Voici une annonce importante, à laquelle il convient de donner, dès à présent, l’écho qu’elle mérite : le quatrième Colloque organisé sur le thème général – et fort vaste… – de Maurras, l’Action française, la Culture etc… se tiendra fin octobre à Paris.
Nous en donnons d’ores et déjà les principaux renseignements : dates, orateurs et sujets, répartition des interventions par demi-journées etc…
En souhaitant un plein succès à cette initiative, venant après les trois précédentes – qui sont rappelées ci-après – nous communiquerons au fur et à mesure toute nouvelle information utile dont nous disposerons….
Maurrassisme et littérature. L’Action française. Culture, société, politique IV
Charles Maurras et l’Action française constituent un pôle important de la vie politique et culturelle de la France du XXe siècle. La série de colloques interdisciplinaires réalisés et publiés ces dernières années a mis en lumière la multiplicité des facettes du maurrassisme ; celui-ci dépasse la personne et l’œuvre propre du théoricien du « nationalisme intégral », qui jouit d’un magistère intellectuel indéniable ; ces colloques ont aussi permis de prendre la mesure –et les limites- de son influence politique, idéologique et culturelle.
Le projet proprement politique échoue : la République n’est pas renversée, le « coup de force » n’est pas possible. Mais le projet idéologique et culturel, central à l’Action française, a connu une audience certaine et mérite qu’on l’étudie de plus près.
Le premier colloque de la série (L’Action française. Culture, société, politique¸ P. U. du Septentrion, 2008) s’est penché sur les héritages revendiqués ou refusés, les milieux sociaux et religieux que le mouvement informe, sur ses vecteurs de diffusion et les régions plus particulièrement sensibles à ses thématiques, sans négliger les oppositions et les dissidences que suscite cet « envers de la République » (Pierre Nora).
Le deuxième (Charles Maurras et l’étranger. L’étranger et Charles Maurras, Peter Lang, 2009) a explicité les relations que Maurras et les maurrassiens entretiennent avec des interlocuteurs étrangers, favorables ou hostiles, ainsi que la réception, les divers usages et les transferts culturels et politiques du maurrassisme hors de France.
Le troisième colloque (Le maurrassisme et la culture. L’Action française. Culture, société, politique III, P. U. du Septentrion, 2010) a été plus spécifiquement consacré au maurrassisme et à la culture, aux liens entre histoire, politique, philosophie et esthétique ; il a permis d’étudier la place et les productions de quelques-unes des personnalités majeures qui ont incarné les différentes générations du mouvement.
Le quatrième colloque -« Maurrassisme et littérature »- se tiendra les 20-22 octobre 2011 à Paris 3 : conservant la perspective interdisciplinaire qui caractérise ce cycle depuis ses débuts, il s’intéressera plus précisément à la sphère littéraire, tout aussi bien aux figures et aux groupes -de Mistral ou Lemaître aux « hussards »-, qu’aux institutions et aux milieux de la critique littéraire prise dans sa diversité, puisqu’il s’agit d’étudier les réceptions favorables et celles qui sont au contraire réservées voire hostiles. Comme lors des précédents colloques, le regard se portera sur les relations entre le maurrassisme, la littérature et l’étranger en privilégiant l’aire francophone et l’aire latine.
Olivier Dard, Jeanyves Guérin, Michel Leymarie
COLLOQUE « MAURRASSISME ET LITTERATURE »
L’Action française. Culture, société, politique IV
20, 21 et 22 octobre 2011 Université de Paris 3-Sorbonne nouvelle
Jeudi 20 octobre matin
Jeanyves Guérin : Mot de bienvenue
Président : Pascal Ory (Paris 1)
Introduction : Michel Leymarie (Lille 3/ IRHIS)
Mistral-Maurras, les enjeux d’une filiation : Martin Motte (Paris IV /Saint-Cyr Coëtquidan)
Paul Bourget, Jules Lemaître et l’Action française : Laurent Joly (CNRS)
Paul Claudel, Maurras et l’Action française : Pascale Alexandre (Paris Est Marne-la-Vallée)
La NRF. Tentations et refus du maurrassisme : Pierre Masson (Nantes)
Jeudi 20 octobre après-midi
Président : Marc Dambre (Paris 3)
Les Lettres dans La Revue universelle : Michel Leymarie (Lille 3, IRHIS)
L’Académie française et l’Action française : Jean Touzot (Paris 4)
Léon Daudet critique : Jean El Gammal (Nancy 2, MSH Lorraine)
Georges Bernanos et l’Action française : Denis Labouret (Paris 4)
Vendredi 21 octobre matin
Président : Pascale Alexandre (Paris Est Marne-la-Vallée)
Maurice Blanchot et l’Action française : Jérémie Majorel (Paris 7)
Relire le Corneille de Brasillach et le Racine de Maulnier : Hélène Merlin – Kajman (Paris 3)
Maurrassisme et théâtre : Jeanyves Guérin (Paris 3)
Contre le maurrassisme, deux revues de gauche : Europe et Commune : Nicole Racine (FNSP)
La Jeune Droite, le maurrassisme et la littérature : Olivier Dard (Metz, MSH Lorraine)
Vendredi 21 octobre après-midi
Président : Olivier Dard (Metz)
Francis Balance (Liège) : Maurrassisme et littérature en Belgique
Robert Kopp Bâle) : Maurrassisme et littérature en Suisse
Ana Sardinha-Desvignes (Paris 3) : Contre Maurras : le « néoclassicisme scientifique » de Fernando Pessoa
Xavier Pla (Gérone) : Maurrassisme et littérature en Catalogne
Georgiana Medrea (Bucarest, Centre Mousnier Paris 4) : Maurrassisme et littérature en Roumanie
Samedi 22 octobre matin
Président : Michel Leymarie (Lille 3, IRHIS)
Maurrassisme et histoires de la littérature (Lasserre, Clouard, Haedens…) : Didier Alexandre (Paris 4)
Les Hussards et l’Action française : Marc Dambre (Paris 3)
Jacques Laurent et le maurrassisme : François-Jean Authier (Paris 3, CERRAC)
Roland Laudenbach et La Table ronde, Jacques Perret et Aspects de la France : Guillaume Gros (Toulouse, FRAMESPA)
Conclusion : Jeanyves Guérin et Olivier Dard
Charles Maurras,
Paul Claudel,
Georges Bernanos,
Haedens,
Jacques Perret,
Léon Daudet,
Robert Brasillach,
Maulnier,
Le Prince Jean…et tous les auteurs français que nous aimons sur
Livres en Famille : http://www.livresenfamille.fr
Ce colloque que vous annoncez et qui fait suite aux trois déjà tenus ces trois dernières années, me paraît impressionnant à plusieurs titres :
. Le nombre d’universitaires qui s’intéressent à l’œuvre de Maurras et à ses corrélations avec d’autres œuvres ou thèmes contemporains,
. Leur répartition géographique très large, en France et bien au delà, qui témoigne du rayonnement et de l’influence étendue du courant maurrassien,
. La variété, l’hétérogénéité des sujets traités, qui reflète, au moins en partie, le nombre de personnalités littéraires ou politiques, de sujets, de pays, auxquels Maurras s’est intéressé ou que lui-même a intéressés. Ce que l’on appelle sa « fermeture » serait-elle, au moins en partie, une légende ?
Trois réflexions complémentaires me viennent encore à l’esprit à l’annonce de ce colloque :
. La première est que, si Maurras reste « M le Maudit » dans l’univers des grands médias ou de l’Education, partout où l’on s’emploie à perpétuer le règne d’une « pensée unique » de plus en plus « mécanique », de moins en moins vivante, tout ce que nous avons d’esprits libres n’est plus sensible, aujourd’hui, au préjugé anti-maurrassien et se sent tout à fait libre d’en traiter. C’est peut-être parmi les vieux maurrassiens, nés de l’après-guerre, que le complexe « M le Maudit » est, encore, aujourd’hui, paradoxalement, le plus ressenti … A preuve, Edgar Morin qui, sur France Inter (!) n’hésite pas à ranger la pensée de Maurras aux côtés de celles de Marx et de Tocqueville, comme l’une des trois plus importantes pensées politiques du monde moderne. (Non pas postmoderne, qui n’en a plus). Et d’un autre côté, le militant d’Action française qui interroge Tony Kunter, dans une récente vidéo, sur ses livres à propos de Maurras, profil très bas : « Maurras n’est plus connu, Maurras est rejeté », etc. etc.
. La deuxième réflexion en est la suite : c’est que, contrairement à ce que l’on se plaît à dire, même dans des milieux qui ont approché la pensée de Maurras, son influence reste considérable. Elle n’est pas achevée; une nouvelle génération peut y puiser de puissants éléments pour sortir, s’il se peut, les sociétés modernes, française en particulier, des impasses où elles se sont placées.
. La dernière de mes réflexions, et l’on m’excusera peut-être de leur longueur, rejoint, précisément à propos de Maurras, et de ce colloque, la conclusion de la remarquable conférence d’Antoine de Crémiers sur « La Mondialisation, Babel effondrée » :
« Il est grand temps de redécouvrir les idées traditionnelles, à partir d’une position qui n’est pas de défense mais de révolte, car ce qui est en crise, aujourd’hui, ce sont précisément les principes qui sont au fondement de la critique des idées traditionnelles ». Où mieux que chez Maurras – mais, bien-sûr, pas exclusivement – les trouverait-on, aujourd’hui, ces « idées traditionnelles » dont nous avons besoin ? Dont une nouvelle élite à construire pourrait, elle aussi, très librement, avoir besoin ? C’est aussi, semble-t-il, l’intérêt, précurseur, de ces colloques.
Maurras vaut mieux que ce qu’en pensent ses détracteurs, qui ne l’ont généralement pas lu, mieux aussi que ce qu’en pensent ses partisans, qui l’ont lu, mais l’enferment souvent dans des formules toutes faites.
Quoique l’on pense de ses idées, on ne peut avoir, enfin, que de l’admiration, et même de l’affection, pour ce vieux lutteur qui a consacré toute sa vie à ses idées, et qui a su les servir avec autant de courage, de passion et de désintéressement.
Thulé a raison et me fait penser à ce que Péguy a dit un jour de Maurras, qui pourtant, ne l’aimait pas :
« Quand on est face aux raisonnements de Maurras, on écoute, on s’intéresse, on approuve ou on désaprouve. Mais quand on sait que cet homme là est bien capable de mourir pour ses idées, alors là on s’arrête, là on s’incline, là on admire ».
Péguy savait de quoi il parlait. Il l’a montré lorsque son heure est venue, en septembre 14. Où sont les hommes de cette trempe, aujourd’hui ?