Beaucoup de bruit pour Pagny
Un « débat » dérisoire :
Florent Pagny vit aux Etats-Unis. Il y a trouvé l’atmosphère qui lui convient, dit-il. Grand bien lui fasse. Voilà que les bureaux antiracistes français le dénoncent comme un nouvel Hitler, ou à peu près : « c’est par les mots que commence le pire ». Qu’a donc pu raconter le malheureux Pagny, si étranger aux idées ? Vivre outre-Atlantique, a-t-il dit (sur Chérie FM !) fait que mon fils ne revient plus du collège en parlant « rebeu ». Racisme ! s’écrient les bureaux.
Est-ce exact ? Pas évident : Pagny explique ensuite que « les mômes se raccrochent à des codes » parce qu’ils « ont peur » ; il semble donc voir l’argot de quartiers comme l’un de ces codes, et lui reprocher de gêner l’apprentissage de la langue générale, au même titre que la dysorthographie SMS. Est-il raciste de préférer que les gamins ne s’enferment pas dans des idiomes de clan ? Les enquêtes pédagogiques voient dans ce repli l’un des symptômes (ou l’une des causes ?) de l’échec scolaire, en France et dans d’autres pays d’Europe [1] ; la réflexion de Pagny est donc, peut-être, moins bête qu’il n’y paraît.
Néanmoins les agences se sont jetées sur ce procès risible. Elles diffusent à tout va les réquisitoires de SOS Racisme et du CRAN, lesquels accusent Pagny de revenir aux heures les plus noires ou à peu près (« c’est par les mots », etc). Beaucoup de bruit pour rien.
Cette façon d’hypnotiser le public sur des « mots » ou des « petites phrases » est typique de la France actuelle. Forme moderne du clérical, disait Régis Debray, les médias instruisent en permanence des procès en hérésie pour relancer la machine des scandales, censée faire carburer l’audience. Résultat : l’hystérisation et la crétinisation de la scène publique. (Crétinisation est le terme juste, quand on en vient à désigner Pagny comme un problème). Une société a les débats qu’elle mérite. La nôtre ne passera pas à l’histoire comme l’âge d’or de l’intelligence parisienne.
Il y a peut-être autre chose. Le rôle des médias est multiple : polariser les foules sur Florent Pagny, c’est les empêcher de réfléchir à des questions sérieuses. À la crise de la société d’aujourd’hui et à ses causes économiques, par exemple…
[1] Vouloir que les enfants d’immigrés apprennent la langue du pays d’accueil est le contraire du racisme. Même les Verts et le SPD allemands essaient d’expliquer ça aux journalistes français, qui accusent Angela Merkel du pire… pour avoir dit la même chose que Pagny, en termes plus intelligents.
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“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”