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Repris d’un Lundi en date du 10 décembre 2018 – une analyse qui ne semble guère avoir été démentie depuis…
Par Louis-Joseph Delanglade*.
On sait bien aujourd’hui que l’arrivée à l’Elysée de M. Macron ne relève pas du conte de fées mais a bien été voulue, décidée et programmée par la confluence d’intérêts financiers relayés par l’ensemble de médias forcément aux ordres.
Même si, complexité des choses et des gens oblige, M. Macron a pu faire illusion par certains propos et comportements de début de mandat, on ne peut que constater, pour le condamner, que sa politique actuelle répond aux voeux des élites mondialisées et des oligarques qui l’ont porté au pouvoir, pour qui la France en tant que telle n’est qu’un pion parmi d’autres. Sa décision d’apposer sa signature au bas du pacte mondial sur les migrations n’en est que le dernier exemple. L’élection en mai 2019 des soixante-dix-neuf députés français au Parlement de Strasbourg constitue à l’évidence une prochaine étape, essentielle, de son engagement en faveur de la (dés)Union européenne. Une rhétorique binaire oppose déjà explicitement mais grossièrement les auto-proclamés « progressistes », dont M. Macron serait le héraut, aux « nationalistes » et autres stigmatisés et vilipendés de tout poil que sont populistes et eurosceptiques.
La ficelle est un peu grosse, aussi M. Macron a-t-il besoin pour l’emporter de ratisser large, ce que montre le repas secret à l’Elysée, mardi 20 novembre, auquel assistaient le gratin des européistes (MM. Bayrou, Juppé, Raffarin, Moscovici, etc.) ; ce que prouve aussi son entêtement, jusqu’ à ces derniers jours, à conduire au pas de charge une « transition écologique » au plus près des moindres délires et exigences du clan écolo-européiste.
Mais le rationalisme technocratique des équipes de M. Macron, qui devaient penser avoir tout prévu, s’est heurté à l’inimaginable, à l’impondérable, à l’imprévu : le facteur humain. Et voici nos ploucs de la France profonde (des territoires de l’hexagone diront certains) qui entrent en rébellion. Les premières reculades en forme d’annonces n’ont pas pour l’instant vraiment calmé les esprits. L’honnêteté intellectuelle conduit à dire qu’un mouvement aussi diffus, aussi foisonnant, aussi désidéologisé, un mouvement aussi contradictoire même dans ses revendications peut conduire à tout ou à rien : essoufflement d’une réaction minée par les violences, contre-attaque victorieuse du gouvernement sous prétexte de restaurer l’ordre, récupération politicienne par les boutefeux de M. Mélenchon, crise politique et dissolution de l’Assemblée, etc. Analystes et commentateurs se perdent en conjectures, de la jacquerie à la crise de régime : le vrai est qu’on n’en sait rien.
Reste quand même que la position de M. Macron sur la scène internationale, européenne surtout, semble pour l’instant plutôt affaiblie. Et pour un moment. Son ambition européenne, fortement liée au succès de ses réformes intérieures, risque de pâtir de ces scènes d’émeute et de ces reculades gouvernementales qui ternissent son image. « Macron n’est plus un problème pour moi, c’est le problème des Français » a ironisé M. Salvini. Quelle que soit l’issue du mouvement des Gilets jaunes, il faudra du temps pour restaurer les images conjointes du président en France, de la France en Europe. On peut même espérer que soit mise en sourdine son agressivité verbale à l’égard de ceux qui ne confondent pas Europe et Union européenne. M. Macron, pour avoir privilégié le schéma idéologique euro-mondialiste et du coup ignoré la colère populaire contre ce même schéma, serait alors en situation d’échec au niveau européen. Si c’était le cas, on pourrait remercier les Gilets jaunes.… ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis de Louis-Joseph Delanglade.
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Excellent