Ainsi donc, Yvan Colonna « a pris le maximum ». On pourrait écrire des centaines voire des milliers de lignes sur le sujet, mais nous avons choisi de nous concentrer seulement sur un point, qui révèle bien la mentalité mafieuse de Colonna et de ses comparses.
Les précédents condamnés du commando, jugés et condamnés en 2003, ont toujours dit qu’ils n’avaient pas voulu tuer un homme -Claude Erignac- mais s’en prendre à un symbole : le préfet, donc l’État, et qu’il s’agissait ainsi d’une action collective, ce qui motivait leur refus de détailler le rôle précis de chacun d’eux… Ce n’est qu’en 2004 que Pierre Alessandri s’est accusé lui-même d’avoir appuyé sur la détente, le 6 février 1998. Etant condamné à perpétuité, et ne risquant donc plus rien, cet « aveu » -suspect autant que tardif- n’avait convaincu personne (1). Mais il était déjà révélateur et annonciateur de la tactique mafieuse d’Yvan Colonna lors de son procès.
Car qu’a-t-il dit? En substance: « Je n’ai pas tué le Préfet ». C’est possible, et c’est peut-être même vrai, si on veut dire par là, en jouant sur les mots comme il le fait, qu’il n’a pas appuyé sur la détente. Il peut donc très bien dire: « Je n’ai pas tué ». (2). Mais il s’agit, comme l’ont toujours proclamé les membres du commando, d’un acte collectif. A partir du moment où l’on fait partie d’un groupe, qu’on est « dans le coup » et qu’on ne dit rien pour convaincre les autres de s’arrêter avant, tant qu’il en est encore temps; qu’on ne fait rien pour empêcher ce coup; qu’on ne se désolidarise pas, une fois le mauvais coup commis; et qu’on ne contribue pas à la « manifestation de la vérité »: à ce moment-là on est coupable comme les autres, pas plus qu’eux mais pas moins qu’eux, tout simplement parcequ’on est complice…..
C’est le sens réel, relevé par de nombreux commentateurs, de la condamnation de Colonna, pas plus lourde que celle des autres. La Cour a jugé finement: elle ne dit pas que Colonna est forcément le tireur, mais en le condamnant exactement à la même peine que les autres, elle accède à la demande préliminaire du groupe et à sa revendication collective d’un acte collectif. Colonna a beau se désolidariser maintenant et jouer sur les mots, il ne fait que jeter une ombre sur sa personnalité profonde: celle d’un lâche, qui n’assume plus ses responsabilités et qui cherche -mais c’est trop tard…- à « reprendre ses billes »…..
Comment interpréter autrement la déclaration d’Alessandri au cours du procès? On se serait vraiment cru en Sicile, à un procès de la Mafia. On a entendu des déclarations en langage codé, à prendre au second degré, toutes en insinuations et sous-entendus! Et on éprouvait un réel malaise à écouter « parler », ou plutôt communiquer entre eux au moyen de ce langage hermétique, ces voyous, blessés dans leur orgueil d’être lâchés par un des leurs. Mais, enfermés comme ils le sont dans un pseudo code d’honneur, imitant en cela aussi les Mafieux siciliens, ils n’ont pas voulu sortir de ce langage compris d’eux seuls et peu clair pour nous. Ni l’un ni les autres ne sortiront jamais de leur folle logique, et ne répudieront jamais leur idéologie fanatique et meurtrière….
C’est dommage pour eux, c’est surtout dommage pour la Corse, dont ils ne cessent de se réclamer et qu’ils ne cessent de présenter comme la justification « suprême » (?!) de ce qu’ils osent encore appeler un combat. Après tout, qu’ils souillent et gâchent leur existence, même si c’est triste, c’est leur affaire. Mais qu’ils tentent d’impliquer la Corse dans leur impasse meurtrière, et qu’ils tentent de faire croire que c’est pour elle qu’ils ont fait « ça », voilà qui dépasse l’entendement, et qui est, sans conteste, une offense au bon sens.
On se souviendra toujours avec reconnaissance que la Corse est la province française qui a payé le plus lourd tribut humain pour la défense de la Patrie durant la Grande Guerre: cette Corse là, c’est la vraie Corse. Celle qui ne fait pas tant de beaux discours mais qui est là quand il faut donner un sens aux mots Honneur, Dévouement, Sacrifice. Cette belle et noble terre, que les grecs anciens appelaient déjà « Kallisté », c’est-à-dire « la plus belle », ne saurait en aucun cas être représentée par des gens pareils…..
(1): D’ailleurs son comparse, Alain Ferrandi, avait déjà jeté le trouble sur les « confessions » des assassins, et l’absence totale de crédit (?!) qu’on pouvait leur accorder, en déclarant qu’il n’était pas le tireur mais que, si on le lui avait demandé, il aurait parfaitement pu se dénoncer en tant que tel!…..
(2): A ce compte là, Robespierre non plus n’a jamais tué personne de ses propres mains, ni Staline, ni Hitler, ni Pol Pot….
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