Par François Marcilhac.
Rarement élections municipales auront été aussi imprévisibles et, craignons-le, aussi illisibles, ce qui fera évidemment la joie de la République en marche, que de mauvais esprits rebaptisent déjà La Raclée en marche.
Ce n’est pas faute, pourtant, pour Castaner, le ministre de Macron chargé des basses œuvres politiciennes, d’avoir tout fait pour rendre la lecture des résultats aussi difficile que possible, afin d’atténuer la défaite du parti présidentiel, dans des élections que le pays réel affectionnent particulièrement, tout simplement parce que ce sont, du moins dans l’immense majorité des communes françaises, les moins politiciennes. Castaner avait ainsi tenté de faire passer une circulaire n’autorisant l’attribution de nuances politiques qu’aux listes des seules communes de plus de 9 000 habitants. Cela excluait d’emblée de la présentation des résultats près de la moitié des électeurs, de plus, dans les communes où le vote, voire la simple présence LRM sont le moins probables. Et ce pour deux raisons : création de l’oligarchie internationale, le parti de Macron n’a aucune ancrage territorial, surtout (seconde raison) dans cette France dite périphérique, ou profonde, que la politique macronienne a délibérément agressée, d’où la révolte des Gilets jaunes. Devant une bronca généralisée, et surtout la censure du juge des référés du Conseil d’État, le ministre avait dû revoir sa copie et abaissé ce seuil à 3 500 habitants.
Un autre facteur contribuera à rendre difficile la lecture de ces municipales : le parasitage tous azimuts auquel, tel un bernard-l’hermite, s’est livré — encore lui ! — le parti présidentiel. Certes, de nombreux maires, notamment issus des Républicains, qui n’ont plus rien à perdre faute d’avoir encore quelque chose à conserver, s’étaient eux-mêmes donnés à Macron, dans une tribune au lendemain des européennes. En effet, non seulement LR y avait subi le revers le plus cinglant de l’histoire de la droite parlementaire, mais le RN avait été impuissant à humilier En marche, qui, en dépit de Loiseau, ne s’en était pas si mal sorti que cela ! Aussi, rien ne sera plus simple, pour LRM, que de s’attribuer la victoire, dans les villes dont les maires de droite auront décidé de s’acoquiner avec le parti présidentiel. D’autant que, parfois, LR prête la main au holdup des suffrages. Ainsi, alors qu’Édouard Philippe et Gérald Darmanin se présentent aux municipales, le premier au Havre, le second à Tourcoing, LR ne présente aucun candidat face à eux, ce qui peut être surprenant puisque, officiellement du moins, LR se situe dans l’opposition — une opposition pour le moins Canada Dry — et que, de plus, ils ont trahi en 2017 leur mouvement d’origine, avec Le Maire, pour rejoindre Macron. Mais le mot de trahison a-t-il encore un sens à LR ? Quand on n’a plus rien à conserver, qu’a-t-on encore à trahir ?
Est-il besoin de préciser que les défaites aux municipales de Philippe et de Darmanin, ainsi que de quelques autres, sont d’intérêt national ? Nous pensons qu’il en est de même, même si c’est pour d’autres raisons — la survie de Paris, tout simplement —, de celle d’Hidalgo.
Une phénomène conjoncturel pourrait également influer sur l’abstention. On sait que les électeurs se déplacent habituellement pour les municipales, en raison même de la proximité de l’enjeu. Or, si la peur de l’épidémie pourrait évidemment jouer un rôle dans une augmentation de l’abstention, elle pèsera certainement moins que les différentes lois de décentralisation, dont la calamiteuse loi NOTRE, qui n’ont pour seul objectif que d’éloigner le pays réel des pouvoirs de décision en aggravant les effets des regroupements de communes et en favorisant la métropolisation. Le pays légal républicain, et bien que Chirac ait inscrit la décentralisation en 2003 dans la Constitution, n’aime rien tant que conserver ou (re)concentrer le pouvoir entre ses mains ou entre celles de ses féaux. Maurras avait raison : la République est incapable de décentraliser, en l’occurrence de laisser le pays réel s’administrer à cet échelon essentiel que constituent les communes. La quasi-mise à mort du panachage (qui n’est plus possible, depuis 2013, que dans les communes de moins de 1000 habitants, quand il l’était auparavant dans celles de moins de 3 500) en est un des nombreux signes. Le pouvoir communal a été une conquête de la fin du XIXe siècle contre une République farouchement centralisatrice. Ce n’est que de 1884 que date l’élection directe du conseil municipal, après que la Révolution eut mit fin aux libertés locales en 1789.
Tout est fait par l’oligarchie pour favoriser l’abstention à toutes les élections : une démocratie sans peuple, n’est-ce pas l’idéal ? Ne pouvant recréer en droit un suffrage censitaire auquel il s’identifiait au XIXe siècle, le pays légal cherche par tous les moyens à lasser les Français de leur participation aux élections, semble-pouvoir, il est vrai, qui est laissé au pays réel, mais celui-ci, pour l’heure, n’en dispose pas d’autre qui, du moins, réponde aux critères officiels.
Que faire alors, sinon voter ! Voter, là où l’enjeu politique est secondaire, pour l’équipe sortante, quelle que soit sa couleur politique, si elle n’a pas démérité, voter pour le changement, s’il le faut. Mais partout où l’enjeu est d’importance, c’est-à-dire peut avoir une répercussion nationale (il faut penser également que les municipales fournissent le contingent principal des grands électeurs pour le Sénat), voter pour les candidats des listes patriotes. ■
Certes, mais combien de royalistes s’engagent-ils dans une liste ou simplement soutiennent un candidat pendant sa campagne ? La décentralisation vécue au plan local oblige à des concessions qui sont invariablement associées à des reniements si bien que se battre pour la victoire, c’est s’en remettre à Jeanne d’Arc ! J’espère que les royalistes provençaux ouvriront les yeux si nous gagnons quelques villes grâce à l’intercession de Jeanne d’Arc !