il n’est pas possible d’attendre cette grande réforme fiscale, alors que l’avenir du financement des retraites n’est pas assuré par la réforme en cours, et que par ailleurs, celle-ci est totalement injuste.
Soit le gouvernement retire l’ensemble de la réforme et met tout à plat, ce qu’il ne faut pas du tout espérer, soit c’est dès maintenant qu’il faut s’opposer à cette réforme, en exigeant que l’Etat contribue également au financement des retraites, par le prélèvement fiscal sur les hauts revenus du capital, sans laisser les comptes sociaux de la sécurité sociale livrés à eux-mêmes.
C’est pourquoi, il faut se mobiliser le 23 septembre, et les royalistes, sincèrement hostiles à l’idéologie ultra-libérale doivent y prendre leur part, au nom du bien commun.
En tout cas, c’est ce que je ferai sans hésitation, et sûr de notre bon droit.
Mon cher DC, il ne vous aura pas échappé que, deux ans avant la présidentielle, la manifestation du 23 va bien au delà du simple cas de l’âge de la retraite.
Quant à l’idéologie ultra-libérale, je vous laisse la contester en compagnie de la plupart de ses représentants (de gauche), par exemple : Strauss Khan président du FMI, Fabius antiquaire richissime, Bergé de YSL etc.
J’ajouterai que les stratégies des uns et des autres sont identiques : pour le PS comme pour l’UMP, pour les syndicats comme pour le MEDEF, il s’agit de simuler un affrontement pour mieux se renforcer… mutuellement ; c’est juste de l’enfumage destiné à mobiliser des clientèles ; les uns et les autres se nourrissent du spectacle de leur confrontation tout en étant d’accord sur l’essentiel : sur le libre-échangisme économique, l’ouverture des frontières et l’immigration incontrôlée qui déséquilibrent les régimes sociaux ; sur le sacrifice de la politique familiale qui, seule, pourtant, permettrait de préparer l’avenir ; et sur le renvoi des décisions les plus difficiles à demain.
Cher Baphomet,
Même s’il ne m’a pas échappé que lors de ces
manifestations, les syndicats et les partis politiques de
gauche saisiront l’occasion, pour se refaire une légitimité,
il s’agit avant tout de manifestations des Français
eux-mêmes, opposés à cette réforme, imprégnée de
l’orthodoxie ultra-libérale.
C’est pourquoi, j’y participerai sans complexe, d’autant
plus, qu’en tant que royaliste, je ne me sens appartenir à
aucun parti de droite, comme de gauche, le seul qui
m’importe est celui de la France.