Nous avons aimé cet article en décalé à l’humour discret, spirituel, drôle, intelligent et lucide, en bref talentueux, à propos d’une cérémonie qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive sur tous les sujets obsessionnels à la mode : le féminisme, l’antiracisme, c’est à dire un racisme inversé, stigmatisant l’homme blanc hétéro, le multiculturalisme, le tropisme diversitaire, la passion climatologique, la liberté d’expression exclusive pour certains, – c’est bien normal – interdite aux autres … Sur fond omniprésent de moraline mondaine totalitaire. [Marianne – 29 février]. À lire, assurément.
Par Samuel Piquet
La 45e cérémonie des Cesar a tenu toutes ses promesses puisque tout le monde (ou presque) a soigneusement évité de prononcer le nom de Roman Polanski, de dire ce qu’il pense ou encore de parler de cinéma. L’honneur est sauf et la liberté d’expression peut retourner vivre chez elle, c’est-à-dire dans un cercle privé, en famille ou avec ses amis.
La Cérémonie s’ouvre sur une vidéo humoristique de Florence Foresti de près de dix minutes qui montre à quel point elle a hâte de se retrouver à l’intérieur de la salle Pleyel pour partager avec les actrices et les acteurs ce grand moment de communion cinématographique autour de valeurs universelles telles que le smoking, la robe de soirée et la langue de bois. La comique est ensuite à deux doigts de créer une polémique en oubliant que le rire doit être non stigmatisant et en déclarant « J’ai ‘cleané’ tout mon passé numérique, y a plus une photo de moi en blackface en train de faire un salut nazi dans mon téléphone » puis « bon par contre, j’suis désolée, j’ai essayé mais en fait j’suis une blanche hétéro d’héritage chrétien mais c’est pas grave parce que je suis une femme quand même donc c’est bon ça ».
Heureusement, la présidente de la soirée, Sandrine Kiberlain, prend le relais et parvient rapidement à remettre la cérémonie sous le signe de la bienveillance et du discours consensuel. « C’est vrai que j’ai mis un temps fou à trouver les mots justes pour ce soir », explique-t-elle. Ceux qui sont tellement creux qu’ils ne pourront jamais choquer personne. Bien qu’on soit en France, Sandrine Kiberlain veut rappeler que nous sommes avant tout citoyens du monde et adresse ce magnifique message plein d’espoir à l’Arabie Saoudite : « La bataille continue plus que jamais pour que des grandes femmes soient au côté des grands hommes ». Elle ajoute « L’art, le cinéma a toujours été le meilleur porte-parole de mouvements, de changements, parfois même le symbole d’une révolution ». Nul doute que cette référence au livre d’Emmanuel Macron sorti pendant la campagne 2017 comblera notre bon président.
CANNES, CENTRE NÉVRALGIQUE DE MAI 68
Sandrine Kiberlain nous fait ensuite une édifiante leçon d’histoire dans laquelle on apprend que Cannes a en réalité été le centre névralgique de mai 68. Puis citant Godard elle déclare : « Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? », après avoir parlé de tout sauf de cinéma, et parvient en présentant les films à les réduire uniquement à leur aspect militant. Enfin, elle salue cet « élan nouveau de cinéastes libres », une liberté extrêmement palpable dans la salle durant toute la cérémonie. Puis elle conclut par un vibrant et inclusif « Bonsoir à toutes » au nez et à la barbe patriarcale de la domination masculine et au péril de sa vie.
Au bout d’à peine une demi-heure, un professionnel sexiste, sectaire et faisant fi du combat des minorités s’égare en disant quelques mots sur le cinéma. Fort heureusement, l’actrice Aïssa Maïga parachève ensuite l’œuvre de Sandrine en comptant le nombre de Noirs dans la salle (12 sur 588) pour abolir définitivement le racisme et les différences. Elle sermonne vertement tous ceux qui ne sont « pas forcément impactés par les questions liées à l’invisibilité ou aux stéréotypes et à la couleur de la peau » et les enjoint de choisir leurs équipes en fonction des bons critères, les seuls à même de vaincre la xénophobie, à savoir les quotas ethniques : « Quand vous êtes dans des lieux où on décide où vont les financements, pensez inclusion ». Comment ne pas lui donner raison ? Ce n’est pas parce qu’on vit aux Etats-Unis qu’il faut oublier le sens des priorités.
DISCOURS RÉPÉTITIFS
La suite de la soirée est un sans-faute, même si l’on peut regretter qu’aucune femme n’ait été nommée dans la catégorie « meilleur espoir masculin ». Jean-Pierre Darroussin parvient à éviter de prononcer le nom de Roman Polanski alors même qu’il est censé lui remettre un prix, pas un vainqueur de statuette ne manque de revendiquer « la diversité » ou « la parité » et l’un des lauréats de la catégorie « meilleur son » parvient à déclarer qu’il faut « sortir de ce modèle de domination masculine, post-coloniale, écocidaire et climaticide », ratant de peu le grand chelem en oubliant de prononcer les mots « sexiste » et « raciste ».
On est certes parfois un peu gêné par le côté répétitif des discours mais on apprendra plus tard qu’un Cesar d’honneur était promis à la personne qui prononcerait pour la 100e fois l’expression « parole libérée » , ceci expliquant cela.
Bref, tout était parfait jusqu’au scandale. Vers 00h15 en effet, l’Académie, au mépris des discours féministes, décide inexplicablement de préférer son indépendance aux injonctions des garants de la bienveillance et de l’inclusion et d’attribuer le César de la meilleure réalisation à Roman Polanski, provoquant les sifflets d’une partie de la salle et le départ de quelques personnalités, dont Adèle Haenel.
Espérons que la censure, la pudibonderie et la bien-pensance seront davantage présentes l’année prochaine afin de faire enfin souffler sur cette cérémonie patriarcale un vent de liberté, de spontanéité et de sens de la fête. Afin d’aider chacun à sortir de soi, à s’identifier à des personnages différents, parfois même totalement opposés à ce qu’il est, à se reconnaître en l’autre en tant qu’humain. Car seul l’art, et en particulier le cinéma, est capable d’une telle prouesse. ■
La cérémonie des CESARS est une manifestation , polluée, voire dénaturée par SES participants, pendant longtemps nous avons eu droit à la manif des intermittents du spectacle, et maintenant les sottes pleureuses du féminisme, et la promotion des ultra minoritaires de couleur.
BREF, un spectacle navrant que je n’ai pas regardé