Il n’y a pas si longtemps, la « déferlante Halloween » pouvait sembler promise à un succès durable, mais l’essoufflement de fait que l’on constate depuis quelques temps se confirme cette année encore; les écoles restent -semble-t-il- le dernier endroit où l’on frémisse toujours un peu, mais la vague recule une fois de plus, prélude cette fois à une disparition définitive, probable dans un proche avenir….Ce n’est pas nous qui nous en plaindrons! L’importation de cette soi-disant « fête » nous a paru dés le début condamnable à plus d’un titre.
D’abord, les motifs en étaient purement mercantiles, matériels et financiers: il s’agissait tout simplement, pour certains commerçants, de faire du fric et de remplir les caisses, pendant une période réputée « creuse », en gros entre le pic d’activité de la rentrée scolaire et la Noël.
Ensuite, cette volonté mercantile se doublait d’une amplification (comme si nous en avions besoin!) de la pénétration des façons de faire, des modes de vie anglo-saxons: c’était bien, même s’il faut se garder d’être excessifs, une forme d’invasion culturelle. Que cette fête soit, dans les pays de langue anglaise, une tradition, et que cette tradition puisse être, dans le contexte de ces pays, quelque chose d’authentique, nous n’en doutons pas; nous n’avons d’ailleurs aucun titre à la juger en tant que telle: les anglo-saxons s’amusent comme ils l’entendent, et inventent les fêtes dont ils ont envie. C’est le placage forcé que l’on a voulu en faire chez nous, et que l’on a voulu nous imposer qui nous rebute dans cette affaire, pas la fête elle même, du moins en tant que fête.
Car il est vrai qu’il s’agissait, enfin, d’une réjouissance radicalement opposée à ce que célèbre notre vieille terre de tradition chrétienne depuis 2000 ans en cette période de Toussaint: non pas la mort mais l’Espérance, car « Vita mutatur, non tollitur »: « la vie est transformée, elle n’est pas ôtée ». Voulue par l’Eglise depuis des temps immémoriaux, nous connaissons en cette période une succession de deux solennités: d’abord, (le 1° Novembre), la fête de « tous les saints », qui sont précisément « nés au Ciel » le jour de leur mort, jour où ils sont entrés dans la vraie Vie (« Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » a dit Jean-Paul II); ensuite, (le 2 Novembre) le souvenir de celles et ceux qui nous ont précédé dans cette Quête de la Vie, cette marche vers la Vie, qui fait entrer dans le seul vrai Royaume. Il s’agit donc bien d’un temps de Joie: une Joie grave, certes, car spirituelle, et centrée sur un sujet sérieux s’il en est: celui du Passage…
Cette méditation grave mais sereine, véritable rayon du Soleil de Pâques en plein coeur de l’automne; cette réflexion et cette Foi en la déroute de la mort qui non seulement n’ôte pas la vie mais bien au contraire en est le commencement: tout cela bien sûr est radicalement et essentiellement différent de ce que l’on a voulu nous imposer; et n’a rien à voir avec ces jeux importés, souvent d’assez mauvais goût, célébrant tout ce qu’on voudra, sauf ce qu’on célèbre chez nous à ce moment là; et venant donc parasiter, occulter, voire étouffer le sens chrétien de cette période de la Toussaint. Un sens que Frédéric Mistral a bien rendu dans son vers célèbre: « Mai lou grand mot que l’ome oublido veleici: la mort es la Vido! ».
Les journaux ne s’y trompent d’ailleurs pas: « Halloween: la grande fête païenne est moribonde. » titrait pour sa part « La Provence » du 29 Octobre. Voilà bien, par contre, une morte qu’on ne célébrera pas!…
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