Par Vincent Trémolet de Villers
De cet excellent éditorial, nous avons dit précédemment ce que nous pensons [Article plus haut]. Le titre dit tout de ce qui différencie cette attaque des précédentes. Et qui est très grave. [Le Figaro, 4.09]. JSF
Depuis, la police nationale, déjà profondément éprouvée, a le cœur qui saigne. Elle pleure ceux qui sont morts, et la France partage cette peine. L’émotion cependant ne dissipe pas les interrogations. Comment est-il possible, en effet, qu’un lieu aussi protégé, et dans ce lieu qu’un service aussi sensible que celui du renseignement, ait pu être le théâtre d’un tel drame? Le ministre de l’Intérieur nous assure que l’assaillant «n’avait jamais présenté de difficultés comportementales, ni le moindre signe d’alerte». Terrorisme, coup de folie? Jeudi soir, rien ne permettait de trancher avec certitude. Les informations parcellaires tombaient une à une: conflit avec sa hiérarchie, conversion récente à l’islam. Le procureur de Paris en charge du dossier se disait en «contact permanent» avec le parquet antiterroriste… Déjà, cette attaque au couteau avait rejoint dans nombre d’esprits des épisodes récents – un arrêt de bus à Villeurbanne, une maternelle à Marseille – où la même arme a frappé aveuglément. Rapidement classés dans les faits divers, oubliés en un jour, ces meurtres continuent de tourmenter l’inconscient collectif. Ils illustrent le recul de l’autorité comme l’installation d’une forme ordinaire de barbarie. Cette attaque sur l’île de la Cité, au cœur d’un symbole de l’État, augmente un peu plus cette inquiétude. Il faudra la dissiper, sans esquive, par la force de la vérité. ■
Cet article est publié dans l’édition du Figaro du 04/10/2019.