Ankara a conseillé à la France, le vendredi 7 octobre, d’affronter son passé colonial avant de donner des leçons aux autres pays, en réponse aux déclarations de Nicolas Sarkozy demandant la reconnaissance du génocide arménien. En réalité, cela montre deux choses :
1. Que c’est Ankara qui refuse de voir son « passé colonial » en face, et de reconnaître la réalité des crimes turcs dans le Génocide arménien…..
2. Qu’Ankara, qui prtétendrait donner des leçons – on aura tout vu !… – ne connaît pas « le passé colonial de la France » car, de ce passé, la France n’a pas à rougir, les grands bénéficiaires ayant été, de toute évidence, et tous comptes faits (colonne du négatif comparée à la colonne du positif) les pays ayant fait partie de l’Empire français ; la France y ayant, elle, laissé beaucoup de plumes…..
Deux preuves, simplement :
1. (pour l’Algérie seule) « En un siècle, à force de bras, les colons ont, d’un marécage infernal, mitonné un paradis lumineux. Seul, l’amour pouvait oser pareil défi… Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus chéri cette terre que nous, qui sommes ses enfants » (Boualem Sansal – 2002)
2. (pour l’Empire, en général) :
Le passé colonial de l’Empire ottoman c’est loukoum et sofa sous la devise de Jacob Delafon : « Prière de laisser cet endroit en sortant dans l’état où on l’a trouvé en entrant ».
Ils n’ont rien fait de plus en Afrique du Nord que de collecter l’impôt.
Sarkozy demandait aux Turcs de reconnaître le génocide arménien à quoi les Turcs lui ont renvoyé à la figure le passé colonial de la France. La réplique était hors de propos d’abord parce que la France, en effet, n’a pas à rougir de son passé colonial, en tout cas pas plus que d’autres, ensuite, parce que la Turquie a, dans ce domaine, un lourd passé.
Ankara aurait été plus logique si elle avait renvoyé la république française vers son propre passé génocidaire, car elle en a un – qui, d’ailleurs, ne regarde pas plus les Turcs que le génocide arménien ne regarde la France.
Qu’est-ce que cela prouve ? Que l’on a presque toujours tort de vouloir faire la leçon aux autres. Qu’il est toujours plus commode de faire remarquer la paille qu’il y a dans l’œil du voisin plutôt que la poutre qu’il y a dans le sien. Et que Sarkozy a eu tort, d’ailleurs pour des raisons purement électorales, de se mêler d’affaires, remontant à près d’un siècle, où la France n’a aucune part. D’affaires qui, au fond, ne la regardent pas.
S’agissant des Arméniens, la France a assez fait en les accueillant chez elle, généreusement. Ils sont infondés à lui demander, en plus, de porter un jugement d’Etat sur des évènements qui ne la concernent pas.
Enfin, que valent les jugements d’Etat en matière d’évènements historiques ? Il faudrait en finir avec ce type de comportements.
Finalement, cet échange franco-turc me paraît être du domaine de l’enfantillage et / ou de l’électoralisme. Il n’y a pas d’autre leçon à en tirer.
Tout à fait d’accord avec Anatole. Les donneurs de leçons de morale ne se situent pas sur le terrain politique. Sarkozy, chef de l’état français, n’avait pas à tenir les propos qu’il a tenus. Pourquoi prendre sa défense en répondant à sa place ? De toute façon, ce qu’on appelle « le passé colonial de la France » renvoie, pour l’essentiel, à l’exportation impérialiste de l’idéologie de la République française.
M. ERDOGAN pourrait proposer à notre SARKO international: la TURQUIE reconnaitra le génocide Arménien, le jour où la République Française reconnaitra le génocide VENDEEN.
Malheureusement ce n’est pas demain la veile
Entre 1878 et 1918, les turcs ottomans ont perdu 85 % des terres et 75 % de la population de l’empire. Les dernières années de celui-ci peuvent se résumer en une désagrégation continue : une suite de lourdes défaites militaires, entrecoupée de quelques rares victoires aboutissant, sous la pression des grandes puissances, à des armistices défavorables.
Cette période de guerres ininterrompues, qui a coûté la vie de dizaines de milliers d’hommes, a été vécue comme l’époque du déshonneur et de toutes sortes d’humiliations.
Les dirigeants ottomans ont, en fait, liquidé sur le dos des Arméniens des comptes qu’ils ne pouvaient régler ailleurs. Cela explique l’insistance avec laquelle on veut présenter la République comme une renaissance, ou encore comme un absolu commencement.
La relation entre la fondation de la République et les massacres a contribué à transformer le génocide arménien en tabou. Tabou comme 1793 et le génocide Vendéen.
Il y a bien relation entre le massacre des Arméniens et la – future – fondation de la république turque (7 ans plus tard), car ce sont les Jeunes Turcs qui les ont organisés. Nous sommes toutefois, encore, dans le cadre de l’Empire ottoman, même si le Sultan n’y a plus grande autorité.
C’est bien parce que, tout au long du XIXème siècle et au début du XXème, l’empire ottoman s’était considérablement affaibli et a été, pratiquement, chassé de ses territoires européens, qu’un historien comme Jacques BAINVILLE ne le considère plus comme un adversaire dangereux pour l’Europe et n’est pas favorable à son démantèlement, au sortir de la Grande Guerre, pour ce qui est des territoires qu’il conservait, y compris Istamboul.
La France n’a pas de différent politique important avec la Turquie moderne. Simplement, nous ne voulons pas de son entrée dans l’Europe, pour la raison unique et suffisante que la Turquie n’est pas européenne.