Par Jean-Philippe Chauvin.
Encore une fois, une entreprise multinationale ferme une usine importante en France, sans trop d’égards pour ceux qui y travaillent et ceux qui en vivent, de la sous-traitance aux commerces locaux, voire aux écoles qui accueillent les enfants des salariés.
Ainsi, 863 travailleurs, ouvriers et cadres, sont condamnés au chômage ou au reclassement, parfois à une retraite anticipée sans joie, tandis que de nombreuses entreprises sous-traitantes vont être les victimes collatérales d’une décision prise à des milliers de kilomètres de là, sous la pression d’actionnaires plus empressés de valoriser leur capital que de soutenir l’emploi dans un pays qu’ils ne connaissent que par sa tour Eiffel ou ses bons vins… C’est désespérant, parce que c’est encore et toujours le même scénario que Whirlpool à Amiens en 2017 et Ford à Blanquefort en 2019 (deux exemples parmi tant d’autres) et que rien ne semble infléchir le cours d’une mondialisation brutale qui profite du « vaste monde » pour chercher le meilleur profit financier et non le meilleur intérêt ouvrier ou, tout simplement, humain. Sans oublier que, désormais, l’État est tenu de respecter des règles de « libre concurrence » (européenne ou mondiale) qui, trop souvent, oublient les travailleurs. La concurrence ainsi qualifiée n’est, là aussi, que l’alibi commode du cynisme économique de quelques féodalités d’argent et de matière oublieuses des vertus de service et de bienveillance. Ainsi va la mondialisation contemporaine, et ce n’est pas heureux.
Il est vain de demander aux multinationales de s’amender et de s’humaniser, car elles préféreront plutôt acheter la paix sociale provisoire sur un site en voie d’abandon par quelques millions d’euros distribués au titre de compensation ou d’indemnités que de changer de logiciel, le libéralisme profitable étant celui qui leur convient et qui les autorise à des méthodes brutales au nom de la « liberté du travail » qui n’est, trop souvent, que la fameuse « liberté de mourir de faim » pour les travailleurs (selon la dénonciation célèbre de Charles Maurras) quand elle est, dans le même temps, la « liberté de l’argent » pour ceux qui en ont et en abusent. Nous savons que les lois françaises de 1791, celles de d’Allarde et de Le Chapelier, en ont fini avec un modèle social corporatif qui, à défaut d’être parfait, avait au moins le mérite de ne pas séparer les intérêts du travail de ceux des travailleurs, et de préserver les droits des uns et de l’autre, non dans une hypothétique « liberté » tyrannique du puissant envers le faible (« Le renard libre dans le poulailler libre »), mais dans un équilibre qui permettait le maintien de la qualité de la production tout en garantissant la protection sociale et professionnelle (mais aussi la responsabilité) des producteurs. Mais, s’il est trop tard pour s’en prendre aux auteurs des lois maudites de 1791, il n’est pas interdit de chercher des solutions pour limiter les effets délétères d’un capitalisme mondialisé qui oublierait ses devoirs sociaux.
L’État, pour autant, doit-il verser dans un étatisme idéologique et confiscatoire ? Pas plus que le libéralisme sans limites, cela n’est souhaitable. L’État doit jouer un rôle d’incitateur, de soutien à l’initiative industrielle et de contrôle de l’équité concurrentielle sans s’empêcher de valoriser les activités ou entreprises les plus utiles au pays et à ses nationaux, et, surtout, en imposant, autant que faire se peut, le respect par les féodalités économiques des règles simples de justice sociale sans laquelle il n’est pas de justice tout court.
Mais cela n’est vraiment possible que si l’État dispose d’une légitimité politique forte qui lui assure de pouvoir mener son rôle de « Grand ordonnateur » de l’économie (au sens premier qui n’est pas celui de « direction » mais de « mise en ordre ») et de favoriser, sous son patronage et dans le cadre de sa stratégie de long terme, le développement de structures socio-professionnelles pérennes qui puissent s’organiser pour « maîtriser » au mieux la mondialisation sans que celle-ci ne déstabilise le tissu économico-social des territoires de France. L’enjeu est d’importance et le défi immense, car la facilité et l’avidité ont souvent remplacé les notions de service et de justice… Et la mondialisation, par son principe même, vise à préserver les multinationales des décisions nationales, ce qui ne facilite guère la tâche des États. Faut-il, pour autant, renoncer à une ambition économique et sociale (et l’économique n’allant pas sans le social, et réciproquement) qui referait de la France et de son modèle particulier une puissance attractive et, pourquoi pas, inspirante pour les autres nations et leurs populations productrices ? ■
Le blog de Jean-Philippe Chauvin
Mise en ligne sur JSF à 5h30
Non Monsieur Chauvin, vous avez une vision étatique et collectiviste de l’économie.
Les entreprises n’ont pas pour destination de faire du social, même si elles ne doivent pas négliger le bien être de leurs collaborateurs. Une entreprise est faite pour produire des biens et des services au meilleur coût pour satisfaire ses clients dans une situation de concurrence mondialisée souvent féroce. C’est à l’Etat de créer et d’entretenir un environnement économique, juridique et fiscal favorable au travail et au développement.
C’est ce que l’Etat français n’a pas fait depuis 40 ans en multipliant les fonctionnaires et les impôts ainsi que les normes et entraves en tous genres qui tuent les entreprises. Nous en en déplorons aujourd’hui les conséquences, mais à chacun son travail, a chacun ses responsabilités. Ne mélangeons pas tout!
Il n’y a pourtant aucune raison de laisser des secteurs stratégiques livrés à la concurrence !! Électricité, eau, transports, banques, tout ça devrait être nationalisé et férocement gardé à l’abri des requins de finance.
Qu’il y ait concurrence pour fabriquer des voitures ou des cassoulets, certes… mais pour les services publics, nib de nib !
Monsieur Ferreti depuis plus de soixante ans on entend cette rengaine, trop de fonctionnaires, laissez la gestion au privé. Premièrement on ne dit pas fonctionnaire. Ce sont agent au service des autres et du bien public. Certains font la police, quant d’autres construisent pour l’état ou les collectivités. Mais c’est vrai qu’en France les gouvernements ont augmenté le nombre de hauts fonctionnaires, (beaucoup sans fonction) fort bien payés, ce qui peut faire râler le privé. Réponse qui vote dans ce pays.
Un exemple , l’armée sait construire rapidement des ponts de secours. le pont Bailey ce mécano de ma jeunesse, sorti tout droit de l’esprit de l’Ingénier Charles Inglis, qui a permis à l’Angleterre de posséder ce pont pendant la dernière guerre mondiale. Il a une portée sans appui, de soixante mètres maximum, pour un passage de char. Le Ministère Français de l’économie a en stock une centaine de ces ponts de secours. L’armée n’en possède plus mais en a construit un au Mali en 2013. Le maire de la vallée de la Roya, au dessus de Nice attend que les italiens le désenclave, La France Parisienne n’est pas foutu de lui construire un pont d’après les informations locales. Ce n’est pas du privé et ou du public, le problème est en haut.
Vous voyez, nous sommes tous dans le même bateau , mal géré, qui fait quoi et quant.
Rien n’a changé depuis Louis XIV les agents du ministère sont très loin du terrain et des loup. Ne nous trompons pas d’adversaire.
Bonjour, je ne veux pas polémiquer inutilement et j’ignore cette histoire de ponts mais les politiques se jugent à leurs effets, à leurs résultats, et là , malgré tous ces » agents au service des autres » et que le monde entier nous envie, mais nous laisse, il y a fort à dire.
Je lis depuis 50 ans maintenant les livres par dizaines qui dénoncent l’incurie de l’état, ses incompétences, ses corruptions, etc….. Mais l’état c’est qui? sinon cette caste de hauts fonctionnaires qui a confisqué le pouvoir a son profit, qui se le transmet comme sous l’ancien régime. Alors je reprend votre conclusion que j’approuve …… Vous voyez, nous sommes tous dans le même bateau , mal géré, qui fait quoi et quand.
Rien n’a changé depuis Louis XIV les agents du ministère sont très loin du terrain et des loup.
Nous sommes d’accord Monsieur Ferreti, je ne polémique pas et vous aurez remplacé le Ministère e l’économie par celui de l’écologie. Oui depuis cinquante ans les élus ont par le biais de l’école de l’ENA ( de Gaulle) mis en place des hauts fonctionnaires incompétents, leurs copains de clase, ils confisquent le pouvoir du peuple. Qui le comprend.
Le fond de notre pensée est que nous pensons FRANCE , souveraine, résistante, indépendante et que nous pensons être des citoyens libres. A l’opposé, nos fonctionnaires aux ordres de l’état et nos chers élus de tous poils qui sont le bras des puissants de ce monde de l’argent et de cette idéologie du mondialisme heureux qui détruit notre capacité de vivre de notre travail, nous considèrent comme des enfants à dompter. Le petit fonctionnaire contre le petit privé est une maladresse. Oui il faut des deux sur le terrain. Oui il faut des infrastructures d’état qui ne changent pas tous les jours de règlementation au risque de faire perdre l’esprit des utilisateurs devenus des clients . Qu’il est déjà loin le temps ou l’on achetait un billet de train au kilomètre, en connaissance de cause, juste avant le départ.
Est il venu le temps de retrouver notre esprit afin de prendre notre envol, vers la liberté et la souveraineté. Car à quoi sert de vivre si on doit se soumettre tous les jours aux fous du libéralisme mondial qui protègent les radicaux tueurs de la religion; d’ou les frontières ouvertes aux ordres de l’association européenne. A t-on fini de supporter les critiques de médiats (aux ordres) qui nous rabaissent.
Les Celtes Romanisés , devenus Gaulois par César, puis Français par Clovis et les soixante rois vont ils enfin affirmer haut et fort qu’ils ne sont pas racistes comme le prétendent les médiats, mais qu’ils aiment qu’on les reconnaissent comme des hommes libres, instruits de cette civilisation qui nous vient du mélange des Hébreux antiques , des Romains et des Grecs, transmise par Rome la catholique.
Puisque nous sommes dans le même bateau, il faut impérativement changer de pacha.
Au sujet du pont Bailey.
C’est un mécano qui a servi dans l’armée du génie. Il a été inventé par un ingénieur Anglais Charles Inglis. Puis pendant la seconde guerre mondiale, les armées Anglaises l’ont sorti des bureaux d’études et en ont fait un mécano qui peut être assemblé sur la rive d’une rivière, par des soldats lambdas. Cet ensemble peut être simple, double ou triple pour supporter des plus en plus de charge. Pour l’armée c’est la charge d’un char d’assaut. La portée sans pile est de soixante mètres. Un demi million de tonnes de fer ont tété fabriqués pendant la seconde guerre mondiale. L’armée Française s’en été doté. Dernière construction au Mali en 2013.
Au dernières nouvelles le Ministère de l’écologie aurait récupéré le stock soit une centaine de ponts.
Au journal local télévisé , le maire d’un village enclavé du haut de Nice, a demandé que l’état désenclave son village, la crue ayant emporté le pont. Le pont Bailey est une solution déjà utilisé lors de crues sur le Lot par exemple. Un gouvernement pragmatique aurait déjà mis en place une procédure pour désenclaver ce village , avant le venue de la neige. En attendant les ponts de secours rouillent au ministère de l’écologie. (Si les renseignements informatiques sont exact) Dans les temps qui courent faut il croire encore . C’est comme les masques , ils ont peut être été vendu ou mis à la fer aille.
Je vous le concède, c’est plus terre à terre que les belles plaidoiries du gouvernement et de son état major de fonctionnaires trop zélés.