Il a suffi que Nicolas Sarkozy, lors de ses voeux à la Nation, lance sa petite phrase sur une « politique de civilisation » pour que, pendant près d’une semaine, une part non négligeable des commentaires se focalisent là-dessus; que ce soit pour l’approuver ou pour le critiquer.
Ce n’est certes pas nous qui pourrions être choqués ou inquiétés par ces propos. Nous avons écrit ici même, il y a peu, et à propos du Château de Versailles, que pour nous la Politique ne se limitait pas à une technique, à une forme de gouvernement, mais devait bien plutôt se fixer comme but d’élever la société tout entière: « …car pourquoi nous battons-nous? Pour une « technique », une « forme » de gouvernement? Ou -ce qui est bien sûr le cas- pour que la société s’épanouisse dans une authentique Civilisation brillante et raffinée?… »
C’en serait presque à se demander si le Président ou ses conseillers lisent « lafautearousseau »! Plus sérieusement, reconnaissons modestement que le hasard nous a servi en nous permettant, à propos de l’exposition remarquable « Quand Versailles était meublé d’argent », de réfléchir avec nos lecteurs sur la finalité de l’action politique des gouvernements. Et cela les 13 et 14 décembre, juste avant que les propos présidentiels ne viennent braquer les feux de l’actualité sur ce thème précis…..
Interrogé par France Info, le jeudi 3 Janvier, Henri Guaino a du reste repris et développé cette idée: à une journaliste plutôt hostile, et parfois même arrogante, il a redit que « la politique s’était concentré sur la technique, la gestion… » (et qu’elle devait) « se re-fixer des buts élevés… ». Il faisait allusion, évidemment, aux deux mandats de Jacques Chirac, comme l’avait fait peu de temps auparavant Alain Finkielkraut sur FR3. Patrick Devedjian, pour sa part, a complété l’explication de texte en insistant sur le fait que cette politique souhaitée par Nicolas Sarkozy devrait « s’inscrire dans la durée ». Là non plus, rien qui puisse nous choquer ou nous inquiéter, bien au contraire: on sait que la durée est l’un des principaux avantages de la Royauté, qui permet d’envisager les choses sous l’angle du « temps long » (un peu comme dans l’Église Catholique…)
En fait, à quoi tout cela se ramène-t-il? A fort peu de choses en réalité, mais ce fort peu de choses est, pour le camp d’en face, un séisme politique. Ce « message de foi dans la vie et dans l’avenir » proclamé dans la foulée du voyage au Vatican (fort mal vécu, « en face »…). Cette idée selon laquelle « notre vieux monde a besoin d’une nouvelle Renaissance », et que la France doit être l’élément moteur de cette Renaissance. Et donc ce propos: « j’ai la conviction que, dans l’époque où nous sommes nous avons besoin de ce que j’appelle une politique de civilisation »: voilà trois phrases qui, selon nous, sont somme toute normales dans la bouche d’un Chef d’État. Mais c’en est trop, et trop d’un coup, pour les laïcards d’en face, habitués aux discours de « gardien du Temple » de Chirac!
Ainsi s’expliquent ces propos ampoulés, excessifs et donc insignifiants d’un Benoit Hamon (« Nicolas Sarkozy ce n’est pas la France »). D’un Montebourg (qui pense -on ne voit pas trop le rapport, mais bon….- que ce sera « une intégration au bloc anglo-saxon« ). D’un Vincent Peillon (« Cela me laisse perplexe parce que je n’ai pas compris de quoi il s’agissait »!…). Et de plusieurs autres, qui permettraient sans aucun doute de confectionner un sacré bêtisier….
En ce qui nous concerne, et pour conclure, nous nous garderons de tout enthousiasme excessif et prématuré. Et nous attendrons évidemment que des actes suivent. Mais nous ne voyons pas au nom de quoi il serait interdit de se réjouir d’entendre, ou de ré-entendre, des propos somme toute positifs. Et dont il est bon, en soi, qu’ils aient été prononcés. Car si, bien sûr, elles ne suffisent pas sans les actes qui doivent les accompagner, les paroles à ce niveau-là sont aussi, d’une certaine façon, une forme d’action…..
Noël Stassinet sur On attend une vigoureuse réaction du…
“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”