Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Pouvait-on attendre autre chose du discours prononcé le 16 septembre par Mme Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, que des propos lénifiants, un tissu de fausses bonnes intentions, sans rapport aucun avec le réalisme politique le plus élémentaire ?
Il y est surtout question des grands thèmes de la bien-pensance – écologisme, antiracisme, lutte contre les discriminations, accueil des immigrés, etc. – comme si les pays et peuples d’Europe qui composent l’Union ne devaient penser qu’à cela. Cette approche tout à la fois conformiste et idéologique, fondée sur les fameuses et immortelles « valeurs » de l’UE, montre les limites et les dangers de la stratégie de Bruxelles.
À l’intérieur, promotion des minorités et de l’immigration
A l’intérieur, priorité est manifestement donnée à la promotion du droit des minorités et à l’acceptation de l’immigration de masse. Quitte à stigmatiser les mauvais élèves d’Europe centrale qui renâclent à la perspective de bouleversements sociétaux et démographiques comparables à ceux de leurs voisins. On voudrait par exemple sanctionner la Pologne pour l’existence de quelques « zones sans LGBTQI », ce qui constituerait pourtant un déni manifeste de souveraineté. Il en est de même pour l’immigration. Mme Von der Leyen n’a aucun doute sur la légitimité du phénomène, elle se demande seulement comment en assurer le bon fonctionnement. On connaît la rengaine selon laquelle l’immigration constituerait en soi une chance pour les pays d’accueil. Si c’était vrai, les pays de l’Union se disputeraient pour accueillir le plus de migrants possible et Mme Von der Leyen n’aurait pas besoin de vouloir rendre obligatoire pour tous les membres de l’Union l’accueil de migrants décidément indésirables. Certes, une immigration modérée, parce que dûment contrôlée sur la base de certains critères, pourrait avoir des aspects positifs. Mais il est patent que l’UE ne maîtrise rien, qu’on peut douter de la possibilité même de maîtriser quoi que ce soit, que l’immigration extra-européenne a toutes les apparences d’une vague submersive constamment renouvelée et que, au vu de l’augmentation bien prévisible des flux migratoires, les conséquences sociales, économiques et politiques risquent d’être irréversibles.
Cela importe peu à Mme Von der Leyen qui rappelle que les indésirables ont des droits, à commencer par un droit d’asile qui serait imprescriptible. Droit complètement dévoyé depuis que ce sont des masses de gens, et non des individus voire de petits groupes, qui prétendent en bénéficier. Comment la croire lorsqu’elle envisage des demandes d’asile traitées rapidement et assorties de renvois tout aussi rapides vers les pays d’origine pour les déboutés ? On sait bien qu’une petite minorité seulement des migrants qui se présentent aux frontières de l’Europe peut y prétendre. Pour l’immense majorité, il s’agit de franchir la frontière de façon illégale, pour ensuite s’incruster de façon tout aussi illégale pour demander, exiger même, une régularisation, elle aussi considérée désormais comme une sorte de droit par ces migrants et les associations qui les soutiennent.
À l’extérieur, faire la leçon…
Concernant l’extérieur, c’est le même désir de faire la leçon aux uns et aux autres. Au-delà de quelques propos de circonstance pour tancer la Turquie et la Grande-Bretagne, l’important est dans l’affirmation d’un droit d’ingérence humanitaire dans les affaires intérieures de puissances étrangères. Mme Von der Leyen souhaite ainsi l’adoption d’une loi permettant à l’Union d’agir pour défendre partout dans le monde et sans limitation de durée les sacrosaints « droits de l’homme ». Ces derniers seraient menacés par exemple en Chine, en (Biélo)Russie, au Proche-Orient, etc., autant dire presque partout. Mission quasi impossible et qui nous mettra(it) à dos la moitié de la planète. C’est le degré zéro d’une bonne politique étrangère et cela prouve une fois de plus l’incapacité native de l’Union dans ce domaine. Que certains veuillent au contraire y voir « la capacité, ou pas, de l’Europe à devenir une puissance à part entière, et surtout, à se penser en tant que puissance » (Pierre Haski, France Inter, jeudi 17) est tout simplement grotesque.
Et dangereux le défi lancé aux vingt-sept Etats membres de voter à la majorité qualifiée toute décision liée à la défense des « droits de l’homme » et aux sanctions y afférentes. Dangereux parce que nous vivons dans un monde chaotique, multipolaire, véritablement « post-américain » c’est-à-dire caractérisé par le désengagement durable des Etats-Unis, ou plutôt par des engagements de pure circonstance, tendance de fond amorcée sous M. Obama, incarnée aujourd’hui par M. Trump et qui devrait perdurer quel que soit le résultat de la prochaine élection outre-atlantique. Les pays européens ont peut-être une claire conscience de la chose, encore faudrait-il qu’ils en tirent les conséquences, de façon à se prémunir au mieux contre les menaces et incertitudes de ce nouveau monde.
Humanitarisme, moralisme et droits-de-lhommisme forcenés ne nous protégeront jamais dans un univers inquiétant, si ce n’est hostile. L’UE, par la bouche de Mme Von der Leyen, vient de se discréditer une fois de plus en apportant une non-réponse à la plupart des défis d’aujourd’hui, jouant ainsi contre la véritable Europe. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
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Il est de plus en plus évident que cette Europe a été créée par 2 groupes qui se rejoignent
– ceux qui veulent lutter contre le racisme , ou prétendu tel
-les autres, la haute finance, qui a besoin non de nations, MAIS de consommateurs , venant de nulle part pour pouvoir consommer en Europe, à nos frais.