« Noël est pour les malchanceux … »
- Noël à Bethléem : Soeur Sophie continue de recueillir dans les poubelles ou sur les bouches d’égout de la ville des enfants doublement maudits par la guerre et leur naissance hors mariage, dans cette culture fanatique de « l’honneur familial » qui ne leur reconnaît aucun droit …
- Noël en Egypte, en Algérie, au Liban, en Irak : les communautés chrétiennes s’enfoncent dans un statut de plus en plus précaire, de plus en plus comparable à celui des « sous-hommes » de l’occupation nazie, quand elles ne sont pas directement menacées de mort dans la rue, jetées en prison ou massacrées à la grenade sur leurs lieux de prière, comme lors de la Toussaint sanglante de Bagdad le 31 octobre dernier …
- Noël au beau pays de France : d’anciens soldats héroïques, qui portent des noms français ou musulmans – oubliés de tous, et spécialement des pouvoirs publics – n’arrivent pas à subvenir aux besoins les plus élémentaires de l’existence ni à faire face aux imprévus de la maladie, pour vieillir dans la dignité … C’est à venir en aide à tous ces malchanceux que travaille le Secours de France, pour que Noël soit aussi pour eux. Merci de ne pas mesurer votre générosité !
- ACTUALITES_SecoursdeFrance-22déc._2010.pdff
Belles fêtes de la Nativité.
Jean-Marie Schmitz
Votre sous-titre est emprunté d’un très beau poème de Robert Brasillach que je retranscris ici. Je pense que ce sera pour la joie des lecteurs de ce blog …
Il aurait pu être aussi, en ce temps de Noël : « Et faire flamber l’espérance », le dernier vers de ce texte des Poèmes de Fresnes, d’où il est tiré. Les Poèmes de Fresnes sont, en effet, remplis d’espérance, y compris de l’espérance chrétienne, malgré l’issue à laquelle leur auteur s’attendait.
Puisqu’il a été question, dans les commentaires récents, de la double vertu de la mémoire et de l’oubli, il me semble que Brasillach, que Maurras avait rejeté de l’Action française en raison de son collaborationnisme, n’en est pour autant nullement disqualifié en tant qu’écrivain, homme et poète.
Noël en taule
Qu’importe aux enfants du hasard,
Le verrou qu’on tire sur eux :
Noël n’est pas pour les veinards,
Noël est pour les malchanceux.
Voici la nuit : il n’est pas tard,
Mais la cloche tinte pour eux.
Noël derrière les barreaux,
Noël sans arbre et sans bonhomme,
Noël sans feu et sans cadeau,
C’est celui des lieux où nous sommes,
Où d’autres ont joué leur peau,
Sur la paille dormi leur somme.
Je t’adopte, Noël d’ici,
Bon Noël des mauvaises passes :
Tu es le Noël des proscrits,
De ceux qui rient dans les disgrâces,
Des pauvres bougres qu’on trahit,
Et des enfants de bonne race.
Nous savons qu’au dehors, ce soir,
Les amis et les cœurs fidèles,
Les enfants ouvrant dans le noir,
Malgré le sommeil, leurs prunelles,
Evoquent l’heure du revoir
Et tendent leurs mains fraternelles.
Et pour revoir, gens du dehors,
Le vrai Noël de nos enfances,
Il suffit de fermer encor
Nos yeux sur l’ombre de l’absence,
Pour dissiper le mauvais sort
Et faire flamber l’espérance.
Robert Brasillach, « Noël « 1944, fusillé le 6 mars 1945
MON PAYS ME FAIT MAL
Mon pays m’a fait mal par ses routes trop pleines,
Par ses enfants jetés sous les aigles de sang,
Par ses soldats tirant dans les déroutes vaines,
Et par le ciel de juin sous le soleil brûlant.
Mon pays m’a fait mal sous les sombres années,
Par les serments jurés que l’on ne tenait pas,
Par son harassement et par sa destinée,
Et par les lourds fardeaux qui pesaient sur ses pas.
Mon pays m’a fait mal par tous ses doubles jeux,
Par l’océan ouvert aux noirs vaisseaux chargés,
Par ses marins tombés pour apaiser les dieux,
Par ses liens tranchés d’un ciseau trop léger.
Mon pays m’a fait mal par tous ses exilés,
Par ses cachots trop pleins, par ses enfants perdus,
Ses prisonniers parqués entre les barbelés,
Et tous ceux qui sont loin et qu’on ne connaît plus.
Mon pays m’a fait mal par ses villes en flammes,
Mal sous ses ennemis et mal sous ses alliés,
Mon pays m’a fait mal dans son corps et son âme,
Sous les carcans de fer dont il était lié.
Mon pays m’a fait mal par toute sa jeunesse
Sous des draps étrangers jetée aux quatre vents,
Perdant son jeune sang pour tenir les promesses
Dont ceux qui les faisaient restaient insouciants,
Mon pays m’a fait mal par ses fosses creusées
Par ses fusils levés à l’épaule des frères,
Et par ceux qui comptaient dans leurs mains méprisées
Le prix des reniements au plus juste salaire.
Mon pays m’a fait mal par ses fables d’esclave,
Par ses bourreaux d’hier et par ceux d’aujourd’hui,
Mon pays m’a fait mal par le sang qui le lave,
Mon pays me fait mal. Quand sera-t-il guéri ?
18 novembre 1944.
Robert Brasillach