D’accord, plus c’est gros, plus ça passe, mais tout de même !
Là, il y est allé un peu fort, Laurent Attar-Bayrou, Président de la FNAME (Fédération nationales des Anciens des missions extérieures). Dans un communiqué publié suite aux propos d’ « Eva dans le mur », il s’est indigné de la proposition de supprimer le Défilé militaire du 14 juillet, qu’il considère être« une proposition ridicule qui émane pourtant d’une femme brillante ».
Jusque là, ça va : c’est après que les choses se gâtent…..
à l’attention de Laurent Attar-Boyer, qui « a un problème », comme on dit aujourd’hui dans le jargon, avec son Histoire de France : le vrai 14 juillet.pdf
Précisons tout d’abord que, pour être tout à fait francs, nous ne connaissions jusqu’à maintenant l’existence ni de la Fname, ni de son Président. Et que nous n’avons bien évidemment rien contre les « Anciens », ni de l’armée française en général, ni des missions extérieures en particulier. Ou alors, si nous avons quelque chose, c’est, à l’inverse, uniquement de l’estime et du respect pour cette Armée dont nous pensons, avec Paul Valéry, qu’ « Elle est indivisible de la nation qu’elle reflète exactement. Le pays peut se mirer dans son bouclier » (1).
Bon, ceci étant dit, et sans sombrer dans la polémique pour la polémique, on ne peut malgré tout pas laisser passer sans, au moins, la relever comme telle, l’ineptie profonde qui suit ce premier propos. Laurent Attar-Bayrou conseille à Eva Joly de « relire ses livres d’histoire » : il a mille fois raison ! Il faut lire et relire, et les faire connaître, les livres non seulement de Bainville, mais des Furet, des Chaunu, des Petitfils et autres…. Mais, pourquoi Laurent-Attar-Bayrou ne s’applique-t-il pas à lui-même ce précieux conseil qu’il donne à Eva Joly ? Cela lui aurait évité d’écrire l’insanité suivante, pour laquelle on hésite à choisir, comme qualificatif, entre grotesque et scandaleux :
« …Le 14 juillet célèbre la prise du pouvoir de l’armée du peuple sur les armées royales… » Il faut avouer que, là, les bras vous en tombent ! Consternation véritablement désolée, ou franche hilarité, chacun réagira à sa façon, mais peut-on vraiment, en 2011, continuer à écrire des énormités pareilles ?
Libre à Laurent Attar-Bayrou de croire encore et toujours en cette Révolution qu’il semble porter aux nues. Ainsi, en toute logique, qu’en cette République idéologique qui en est l’héritière, et qui a déconstruit notre société, la mettant dans l’état lamentable où elle se trouve aujourd’hui : cela relève de son libre choix politique. Mais travestir aussi grossièrement les faits ! A-t-on le « droit » d’écrire « n’importe quoi » ? : puisque l’on vient de parler du Bac, cela ne serait-il pas un sujet possible, pour l’année prochaine, aux épreuves de Philo ?
Nous rappellerons seulement à Monsieur Attar-Boyer :
1. Que, selon le mot fort juste de Chateaubriand, « Louis XVI a pu vingt fois sauver sa couronne et sa vie… » comme, un seul exemple, à Varennes (récit de Michel Mourre) : « Quand la berline se présenta, elle trouva le pont de l’Aire barricadé et fut entourée de gardes municipaux en armes. Louis XVI, rejoint peu après par les officiers de Bouillé, Choiseul et Damas, refusa de les laisser dégager la route par la force. Les commissaires de la Constituante, survenus, purent donc s’assurer sans difficulté de la personne du roi….. »
2. Quoi que pense et que dise Laurent Attar-Boyer, et à l’encontre de ses élucubrations, historiquement, des trois types de Régime qu’a connus la France – Royauté, République et Empire – le seul qui ait reçu la consécration populaire, si l’on peut dire, sous forme de soulèvement armé en sa faveur est la Royauté, alors que les deux autres Régimes – les deux Empire et les quatre République – ont été bien incapables de susciter, lors de leur chute respective, une telle adhésion populaire. Et cela, d’une façon ou d’une autre, signifie quelque chose….
Nul ne s’est levé pour défendre Napléon III, en 1870, pas plus que Napoléon Premier en 1814 et 1815. Tout au plus la caste militaire (par réflexe corporatiste ?…) s’est-elle ralliée à lui, au moins en partie, lors des Cent jours : on sait ce que cela a donné… Quant aux différentes Républiques, on sait les cris de joie qui ont salués Thermidor et comment s’est passé la fin de la Première; l’indifférence qui a accompagné la fin de la Deuxième; pour la Troisième, le désastre et la fuite éperdue, sans nulle gloire ni dignité, de ses représentants légaux, trop heureux de confier le pouvoir à un vieil homme de plus de quatre vingts ans, afin de fuir plus rapidement pour tâcher d’enfouir leurs responsabilités; enfin, pour la quatrième, le discrédit total, confinant au mépris, dans lequel elle disparut…
Seule la Royauté, avec les Guerres de Vendée (« guerre de géants », disait Napoléon…) a suscité à ce point l’adhésion populaire…..
On s’arrêtera là car, nous l’avons dit, nous n’éprouvons pour l’Armée française, prise en tant que Corps, qu’estime et respect. Aussi ne développerons-nous pas outre-mesure cette polémique, et nous contenterons-nous, juste, d’avoir marqué le coup.
Avec une pensée pour toutes ces victimes de la Révolution, qui fut tout sauf faite « par l’armée du peuple » contre « les armées royales »….
(1) : Paul Valéry, discours de réponse au maréchal Pétain, 1931
Et un gérard d’honneur pour M …je remonte…M L.Attar-Bayrou….