« …..Il est bon que Paulhan, plus qu’aucun autre, ait contribué à donner un nom à ce livre, à indiquer l’absence originelle d’écart entre la pensée, la vie et l’œuvre, chez Maurras; cela précisément par une lettre où il énumérait trois sortes de reconnaissance « que tout homme de pensée nourrit aujourd’hui à son égard ». Nourrit ? Devrait nourrir, et les voici : « L’extrême noblesse et pureté de sa vie, sa vertu dans le sens le plus fort du terme »; ensuite l’affirmation, par « cet écrivain farouche », de « la place apparemment modeste qu’a l’intelligence dans la société – et qu’à vouloir diriger le monde, un auteur perd la grande part de sa dignité »; enfin, et ensemble, « qu’il appartient à cet auteur de connaître la vérité et de la dire (…) A partir de quoi ses pouvoirs sont sans limites ». Au-delà de ces trois titres à la reconnaissance de tels « hommes de pensée », dont les deux derniers renvoient au livre décisif pour notre époque, l’Avenir de l’Intelligence – décisif pour la spéculation de notre siècle – Paulhan ajoutait un étrange pouvoir, « une sagesse plus grande et plus héroïque, qui maintient à tous risques celle de nos vérités sociales qui risque d’être négligée : Charles Maurras n’a cessé de nous rappeler, contre la mode, contre les puissances d’argent et les facilités de tout ordre (1), que nous nous trouvions être Français, et que ce n’était qu’à force d’amour pour elle que nous pouvions rendre la France – admirable, il se peut; supportable en tout cas. Nous lui devons tous d’être meilleurs que nous ne méritons d’être .» (Pierre BOUTANG, « Maurras, la destinée et l’œuvre », PLON, 1984)
« Extrême noblesse…de sa vie… », « …pureté de sa vie », « …vertu dans le sens le plus fort du terme »: il fallait que ces mots fussent dits et entendus, mais de la bouche de quelqu’un qui n’est « pas de chez nous », sinon on aurait toujours pu ratiociner: qui va invalider le beau témoignage du directeur de la NRF? et dire qu’il s’agit d’un insensé? Bernard Henri Levy? L’oserait-il? Alors, ne vaut-il pas mieux laisser en paix Charles Maurras plutôt que d’éructer régulièrement des insanités sur lui, comme le fait BHL? et, si l’on tient tant à porter un jugement sur l’auteur de « L’Avenir de l’Intelligence », quelles lunettes vaut-il mieux chausser: celles de BHL ou celles de Paulhan? Et quel ton adopter: celui de « la haine qui suinte…et la bave aux lèvres » (bien envoyé, Guaino!…..), ou celui qui conjugue et réunit la noblesse du style et celle de la pensée?
Question impertinente, pour clore le sujet: notre « philosophe strass et paillettes » pense-t-il que Jean Paulhan écrirait cela de lui, BHL, aujourd’hui? Poser la question, n’est-ce pas y répondre?….. (fin.)
(1): « les facilités de tout ordre »: BHL ne connait que cà!; par contre, pour ce qui est d’une « sagesse…..héroïque… », on a beau chercher…..
PS: nous sommes, qu’on se le dise, en train de composer un « bouquet » de textes (toujours pour les offrir à BHL: qu’est-ce qu’on est sympas! il ne pourra pas dire que nous sommes rancuniers!….); des textes de Bernanos et Bainville mais aussi, et peut-être plus inattendu, de Malraux et de Péguy…..
corcelles sur Quand, il y a 155 ans,…
“Je comprends mal la fureur de Barbey car si Flaubert – qui se prenait pour Mme…”