Télescopage heureux de notes concernant Charles Maurras, cette semaines, sur trois blogs et site différents….
Sur son Blog, Hilaire de Crémiers vient d’annoncer le programme de ses commentaires sur les Contes du Chemin de Paradis et sur certains poèmes de Maurras.
Nous venons nous-mêmes de répondre à Alain-Gérard Slama (dont on va retrouver un écho fort intéressant dans les lignes qui suivent…) et nous sortons incessamment sous peu une deuxième réponse à une autre personne qui a lamentablement caricaturé et insulté Maurras.
Enfin, le site Maurras.net ( http://maurras.net/ ), dont nous parlons régulièrement dans ces colonnes, avait déjà écrit, il y a peu, qu’il fallait oeuvrer pour la réhabilitation de Maurras – et donc la révision de son procès… – dont la condamnation est aujourd’hui un fait, que nous devons prendre en compte. Voici que, dans sa livraison du 25 octobre, Maurras.net revient sur le sujet….
« M. le Maudit », pour parler comme Fritz Lang ?….
Si Maurras est enfermé par la conspiration du silence dans un cercueil fermé à double tour, et si ce cercueil est à son tour écrasé sous la chape de plomb du conformisme ambiant de la vérité officielle, c’est pour une raison bien simple : Maurras est celui qui a osé elaborer la critique globale et cohérente du Système en tant que tel; radicalement, au sens ethymologique et premier du terme, c’est-à-dire en critiquant la République idéologique à sa source, dans ses racines et ses fondements mêmes.
Le Système ne s’y est pas trompé : à ce titre, Maurras est, non pas dangereux, pour la République idéologique, mais le seul dangereux.
Maurras et les quatre États confédérés
par Philippe le 25 octobre 2010
L’antisémitisme professé par Charles Maurras tout au long de sa vie est aujourd’hui le principal obstacle à sa réhabilitation. Nous le savons bien, et nous n’entendons pas occulter ce problème.
Il ne s’agit pas seulement de la révision de la parodie de procès qui condamna Maurras en 1945, mais de sa réhabilitation pleine et entière en tant que référence et objet de connaissance, qu’on le considère comme penseur et maître à penser, comme homme de lettres, comme polémiste ou plus simplement comme figure majeure du patrimoine intellectuel national – et international.
Notre mission se borne à servir deux exigences : d’abord revenir aux textes d’origine, dans leur version intégrale, et les mettre à disposition de nos contemporains, chercheurs ou simples « honnêtes hommes » ; ensuite prévenir tout risque d’anachronisme, documenter et contextualiser chacun de ces textes, surtout les plus à même de susciter interrogations ou controverses.
Nous n’avons rien à justifier, rien à exhiber complaisamment, mais nous nous donnons le devoir d’expliquer et de faire comprendre.
S’agissant de l’antisémitisme, la vive émotion qui entoure aujourd’hui ce thème rend la tâche particulièrement malaisée. Il est néanmoins possible, et nécessaire, de l’aborder de sang froid. Et si nous comprenons fort bien que l’on fasse grief à Maurras des positions qu’il a tenues, ce sont celles-là qu’il convient d’analyser et éventuellement de condamner, celles-là et non d’autres qu’il n’a jamais exprimées, voire qu’il a rejetées avec force.
À la fin du dix-neuvième siècle, l’antisémitisme est surtout présent à gauche. Il est nombre de célébrités, et des plus consensuelles aujourd’hui, qui perdraient rapidement leur aura, et dont on débaptiserait séance tenante les nombreuses places et avenues qui portent leur nom, si d’aventure on exhumait certains de leurs écrits de jeunesse. Et parfois ces écrits ne sont pas seulement de jeunesse. Il suffit d’ailleurs souvent d’y remplacer « juif » par « grande banque », « finance internationale » ou « ultralibéralisme » pour retrouver presque à l’identique les discours d’une partie de la gauche contemporaine.
Dans ce paysage survient l’affaire Dreyfus. Elle va donner d’une part naissance au sionisme, et d’autre part faire basculer le sentiment antisémite de gauche à droite. Des mouvements d’une telle ampleur ne se font pas sans brouiller le paysage intellectuel et multiplier les situations particulières. Largement répandu, largement toléré, l’antisémitisme se diversifie et se nuance à l’infini. La jeune Action française s’en réclame pour deux raisons principales : d’abord, le Juif y est perçu comme l’agent de l’Allemagne ennemie, vecteur de la philosophie allemande ; ensuite, le courant national antisémite est vu comme un vivier de recrutement potentiel. C’est ce qu’exprime clairement le serment des ligueurs :
Seule, la Monarchie assure le salut public et, répondant de l’ordre, prévient les maux publics que l’antisémitisme et le nationalisme dénoncent. Organe nécessaire de tout intérêt général, la Monarchie relève l’autorité, les libertés, la prospérité et l’honneur.
Ce sera également la position défendue par le duc d’Orléans : les émules de Barrès et de Drumont ont raison de se révolter contre l’abaissement de la nation, mais ils n’ont fait qu’une partie du chemin, ils ne font que dénoncer des maux visibles, ils s’attachent aux effets et non aux causes ; il reste encore à les amener à la solution, qui est monarchique. Dans l’énoncé de la phrase du serment, la Monarchie ne se définit pas elle-même comme nationaliste et antisémite ; elle proclame au contraire que ces attitudes n’auront plus raison d’être, une fois que l’institution royale aura résolu les problèmes qui ont provoqué ces réactions de défense.
Maurras théorise cette attitude dans son analyse de l’État républicain. Celui-ci, ayant supprimé les corps intermédiaires, refusant l’existence de tout pouvoir autonome, local, social, ou professionnel, entre lui-même et le citoyen, donne libre cours à l’individualisme atavique gaulois et réduit chaque personne à un individu interdit de coalition et pesant peu face à sa toute-puissance. En revanche, les groupes sociaux liés par une solidarité naturelle s’en trouvent abusivement avantagés et deviennent de fait les meilleurs soutiens de ce régime qui les favorise : c’est la thèse maurrassienne des « quatre États confédérés » qui rassemblent Juifs, protestants, francs-maçons et étrangers, réunis sous le terme de « métèques » en référence à la « métécie » de l’Athènes antique.
Restaurer les corps intermédiaires naturels de la société française remettra tout le monde sur un même plan et rendra, de fait, l’antisémitisme caduc ; c’est le message implicite de Maurras, qui transparaît même dans l’article que nous avons publié le 9 octobre dernier (« L’Exode moral ») et qu’on peut considérer comme le texte le plus antisémite qu’il ait jamais signé.
Or il se trouve que le même jour, Alain-Gérard Slama publiait dans le Figaro magazine (page 129) un billet dans lequel il affirme que la politique juive du gouvernement de Vichy s’était directement alignée sur les thèses de Maurras et de son « idéologie de défausse sur le bouc émissaire juif ». Le jeune Alain-Gérard Slama avait été mieux inspiré dans l’intervention qu’il donna fin mars 1974 sur Maurras et la Révolution nationale lors du quatrième colloque Maurras organisé par le regretté Victor Nguyen à Aix en Provence. Slama en a bien oublié l’argumentation depuis, car s’il y a quelque chose qu’on ne trouve jamais, absolument jamais, sous la plume de Maurras, c’est le recours à la logique du « bouc émissaire ».
Aujourd’hui nous vous proposons ce qui est sans doute le texte de Maurras qui explique le mieux sa théorie des « quatre États confédérés » : c’est un document de 1905, publié en plusieurs épisodes dans La Semaine Littéraire de Genève et repris avec des notes pour le lecteur français dans la Gazette de France. Le prétexte en est une réponse à un ouvrage d’un politologue suisse, Les Deux Frances, auquel Maurras répond par un éloge vibrant de l’unité française, qui le fera même qualifier plus tard de « jacobin » par certains de ses détracteurs.
Le texte sera repris en 1916, puis en 1926, sous le titre « De la liberté suisse à l’unité française » dans le recueil Quand les Français ne s’aimaient pas dont la première édition comporte quelques passages blanchis par la censure.
Maurras y est à ce point attaché à décrire les vertus de l’unité en France qu’on n’y discerne guère la thèse du Suisse, ce que sont selon lui les « deux Frances » qu’il distingue !
Mais ce qu’on en retiendra, c’est sa critique de l’idée abstraite de liberté, qui prend des sens différents selon qu’on soit en Suisse ou en France, et surtout l’explication dépassionnée de sa conception des « quatre États confédérés », expression qu’il utilise depuis quelques années déjà. L’antisémitisme y compte seulement pour un quart, englobé par une théorie plus vaste des pouvoirs et des contre-pouvoirs.
Maintenant, que le lecteur contemporain juge, textes et explications en mains, s’il y a là vérité ou erreur, éléments de leçon pour notre société contemporaine ou seulement considérations ayant valeur historique. Notre rôle s’arrête là.
La situation faite aujourd’hui à Maurras est incontestablement une injustice, parmi bien d’autres, en même temps que la poursuite d’une vieille guerre civile (le passé qu’on s’ingénie à empêcher de passer).
J’ajouterai qu’elle est aussi un témoignage, là aussi parmi bien d’autres, de l’extraordinaire inculture politique et de l’extrême médiocrité intellectuelle de ceux qui le condamnent sur des on-dit, tout en étant incapables d’apprécier, fût-ce de façon critique la place qu’il occupe dans l’histoire des idées.
Quitte à ce que les royalistes engagent une action en
réhabilitation par rapport à un procès odieux de l’Etat »
républicain », celui de Louis XVI est sans doute le plus fondé
pour la prise d’une telle initiative.
Hormis les points de désaccord avec Maurras, dont sa forme
d’antisémitisme, et même s’il a sa place dans l’histoire des
idées, il n’est pas l’alpha et l’oméga de la pensée, sur la
monarchie et la royauté française.
Maurras n’a jamais été raciste, au sens classique de ce terme, mais sa germanophobie n’en relève pas moins d’une position qui s’en rapproche fortement. Cet antigermanisme est un peu paradoxal chez un royaliste, si l’on se souvient des origines de la dynastie franque, des princesses allemandes qu’épousèrent fréquemment les rois de France.
Mais, au-delà de ses erreurs et de ses jugements parfois injustes, son courage, son désintéressement, son exigeance, sa sincérité extrême, sa ténacité et la somme incroyable d’efforts qu’il a su déployer au cours de sa vie, commandent le respect.
Il n’y a pas beaucoup d’hommes publics dont on puisse en dire autant
Voici une contribution à la réhabilitation de Charles Maurras par Franck Abed, même si elle est faite sous forme de critique en ouvrant un grave débat » Pour ou contre le compromis nationaliste »
Au nom du paradigme catholique et capétien (15)
http://cril17.info/2010/10/26/au-nom-du-paradigme-catholique-et-capetien-14-2/#comments
Mille mercis pour votre hospitalité qui laisse esperer que le dialogue qui s’est noué par ailleurs puisse se poursuivre ici et sur celui de Sylm !
En effet l’idée d’organiser un VOTE DE REPRESENTATION du corps électoral royaliste, ( qu’on peut légitimement estimer de 15 à 20 % du corps électoral français ) à l’occasion du 1er tour des élections présidentielles de 2012 semble rencontrer un accueil SPONTANE favorable !
Imaginez qu’un candidat – je fais un rêve en pensant à Jean Raspail par exemple – accepte de représenter les royalistes qui l’auraient désigné via un vote électronique sur Internet et fasse 15 à 20 % des voix exprimées au 1 er tour [ Qui peut savoir aujourd’hui comment vont voter les abstentionnistes qui ont déjà traduit leur écoeurement des jeux républicains lors des diverses élections précédentes ? ] !
Est-ce que ce ne serait pas alors une formidable réhabilitation de Charles Maurras, avant celle qui lui est due de la part de l’intelligence française et en particulier de l’Académie Française ?
Si vous souhaitez suivre la discussion qui a lieu par ailleurs, en lien étroit avec celle-ci, merci de cliquer sur
http://cril17.info/2010/10/26/au-nom-du-paradigme-catholique-et-capetien-14-2/#comment-104
Bonjour,
SYLM accueille effectivement l’idée de Charles avec intérêt et dans un contexte purement pragmatique:
A. lister les candidats officiels (déclarés) à l’élection présidentielle. Tous les candidats.
B. le “baromètre” consistera à pouvoir exprimer son vote (1er tour) et à le modifier dans le temps. Il sera disponible en temps réel.
C. les deux meilleurs candidats seront ensuite à départager dans un second tour.
Pour ce qui concerne d’éventuelles candidatures royalistes, elles apparaitraient donc parmi les autres afin de ne pas fausser le réalisme de la simulation.
Dès que les programmes de chaque candidat seront connus, il sera possible de cocher les mesures qui ont conduit au vote de chacun.
Le vote blanc et l’abstention seront comptabilisés individuellement, comme nous le préconisons pour les élections officielles.
Une question optionnelle concernant l’appartenance (Orléaniste, Légitimiste, Providentialiste ou Voxiste) sera posée au votant mais son résultat ne sera publié qu’après le second tour afin là encore de ne pas fausser le vote.
Un simple outil de sondage, donc, mais d’autant plus intéressant que personne ne sait comment votent les monarchistes.
Ai-je bien résumé le projet, Charles ?
Cher Zarma,
C’est non seulement bien résumé, mais c’est d’ores et déjà au-delà du projet initial, produit de l’échange auquel vous nous faites l’honneur de participer !
Permettez-moi donc de vous considérer désormais comme le maître d’oeuvre d’une opération dont le maître d’ouvrage est le corps électoral royaliste français, intervenant sur Internet à quelque titre que ce soit !
Pour notre part le Cril17 vous fait confiance pour construire une opération qui est au-delà de ses compétences, capillarité et subsidiarité obligent ! A vous de faire au mieux !
Après le “Livre Blanc du royalisme en France ” ( Edition 2009 ) c’est très certainement une nouvelle page de l’histoire du royalisme, que votre site SYLM va écrire !
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Pour mémoire à l’attention de nos nouveaux lecteurs :
” L’état des lieux du royalisme en France n’avait pas été dressé depuis vingt ans… c’est fait. Découvrez une communauté résolument ancrée dans la société civile.”
Format 16×24, 116 pages – 19,95 €
http://www.sylm.info/?l=fr