Les échanges économiques internationaux existent depuis la nuit des temps. Ils existaient depuis quelques millénaires lorsque la « mondialisation » a été mise en place. Qu’y avait-il de neuf ? Simplement, l’abolition des droits de douane, l’abandon des protections dont chaque pays se dotait pour réguler ses échanges de sorte que ses intérêts soient préservés.
L’idée générale était aussi très simple : c’était que la suppression de toute protection, assurant la totale liberté des échanges, finirait par uniformiser les niveaux de vie, les systèmes sociaux, les règles imposées à la production et qu’une fois passée la période d’ajustement et d’uniformisation des économies du monde entier, la libre concurrence deviendrait « loyale » et paisible à l’échelle de la planète.
Ce que l’on a oublié de se demander c’est seulement combien de temps cela prendrait; ce qui se passerait dans l’entre-deux; et quelle en serait l’addition pour les peuples les plus riches et les plus puissants. On a oublié de s’interroger sur le transfert de croissance, donc de richesses de tous ordres qu’il faudrait consentir pour que sortent de leur misère plurimillénaire des peuples et des masses dont l’importance numérique représente plusieurs fois les nôtres … On a, sans-doute, la réponse, aujourd’hui, à cette question. Et c’est pourquoi tant de voix autorisées s’élèvent dans nos pays, et sur divers continents, pour qu’un processus inverse soit au plus tôt entamé, un processus de démondialisation, de relocalisation et d’un retour, évidemment mesuré, à un certain protectionnisme.
On vient de se rendre compte qu’avant que le processus d’uniformisation des économies du monde soit réalisé, si tant est qu’il le puisse, ce qui est, évidemment, hautement improbable, nous risquions simplement d’y être ruinés. Ainsi en est-il des idéologies utopistes : elle produisent le contraire de ce qu’elles avaient prévu. Et l’on doit se presser de les abandonner, si l’on peut, s’il est encore temps, tout simplement pour ne pas en mourir.
Ce n’est pas souvent que l’on prend un peu de hauteur sur ce sujet et je vous en remercie.
La mondialisation est effectivement un vecteur d’entropie économique globale qui a succédé aux programmes autoritaires de développement qui ont tous échoué. Bien qu’elle ait été « mise en musique » par le GATT et son successeur l’OMC, l’idée naquit dans la liberté du commerce maritime qu’obtinrent jadis les anglo-hollandais, et elle est fille aussi de la colonisation européenne de tout l’espace. Seules les deux guerres mondiales purent la briser.
L’alternative est justement entre mondialisation et guerre mondiale. Soit le tiers-monde voit sa condition moyenne monter doucement relativement à la nôtre et il prendra patience, soit il mesure l’agrandissement de la fracture (Nord-Sud) et il se fabrique des bombes atomiques pour nous les foutre sur la gueule.
La mondialisation est dénoncée dans les pays gras, pas chez les pays maigres, et pas du tout chez les empires orientaux renaissants. En passant, je vous signale à leur égard que « leur misère plurimillénaire » est un mythe que l’on pourrait aussi appliquer à l’Europe d’avant, ce dont ne se privent pas les maîtres d’écoles sur l’Ancien régime.
Je suis d’accord avec vous que le ré-équilibrage prend du temps mais aller plus vite implique une diminution en termes réels du niveau de vie occidental.