Lue dans Le Monde, cette invitation à visiter l’exposition « La Bastille ou l’enfer des vivants », bibliothèque de l’Arsenal, 1, rue de Sully, Paris 4e (du mardi au dimanche, 12 heures à 19 heures. Entrée libre. Jusqu’au 11 février 2011)….
On tiquera évidemment, dès la première ligne, sur le mot « prise », et la mystification ehontée que recouvre cette falsification historique de premier ordre. Mais, justement, tout dans ce qui suit vient remettre les pendules à l’heure, comme on dit familièrement…..
Et, puisque c’est Le Monde qui fait la pub de cette expo, ne boudons pas notre plaisir !…
Le procès-verbal date du 16 septembre 1789. Un mois plus tôt, la Bastille a été prise. En pleine fièvre révolutionnaire, sur le rapport de l’avocat Thuriot de la Rosière, la toute nouvelle assemblée des représentants de la Commune de Paris vote une délibération essentielle : elle décide de rassembler dans un même lieu – et donc de sauver – tous les papiers trouvés dans la prison « considérant que ces papiers sont infiniment importants, qu’il est essentiel de les examiner, d’en faire l’analyse et même de la rendre publique » afin « d’instruire les citoyens » sur l’arbitraire de la justice de l’Ancien Régime. On mobilisa donc l’opinion afin de mettre à l’abri ces papiers qui avaient été pillés ou jetés rageusement dans les fossés autour de la prison. Parmi les curieux venus ramasser les « affreux secrets du despotisme » figurait un certain… Beaumarchais, qui s’empressa de les rapporter.
« Masque de fer »
C’est à cette délibération de la Commune de Paris que l’on doit une large part de l’exposition présentée à la Bibliothèque de l’Arsenal sur la Bastille, cet « enfer des vivants ». En témoigne, sous une vitrine, une poignée de documents maculés de boue séchée qu’une main a sauvés il y a plus de deux cent vingt ans.
L’exposition a été conçue autour de ces précieuses archives. On y retrouve les plus célèbres affaires – les poisons de la marquise de Brinvilliers, le collier de la reine – et ces fameux prisonniers que furent le régicide Damiens, dont la chemise a été conservée, le mystérieux « masque de fer » et, bien sûr, Voltaire et Sade. Les manuscrits originaux des 120 journées de Sodome et de Justine, rédigés pendant les quatre années de l’enfermement du marquis à la Bastille, de 1784 à 1789, figurent parmi les pièces à découvrir.
Mais tout l’intérêt du travail des commissaires Elise Dutray-Lecoin et Danielle Muzerelle est d’aller au-delà du mythe de la Bastille et de restituer, selon la belle formule de l’historienne Arlette Farge, si familière des archives de l’Arsenal, « les vies pitoyables », les « traces de ceux qui se sont cognés à l’ombre des Lumières ».
Entre 1661 et 1789, si un prisonnier sur six est embastillé pour « faits de lettres », la majorité des victimes est constituée d’obscurs chansonniers, de nouvellistes, de pamphlétaires et d’ouvriers typographes, coupables d’avoir écrit ou publié des écrits pornographiques ou de lèse-majesté. Les conditions de leur détention sont beaucoup plus rudes que celles des plus riches pensionnaires de la prison du roi, auxquels sont réservés les « appartements » de la citadelle. A une réserve près : les archives exhumées témoignent toutes de la qualité des… repas servis à la Bastille. Le « mémoire de pâtisseries fourny au mois d’avril, année 1768 », décline « feuillantines, choux, gauffres, bisquit de Savoye », tandis que le règlement prévoit de distribuer deux bouteilles de vin par jour et par prisonnier !
Sept prisonniers
L’exposition permet également de découvrir une autre réalité que l’histoire révolutionnaire a en partie cèlée : la chute de la Bastille a commencé bien avant les journées de juillet 1789. En 1780, Louis XVI, sensible à la question de la réforme du système pénal, instaure une commission pour réfléchir à « l’amélioration de la situation carcérale ». Le premier rapport sur les prisons date de cette année-là. Sa conséquence en sera, cinq ans plus tard, la création de l’Inspection générale des prisons.
En 1788, la « question préalable », destinée à obtenir des condamnés à mort qu’ils livrent le nom de leurs complices juste avant l’exécution, est abolie et c’est le 26 juin 1789 que le roi annonce la suppression des lettres de cachet. En 1783, la Bastille est si peu peuplée que le baron de Breteuil envisage un temps sa suppression. Lorsque, le 14 juillet, on fait enfin sauter les portes des cellules, on ne découvre que sept prisonniers. Quatre faussaires, un noble enfermé à la demande de sa famille pour inceste et deux fous sont les derniers pensionnaires de ce « lieu commun » de l’histoire de France.
Noël Stassinet sur On attend une vigoureuse réaction du…
“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”